Bonjour,
Il paraît que les femmes se font toujours attendre...
Comme je suis née femme, et qu'en plus, je suis devenue femme! pour le coup, je suis... PARFAITE
ment femme!
Le Chardonnay 2005 livre des senteurs lactiques, d’abord légèrement miellées puis en progression vers le bourgeon à fruits. Odeurs florales non expansives, plutôt sur la retenue, mais entrant en extraversion progressivement pour faire naître l’agrume. La bouche s’embellit alors de l’efflorescence végétale et hespéridée, semble battue par un ressort minéral et une acidité bienveillante. La noisette fait son apparition…
Les Bruyères 2005 se distingue par une minéralité hors norme ! Le nez est incisif, développe un fumé. La bouche est dense, ample et de bonne acidité également. Elle se pare de notes de thym, d’humus, de mousse végétale, sans être en reste sur les fruits, en particulier le pamplemousse.
Les Graviers 2005 n’hésite pas quant à lui à sortir des coulisses la noisette et plus particulièrement l’amande grillée. Tant au nez qu’en bouche. Le fruit sec accorde finesse, minéralité et trame acide des plus plaisantes, parle à la cantonade à d’autres noyaux, bien plus sur la réserve donc, comme le noyau de pêche, peut-être.
La Mailloche 2005 nous invite à respirer le sarment grillé et les herbes aromatiques. La bouche apporte l’animalité assez étonnante d’un jambon fumé travaillant le contrepoint des saveurs anisées de la badiane, pour en rendre une harmonie gustative originale et des plus intéressantes, en résonance avec un caramel brûlé. (Notes de réduction ?)
Le Clos de la Tour de Curon 2005 ne permet plus de retrouver véritablement l’identité du chardonnay telle que la définissent les vins de Tissot. Parce qu’il se vêt de notes épicées pouvant être associées au boisé… et rien n’interdit de penser au santal ou à la sève. Parce qu’il n’émet aucun caractère miellé et fumé, tel qu’apparu jusque maintenant. Il inspire plutôt la pomme, les fruits blancs. La bouche se veut tranchante, minérale, dominée par une acidité qu’emprunte l’arôme du citron confit (au vinaigre), mais elle trouve sa fraîcheur dans l’expression de la pomme granny smith.
Les Bruyères 1999. La robe présente beaucoup de gras dans la coulée, et le nez se veut sucré, mielleux, peut-être le miel d’acacia, par ses senteurs florales assez soutenues.
La bouche déplaît à l’ensemble de la table, pourtant elle me convient. Disons que l’oxydatif amorcé par ce chardonnay certainement en réduction, me paraît être faussement oxydatif, plutôt minéral, présentant des amers doux et intéressants. La fin de bouche est certes abrupte, raide (j’amuse mes voisins en parlant de « raideur salvatrice »), mais j’imagine assez qu’elle peut être dynamisée par un mets. Je concède que ma passion des vins non ouillés peut m’amener à apprécier les « notes parasites », ressenties par Oliv et P’titPhilou…
Cuvée du Jubilé, 1983 Un nez vif, marin, qui répand les effluves de l’algue que la bouche confirme par le iodé de la coquille d’huître. Vin original par cette présentation minérale, endommagé par le goût de la pomme blette ou plus globalement du fruit pourri. Odeurs de poussière également, de garrigue un peu (j’ai pensé au vin de Palette). La finale reste toutefois intéressante.
Poulsard, 2005. Un nez assez peu expansif, mais à l’aération il s’investit progressivement de la cerise amère (griotte ou airelle), pour une minéralité que signale le fumé, des notes herbacées du végétal vert, comme l’humus, la mousse, mais les arômes, qui déterminent assez nettement la bouche, sont les épices et les herbes aromatiques. Les tannins corsètent le vin, pour une finale sur des retours amers.
Dans
le Trousseau Singulier 2005, des empreintes olfactives de notes grillées (noisette caramélisée) et d’épices, comme le poivre, impriment une bouche de facture plus marquée par l’acidité et la minéralité. Reprise de fruits frais, noirs (sureau) et épices comme le cumin, la baie rose ou le poivre de Setchouan.
Un vin qui me plaît beaucoup.
En barberon 2005 se pare d’une robe rubis, (tourmaline, pour faire ma maligne… parce que finalement assez peu rubis…). Le nez se dote d’un réglissé mentholé, et comme on le boit ; se déroule une lanière de zan, et s’apprécient d’autres confiseries comme le bonbon à la violette. Douceur de la confiture de rose en contraposée de tannins incisifs et d’une finale explosive mais bienveillante.
Le Traminer 2006 se dévoile aisément par le nez sur les amandes, amandes sucrées et pâte d’amande, sur les fruits exotiques… mandarine ou kumquat ! La bouche s’imprègne d’agrumes, de litchi, de rose et d’ananas également. Difficile de ne pas l’associer à son homologue alsacien.
Le Savagnin 2004 est une vraie gourmandise… de notes oxydatives dont la griffe olfactive dessine l’image de la lampe à brûler, développe les traditionnelles notes de noisette, de noix fraîche, mais aussi de curcuma avec (je m’engage) des saveurs alliacées… que la bouche reprend d’ailleurs. Plante bulbeuse assez caractéristique par des saveurs d’ail confit. La finale est longue, tendue en bonne expression de la minéralité.
