Le retour en terre promise ? En tout cas, il semblerait que ce soit le prétexte idéal pour passer une bonne soirée et faire revenir un de nos membres très occupé par son boulot et sa famille. En parlant de famille, JD profite des vacances scolaires et nous avons un examen surprise de sa femme. Elle peut être rassuré, ce sont toujours les mêmes énergumènes qui officient et toujours aucune Gauloise à l'horizon (sauf pour certains fumeurs). 

Vin 1 : Alain Voge, Saint Peray, Les Bulles d'Alain 2017
 
Une première bulle faite pour être un rince-bouche et commencer la soirée en douceur.
Le nez présente de légers arômes miellés, de la fleur d'acacia et un léger bois qui marque un léger élevage.
En bouche, on a affaire à une bulle fine, sur une attaque miellée et des fruits jaunes. On ressent une chaleurosité avec un léger manque de tension. La finale présente un petit oxydatif et une sensation de fraîcheur ainsi qu'une salivation générale. La longueur est bonne. 
Une mise en bouche sympa mais pas grand et clairement on ressent les limites des cépages avec cette tension un peu absente. Une bulle qui appelle la table et un prix un poil élevé pour ce qu'il y a dans le verre. 

Vin 2 : Domaine Valette, Mâcon Chaintré, 2017
 
Le nez fait très nature, presque chardonnay du jura avec de la pomme verte, un beau citron jaune bien frais, de la peau d'orange, une légère allumette et ce mélange fermentaire que je retrouve assez souvent en nature. Impossible à placer dans tous les cas.
La bouche présente une attaque vive sur une belle acidité qui devient confortable ensuite avec une rondeur certaine et la présence de fruits jaunes. Le milieu de bouche perd cette acidité qui revient ensuite. La longueur est très bonne avec une finale sapide sur le citron confit. 
Clairement le nez faisait plus nature que la bouche qui elle présentait certains arômes de chardonnay en Bourgogne sud. Un joli vin parfait pour commencer.

Vin 3 : Domaine Eric Forest, Pouilly Fuissé, Les Crays, 2019
 
Le nez est joli et classique sur le chardonnay bien élevé avec un mélange d'allumette, de caramel, un beau fruit à l'aération sur les agrumes frais et les fleurs blanches. Une belle complexité générale sur un vin jeune avec une belle expression et une sensation d'un vin délicat. 
La bouche est superbe avec un côté caramel bien présent en attaque qui soulève la jeunesse du vin. Le réchauffement et l'aération réduit cette sensation d'élevage pour donner place à un fruit pur sur le citron. Finale sur le caramel et une grosse longueur. Au final, un vin tout en élégance que j'ai beaucoup apprécié même si on pourrait lui trouver un léger manque de tension. Je ne connaissais pas le producteur, une belle première rencontre.

Vin 4 : Domaine Pierre Yves Colin Morey, Saint Aubin, Le Banc, 2018
 
Le nez est directement joli, élégant et fin sur un mélange d’aubépine, d'autres fleurs blanches, un joli agrume, de la pierre à fusil et de l'allumette ainsi qu'un léger herbacé qui donne encore plus de complexité. Miam.
La bouche est aussi avenante large et gourmande avec majoritairement de la tension sur le citron. La finale présente un léger grillé et une longueur moyenne (compensée par la matière large et la gourmandise).
Chaque rencontre avec ce producteur me ravie grâce à ce côté facile et gourmand.

Vin 5 : Domaine Jean Claude Bachelet, Saint Aubin 1er cru, Le Chamois, 2017
 
Le nez présente une belle complexité sur un mélange de citron frais et d'eucalyptus/chlorophylle. Sympa et une sensation que le vin commence sa phase d'apogée.
La bouche est acidulée en attaque associée à une rondeur en milieu de bouche et revenant ensuite sur des arômes d'agrumes frais. L'ensemble est harmonieux, sur un fruit assez pur et une sensation de précision avec une belle longueur. 
Un vin très bien fait, abordable dès maintenant mais sans le grain de folie/spécificités retrouvé sur les trois vins précédents (chacun dans un style différent). Le gendre parfait.

