JMP,
J'aime bien quand vous me titillez...(bbb)
Je n'ai pas eu le temps de répondre hier, mais ce n'était que partie remise.
Je reprends les paroles de Roumier : "je suis classique car mes modèles le sont et je me reconnais, c'est sûr, dans ceux qui veulent révéler un terroir plutôt qu'une technique de vinification".
Je ne peux m'empêcher de penser que cette phrase est un peu simpliste ou du moins qu'elle n'est plus adaptée à l'état d'esprit qui anime actuellement ceux que l'on qualifie de "modernes". Les extraits de la revue Bourgogne Aujourd'hui que vous nous avez donnés à lire le démontrent clairement. Comme je l'ai déjà dit, les vins de Charlopin, malgré leur côté mûr, extrait (mais pas trop) et boisé (pas trop non plus il me semble, en tout cas en appellation villages), reflètent à mon avis très bien leur origine, même dans leur prime jeunesse. Je pense (mais c'est à vérifier) qu'une fois leur élevage digéré, ce caractère ressortira davantage encore. Je ne peux m'empêcher de penser que pour certains (je ne parle pas de Roumier dont je ne connais pas les vins), le terroir a aussi parfois servi d'alibi pour justifier le manque de maturité de leur production (je reprends l'exemple bordelais de certains Margaux fluets et immatures justifiés par la "finesse" légendaire apportée par ce terroir qui donne les vins les plus féminins du Médoc).
"Par ailleurs, permettez-moi d'émettre une hypothèse sur les vins modernes : à partir du moment où ceux-ci intrinsèquement disposent de tels atouts immédiats pour sortir du lot dans les dégustations reproduites ensuite dans les revues ou les guides, n'est-il pas normal de les voir plébiscités par les amateurs rebutés par cette complexité géographique et humaine"
Je trouve également très simpliste de dire que les "modernes" sont bien notés par les critiques uniquement parce qu'ils disposent de plus d'atouts immédiats. Et si certains d'entre eux disposaient de plus d'atouts tout court... ? Je ne pense pas que l'on puisse classer Michel Bettane parmi les ignares (dans mon genre) en ce qui concerne la culture, l'histoire, les terroirs et les vins de Bourgogne, et je ne pense pas qu'il soit "rebuté par cette complexité géographique et humaine". J'ose donc supposer qu'il a les capacités de passer outre le "maquillage" de ces fameux vins modernes et de déceler leur potentiel au vieillissement, en particulier leur potentiel à révéler les caractéristiques de leurs terroirs respectifs. Or, beaucoup de ces domaines dits "modernes" sont très bien classés dans le guide B&D…
De plus, tous les styles de vinification sont reconnaissables, qu'ils soient modernes ou classiques. Le vigneron qui vinifie de telle sorte que l'extraction soit douce, l'élevage très discret,… fait des choix de vinification et d'élevage qui sont tout aussi reconnaissables que celui qui choisit d'autres techniques. Je me refuse à émettre un jugement de valeur sur telle ou telle technique, tout est question de goût personnel et il en faut pour tout le monde. L'amateur de vins "classiques" ira donc tout naturellement vers les vignerons adoptant ce style, raison pour laquelle le choix du domaine est aussi important pour lui que pour l'amateur de vins "modernes". En faisant cette distinction classique/moderne, j'ai plutôt l'impression que vous apportez de l'eau à mon moulin…
"je voulais insister sur le fait que vous ne vous sentez ni vigneron, ni autochtone, ni amoureux du vignoble bourguignon !
Alors près de 300 bouteilles en cave de cette région ai-je lu plus avant !
Et que vous n'aimez pas les pinots noirs d'ailleurs !
Le terroir n'est-il pas le critère de sélection, donc ?"
J'aime beaucoup les bons vins de Bourgogne, comme j'aime les bons vins de toutes les régions viticoles, je ne me considère donc effectivement pas comme un amoureux du vignoble bourguignon dans le sens où je ne considère pas que cette région est supérieure à d'autres en terme de qualité moyenne.
Mes expériences avec les pinots noirs non Bourguignons, assez rares tout de même, se sont effectivement révélées décevantes jusqu'à présent (à l'exception de l'Alsace, avec le pinot noir du Clos Saint Landelin et surtout le Burlenberg VV de Deiss). Le terroir est donc bien un critère important, mais il n'est pas LE critère unique qui guide mes choix en terme d'achats.
Cordialement,
Luc