Arbois, Vin Jaune, 2000. Le nez répand des odeurs du brou de noix, de curry et de moutarde, de marron et de feuilles automnales séchées. La bouche est nette, vive, expansive : si elle reprend les flaveurs du nez pour l’essentiel, elle les complète pour plus de finesse : marrons glacés, thym, origan, le fruité des agrumes mais confits… et aussi herbes fraîches pour contredire quelque peu. Magnifique expression de vin jaune.
Arbois, Vin Jaune, cuvée 111, 1997. Déclinaison olfactive autour des épices (cumin, clou de girofle), de l’écorce, (la sève) et du miel. La minéralité exprime sa présence par le graphite et la mine de crayon. La bouche est mellifluente et grasse (miel très sirupeux, gelée royale), se veut dense, et poursuit les registres forestiers vers le champignon frais. Le nez semble plus en retenue que le précédent, moins prodigue, plus élégant.
Débute le repas :
Trilogie de mises en bouche…(Je suis poursuivie…)
Tartare aux deux saumons et crème d’œufs de cabillaud
Terrine de poisson
Velouté de légumes
L’accord avec le 111 convient à merveille. Les impressions lactées (je devine que la terrine est faite à partir de chair mixée et cuite dans la crème, tout comme j’imagine que le velouté ait pu être rallongé) se combinent évidemment bien avec les notes levuriennes du vin. Les chairs des poissons sont au plus simple de leur expression grâce à la préparation et donc en accordance également… avec la puissance minérale du 111… J’ai retrouvé grâce au velouté les impressions alliacées du savagnin pourtant absentes en dégustation seule de cette cuvée.
Un seul et même goût au point que le velouté semblait bisqué. J’ai demandé en cuisine. Ce n’était que légumes et oignons !
Le deuxième plat présente du
sandre rôti à la Saucisse de Morteau.
Je choisis Les Bruyères 99. (Suis têtue et crois vraiment que l’aération peut permettre de voir se diminuer les notes de réduction)
Une exhalaison viandée aux saveurs ombellifères (échalote) et à l’acidité rendue par le ruban d’un saucé rouge (l’équivalent d’une sauce Bercy, mais en gastrique probablement avec le fumet), une chair de poisson ferme et odorante, qui s’apparenterait au brochet. L’ensemble est donc harmonieux, peut-être en légère contradiction avec l’acidité de la sauce. De fait, le choix d’un vin rouge est des plus judicieux : j’ai imaginé que le Poulsard 2005 pouvait convenir. Je suis déçue. Double revanche, les Bruyères 99 fonctionnent à merveille ! Un vin qui s’est simplifié, pour permettre aux composantes du plat de mieux vivre, et dont la finale a mêlé ses amers à la douceur du poisson. Les arômes de réduction ont trouvé un écho favorable dans le fumé et viandé de la saucisse.
Suprême de poulet fermier au Vin Jaune
Le troisième plat (poulet fermier au vin Jaune et riz façon Poule au Pot aux champignons) s’est magnifiquement orchestré par la partition grasseyante, emplie de notes lactées, d’altérations de fragrances herbacées en dominantes harmoniques de fruits et de fleurs du chardonnay de Camille Loye, Cuvée Saint Paul 1988. Magnifique accord en mode majeur qui présente un crescendo en bouche plaisant (et au départ plutôt inattendu) des saveurs de l’agrume et du champignon pour dominer une sauce bien en terme des parfums de vin oxydatif. Surtout, le chardonnay est en accordaille parfaite avec la sauce au bouillon.
Vin de Paille 2003 : extraordinaire expression de l’amaretto qui néanmoins maintient une fraîcheur florale et herbacée (laurier-sauce). L’odeur du melon se profile doucement et timidement, mais elle est facilement débusquée quand la bouche retrouve la pâte de fruit. Souple et vivifiante, croquante de fruits confits séchés (figues, raisins de Corinthe). Belle démonstration de la palette aromatique des meilleurs passerillages. Eventuellement, torréfaction légère en finale mais, je suis la seule à le penser. (Normal, je sais ce qu’est le jus de chaussette ! – Oliv, où sont-elles ces chaussettes ?
)
Audace 2005 présente un nez sur le pruneau, décline le balsamique de la sève et de la résine, présente les empyreumatiques de la fève de cacao, du café (qu’une fois de plus je pense repérer) et
chocolat Mon Chéri Cerise au chocolat noir de Neuville !
Une bonne acidité en bouche qui justifie son équilibre, et en rend la liqueur très souple, marquée par des arômes de poire, disent Bruno et Laurent.
Spirale 2005 puise son inspiration dans une boîte de bonbons des Vosges, dans un pot de miel à l’odeur de saponaire.
La bouche tout en finesse rappelle le caramel breton au beurre salé. Autre lieu, autre confiserie : le calisson d’Aix grâce au goût du melon et d’amande. Un fruit confituré comme le coing. L’épaisseur du vin se fait oublier en raison d’une ouverture en bouche de ses saveurs qui se veut exaltante.
Je succombe à la gourmandise des petits palets au beurre ! Union parfaite et magistrale avec l’amande et les évocations de froment du vin. Les pâtes de fruit au cassis conviennent bien à la cuvée Audace, mais je me dis que si elles étaient à la violette, j’eusse emprunté le chemin nirvanique de la félicité.
Opportun 2006, parce que nous ne sommes encore que sur les voies karmiques,… endosse le parfum du coing frais, de la poire, des fleurs blanches, et sa liqueur n’est qu’infusion de verveine, camomille, fleurs séchées. Elle me rappelle également une confiture de pamplemousse rose.
Isabelle
[size=x-small]PS : à propos de confiture, n'oubliez pas... l'épice qui parfume l'ananas.... C'était?[/size]