Très agréable dîner avec Anthony, le futur-ex correspondant de LPV au Chili. En partance le lendemain matin pour... Bangalore en Inde, nous avons amicalement fait connaissance au cours d'une délicieuse soirée samedi soir à la maison. Quelques vins intéressants ouverts en son honneur:
Larcis-Ducasse 1989 - Saint-Emilion (ouvert 3h auparavant - non décanté)
Robe rubis avec quelques reflets orangés. Dominante animale - foxée - au nez avec des arômes épicés et du mocha. Belle attaque initiale sur le fruit. Alors que des tannins encore marqués tapissent le palais, la texture générale manque cependant d'un peu de corps. Agréable finale de longueur moyenne qui conserve encore de la fraîcheur. Une bouteille qui mériterait certainement encore quelques années de cave pour finir de s'arrondir. 85/100. A noter qu'à l'époque (en 1991), Parker avait "descendu" ce vin en lui attribuant une note de 79..! Vraiment bien sévère car cette bouteille tient tout à fait son rang à table avec un délicieux rôti de veau.
Château Margaux 1987 (ouvert 3h auparavant - non décanté)
Toute chose ayant une fin, voici donc la dernière bouteille de mon stock initial de 12 qu'on ouvre ce soir (Ah.. l'heureux temps où l'on pouvait encore acheter un 1GCC pour environ 200 Francs français!). Versée à l'aveugle, je m'amuse toujours (intérieurement) de la réaction de mes convives... et en effet, ce vin en trompe plus d'un! La robe est encore sombre, plus profonde de celle de Larcis-Ducasse 89. Le nez est très ouvert, bien qu'encore marqué par le bois, et exhale des arômes vanillés, de cuir et de fruit rouge. Petit rappel d'amande amère à l'aération. La structure est fine, soyeuse, et seule une légère verdeur des tannins trahit un millésime de petite réputation. La finale, sans être monumentale, se déroule harmonieusement et sans faux-pas. Mes invités se grattent la tête - on penche pour un vin de la Rive Gauche.. Bravo! Certains, sur la pointe des pieds osent un millésime.. 1995..? Stupéfaction! C'est Margaux 87! Eh ben dis-donc.. totalement bluffé! Ce Margaux 87 est un vin généreux qui se donne entièrement et très vite. En effet, en fin de repas, le fond de verre se déglingue. Le nez vire sur de curieuses notes mycosées alors que les tannins s'assèchent quelque peu, faisant ressortir une acidité que ne contrebalance plus le fruit initial. Je pense qu'il est temps aujourd'hui de terminer ces bouteilles si on ne souhaite pas risquer de désagréables surprises d'ici quelques années. 87/100
Pichon-Lalande 1983 (ouvert 3h auparavant - non décanté)
En voilà un dont je ne me lasse pas. Robe rubis, lumineuse et rayonnante. Nez complexe dont la gamme s'étend depuis des fruits bien mûrs (pruneau, raisins secs) à la boite de cigare, en passant par le bois de cèdre, le cacao et même un soupçon de lavande (?). Magnifique rondeur en bouche, dense et encore fruitée, mais restant toujours élégante et vive - légère sensation de poivre vert au palais. Finale ronde sur une belle concentration de fruit. Semble actuellement être dans sa fenêtre d'apogée. 90/100.
Goûté le lendemain soir, le fond de la bouteille a mal évolué, très oxydé et déséquilibré avec une bouche alcooleuse et maintenant peu agréable.
Rieussec 1999
Ma première bouteille de Rieussec que je déguste dans ce millésime (de réputation assez moyenne pour les liquoreux, il est vrai). La robe est d'un jaune relativement pâle. Nez subtil d'agrumes (pamplemousse), abricot et cannelle. Petite pointe de jasmin. Bel équilibre en bouche avec une remarquable attaque douce, s'ouvrant progressivement sur un fruit d'une grande fraîcheur. Notes botrytisées et bonne acidité finale. La longueur n'est pas extraordinaire, mais elle est bien soutenue par une matière de base de qualité. Ce Rieussec va nous permettre de faire patienter en cave nos 97, et va se boire avec beaucoup de plaisir ces 10 - 15 prochaines années. 89/100
Bon vent, Anthony, et n'oublie pas de revenir jeter l'ancre chez "Winemega" lors de ton prochain passage!
Alain
Auteur du sujet