Domaine Sylvie Esmonin, les 2021
Traditionnelle photo du clos. Nous sommes le 26 octobre, il fait chaud et d'en bas nous ne pouvons pas imaginer ce qui c'est passé en juin dernier avec le terrible orage qui a inondé Gevrey-Chambertin.
Des journées de travail furent nécessaires pour remettre en état du mieux possible ce Clos St Jacques, épicentre de l'orage dévastateur.
Un volume d'eau impossible à quantifier sur un dénivelé qui a amplifié le phénomène torrentiel.
Après une année 2021 très compliquée, 2022 ne fut pas de tout repos sur ce village.
Voyons d'ailleurs ce que donne ce millésime 2021 en descendant en cave.
Bonne nouvelle, cette année ils ont dû "gerber en 2" comme nous pouvons le voir sur la photo.
Il s'agit bien entendu des fûts de 2022 avec des rendements qui vont d'environ 30hl pour le Clos à 45hl pour le Bourgogne.
En 2021 les rendements tournaient entre 10 et 15hl, sans parler de la parcelle de chardonnay sur Meursault qui avait donné un rendement historiquement faible.
La vigneronne nous rassure tout de suite. Elle qui était très pessimiste en fin d'année dernière trouve que ce millésime offre finalement des vins d'un profil différent mais pas inintéressants.
Nous allons pouvoir le vérifier dès le début.
Bourgogne:
Une cuvée qui n'est pas toujours simple à goûter jeune.
L'élevage marque généralement le vin mais ce n'est pas le cas cette année.
C'est frais avec une belle expression de griottes, ça pinote comme on aime sur une cuvée générique.
Aucune trace de sous maturité, vous me direz qu'il n'y a rien d'étonnant tant elle est réputée pour chercher de belles maturités pour ses raisins.
Sylvie Esmonin estime que c'est le mois de septembre qui a sauvé le millésime en permettant de rentrer des raisins mûrs.
Gevrey-Chambertin VV:
Je ne commente pas le Gevrey car il était marqué par une forte réduction qui ne facilitait pas l'appréciation.
Le vieilles vignes est par contre plus "approchable" avec une typicité de son terroir assez forte.
Bien entendu je ne suis pas à l'aveugle mais il y a ce mélange d'arômes terreux et de cerises noires qui m'évoquent tout de suite des Gevrey bien nés.
Une belle longueur avec une acidité plus marquée qu'habituellement.
Attention, je n'ai pas dit que c'était un 2008, il faudra voir comment ça évolue mais il y a pour l'instant un regain de fraicheur qui n'est pas excessif.
Clos St Jacques:
La bonne surprise ! Mais à ce stade de la dégustation ce n'en est plus vraiment une car nous sommes déjà rassuré sur le potentiel de 2021 dans ce domaine.
Un nez moins expressif que le VV mais une qualité de bouche remarquable. C'est ample et tonique avec une très belle finale tout en longueur.
Une cuvée qui sera malheureusement rare.
A ce propos, la vigneronne nous indique que la distribution de ce millésime sera bien compliquée tant les volumes sont faibles et la demande grandissante.
Deux amateurs qui se sont joints à nous pour cette dégustation ne diront pas le contraire, eux qui auraient tant voulu devenir client du domaine.
Ce ne sera bien entendu pas possible pour eux puis elle précise que globalement nous ne pourrons acheter que le tiers du nombre de bouteilles que l'on prenait avant.
Je crois que je me contenterai de 3 ou 4 bouteilles ( Bourgogne, Gevrey VV, CSJ et Volnay s'il y en a) pour garder une trace de ce millésime atypique et voir comment il va évoluer même si nous aurions tendance à penser qu'il ne sera pas forcément à oublier au fond de la cave. Un millésime de restaurateurs en quelque sorte.
3 autres bouteilles sont ouvertes:
Gevrey-Chambertin VV 2018:
Ce n'est plus la même musique, un vin puissant, un peu sudiste dans le sens où ça chauffe un peu le palais.
Une masse tannique imposante qui confirme que ses 2018 ne seront pas à ouvrir trop vite.
Il est urgent d'attendre !
Clos St Jacques 2017:
A l'aveugle dans un premier temps.
Un vin plus évolué que le précédent, un peu moins de structure.
Les tannins sont fondus, il y a une jolie complexité aromatique mais pour Gaétan comme pour moi il doit s'agir d'un Gevrey VV un peu évolué.
Cette dégustation ne fait que renforcer l'idée que je me fais de 2017.
Un millésime plaisant mais qui ne sera jamais grand et qui a tendance à lisser le niveau des appellations.
Par contre, c'est clairement un très bon millésime pour les restaurateurs et les consommateurs ne possédant pas beaucoup de place pour le vieillissement de leurs vins.
Clos St Jacques 2019:
On prend une énorme claque comme souvent sur la dernière bouteille de la dégustation.
A l'aveugle bien que se doutant qu'il s'agit d'un clos.
Le nez est incroyablement expressif sur un panier de fruits, griottes, framboises, groseilles, mûres, tout ce qui peut nous passer par la tête se trouve dans ce verre !
Une perception minérale comme on peut la trouver sur les coteaux de Vosne ou dans les Ruchottes à Gevrey avec des épices qui feraient penser au Clos Vougeot.
Si nous n'étions pas dans ce domaine, je crois que ce verre nous aurait fait voyager.
La bouche est magnifique, d'une puissance contenue qui se déploie dans le palais jusqu'au final en feu d'artifices.
La magie du pinot quand il parvient à allier la force et l'élégance, on touche là à ce qui se fait de mieux dans la région.
Nous sortons rassurés concernant la qualité des 2021 mais il faut garder à l'esprit que ça ne sera pas forcément un millésime de garde.
Des bouteilles qui seront probablement à ouvrir avant les millésimes solaires précédents.
Nous sommes dans l'esprit des 2017 avec peut-être un petit peu plus d'acidité.
Nous avons également la confirmation que 2019 sera un grand millésime, n'ayant pour l'instant aucun défaut en pinot.