Vin 6 : Domaine Pierre Boisson, Meursault, 2012
 
Dès que le vin est servi dans les verres et aux premiers snifs, je suis conquis. On a un nez qui a tout (j'ai noté "put*in de nez") sur le citron frais, des fleurs blanches, de l'allumette, du caramel le tout dans une symphonie trop rare. C'est super joli encore jeune mais tellement vivant.
En bouche, l'équilibre général me transporte encore une fois avec une belle acidité dès l'attaque qui donne du peps au vin sur ces agrumes et fleurs blanches. C'est magistral avec une longueur et une finale sapide et encore une fois florale.
Un vin qui m'a conquis avec ce petit quelque chose que je n'arrive pas à décrire. Le type de vin qui remet les pendules à l'heure. 

Vin 7 : Domaine Buisson Charles, Meursault 1er cru, Les Cras, 2011

Le nez fait évolué sur la pomme rôtie, des fruits exotiques et du miel. Sympa mais pas non plus grand. 
La bouche présente un peu de miel, une longueur moyenne et une finale sur l’allumette. 
Clairement une bouteille qui a entamée sa fin de vie : premox ?

Vin 8 : Domaine Guffens Heynens, Mâcon Pierreclos, 1er tri de Chavigne, 2007
 
Le nez est sur le beurre rance, la noisette et des notes lactées. C'est difficile. 
La bouche présente une attaque avec de l'acidité de la rondeur mais pas beaucoup d'arômes. Longueur moyenne. 
Surprise à la levée de l'étiquette, pour avoir bu ce vin à plusieurs reprises, cette bouteille n'est pas représentative.

Vin 9 : Raphaëlle Guyot, Vin de Pays de l'Yonne, Les Robinettes, 2020
 
L'organisateur nous annonce un rosé pour faire la transition, quelle surprise de voir un vin profond servi... 
Le nez est intense sur les fruits noirs, une légère ronce, un côté l'acte comme un cheesecake à la fraise et ensuite la fraise domine le tout. J'aime beaucoup même si je ne place pas ce vin en Bourgogne. 
La bouche est une petite gourmandise avec un beau fruit dès l'attaque, la fraise est bien présente, le milieu de bouche à une petite acidité avec une légère ronce (vendange entière ?) et la finale présente une légère chaleur. La longueur est bonne.
Un beau vin, jeune, presque sudiste par rapport à l'attendu. Ça a un côté gourmand d'une diablesse redoutable. Découverte de cette productrice, si j'en croise chez les cavistes à prix raisonnable j'achète. 

Vin 10 : Domaine Rebourgeon Muré, Bourgogne, La Maison Dieu, 2020
 
Le nez ne m'emballe clairement pas et me fait penser à certains pinots pas assez mûrs avec un mélange de mercurochrome et de vernis avec de la cerise noire. 
La bouche présente un beau fruité en attaque, de la cerise noire mais dès le milieu de bouche les tannins saillants apparaissent jusqu'à une finale asséchante portée par une longueur moyenne. 
Un vin pas facile surtout après la gourmandise du précédent. 

Vin 11 : Domaine Grivot, Vosne Romanée, 2017
 
Le nez présente au départ un léger côté animal, du fruit noir, de la ronce, du bourgeon de cassis et de la rose. Un nez de pinot assez classique. 
La bouche présente une belle fraîcheur en attaque, sur ce noyau de cerise et la rose. L'ensemble est tout en finesse et délicat avec des tannins fins et présente un bel équilibre et une longueur de 20 secondes. 
Un pinot tout à fait recommandable mais pas de magie par rapport à d'autres bouteilles bues chez ce producteur. Un peu déçu car j'ai bu des Bourgogne génériques de Grivot plus fringant et que sur cette bouteille, je ne retrouve pas la profondeur que j'attends d'un Vosne. 

Vin 12 : Domaine Robert Chevillon, Nuits Saint Georges, Vieilles Vignes, 2017
 
Le nez est charmeur sur de beaux fruits rouges mûrs, de belles notes florales, du poivre et d'autres épices. Une belle profondeur et complexité où tout semble en place. 
La bouche possède une belle matière sur le fruit rouge. Aucun creux en milieu de bouche hormis ce fruit traçant. La finale présente des petites épices et une longueur honorable (20 secondes). 
Un beau pinot classique et approchable. 

Vin 13 : Domaine Perrot Minot, Morey Saint Denis, La Rue de Vergy, 2018
 
Le nez est superbe, m’envoûte même sur les fruits noirs intenses, des épices, de la mûre et une sensation de parfum évanescent qui lui donne tout son charme. Juste superbe entre profondeur et élégance. 
La bouche est sur le fruit noirs, comme un jus de mûre et de cerise avec une attaque toute en largeur présentant une superbe matière qui reste de longues secondes et ensuite apporte une finale tout aussi fruitée mais avec des tannins d'une finesse. Le touché est impressionnant avec une longueur importante (30+ secondes). 
Juste superbe, un vrai coup de cœur. 

Vin 14 : Domaine Fourrier, Chambolle Musigny 1er cru, Les Gruenchers, VV, 2013
 
Le nez est encore une fois joli sur de la cerise, de la rose, un très léger sous-bois qui montre que quelques années ont passé. Encore une fois, un nez fin. 
En bouche on a aussi affaire à un très beau vin avec une matière en demi corps laissant le fruit présent mais tout en finesse. La longueur est moyenne mais compense par cette sensation de finesse général et d'équilibre. À parfaite maturité selon mes goûts. 
Ne buvant pas assez de Chambolle, j'ai beaucoup apprécié mais je ne sais pas si la finesse est liée au vinificateur, à l'appellation ou au millésime. Une belle rencontre néanmoins. 

Vin 15 : Domaine Perrot Minot, Gevrey Chambertin, 2000
 
Bouteille ouverte au débotté, ça traînait dans une voiture, faut pas dire, ils sont prêts les Gaulois. 
Le nez fait clairement (trop ?) évolué sur le vieux champignon, le roquefort associé aux fruits noirs et un léger tabac. Peu de plaisir au nez pour moi. 
La bouche rattrape le tout avec une attaque présentant une belle acidité, du fruit noirs et un léger humus en finale. La longueur est moyenne. 
Au final, un vin clairement sur le déclin mais pas désagréable en bouche. Une autre époque pour le domaine et un potentiel manque de préparation. 

Vin 16 : Domaine Geantet Pantiot, Charmes Chambertin, 2002
 
Le nez est tellement poussiéreux que la perspective du bouchon plane. En cherchant on a du fruit noir et du cuir et puis pas grand chose de plus. 
La bouche présente une astringence tellement marquée qu'aucun plaisir n'est possible. 
Grosse déception à la levée de la chaussette. Sûrement un problème de bouteille. C'est chiant quand ça arrive sur ce type de vins. 

Vin 17 : Château Sigalas Rabaud, Sauternes, 2000
 
Encore une fois la générosité des membres ne fait aucun doute. Alors que nous n'avions aucun sucre, les commandes communes font que plusieurs de ces bouteilles sont dans un coffre. Ni une, ni deux, la bouteille est ouverte et servie (non à l'aveugle).
Le nez présente de la clémentine, un peu de rôti. C'est sympa mais encore d'une extrême jeunesse.
La bouche à une bonne acidité qui tend le tout sur ce rôti et même un petit abricot. Bonne longueur. 
Un petit sucre parfait avant de se dire au revoir. 

Une soirée qu'on pourrait qualifier de mi-figue, mi-raisin tant certaines bouteilles étaient belles et marquantes (le meursault de pierre boisson et le Perrot minot par exemple). Le niveau global était bon mais sur les bouteilles avec le plus de potentiel, la déception est lourde (Buisson Charles, Guffens, Geantet Pantiot). De là à faire une généralité et dire que la Bourgogne ne vieillit pas bien, je n'irai pas jusque là. Mais dieu que c'est compliqué le vin (et la Bourgogne d'autant plus). Bonne dégustation, 
Matthias

Plus de chance que nous Matthias pour le Mâcon-Chaintré 2017 qui était gazeux. 
Stéphane