Bientôt le Château-Chalon à 1 euro ?

L'affaire a défrayée la chronique la semaine dernière. Deux grandes surfaces des environs de Lons-le-Saunier ont mis en vente du Château-Chalon à des prix de Foirfouille : 11,20/11,50 euros ! Contre des prix normaux de 25/30 euros.
D'ordinaire, avant la Percée du vin jaune, la maison Henri Maire fait des offres à 15 euros ou à peine moins. Ca faisait grincer mais c'était une sorte de ligne jaune à ne pas dépasser.
Surprise ! Ce n'est pas Henri Maire qui écrase les prix, mais la Compagnie des grands vins de Crançot, un négociant, appartenant à un groupe Alsacien – le nom m'échappe – et qui, dans sa partie, était plutôt honorablement connu.
Cheval de bataille de la CGV : le crémant du Jura avec la marque Marcel Cabelier. La CGV achète du raisin aux vignerons, ça représenterait environ 150 hectares (environ 8% du vignoble).
LA GCV tient grosso modo ce discours : j'achète du raisin et j'en fait ce que je veux.
Les patrons des grandes surfaces disent : on me fait une offre, je ne peux pas le refuser. Cela dit, l'un d'eux à ajouté : je ne fais pas de marge, je répercute juste la TVA. Il pouvait parfaitement les vendre à 15 euros… C'est quand même bizarre.
Cette vente a eu un grand succès.
La profession a rugi, manifesté, etc. Rien n'y a fait, la CGV s'en fout (prenant soin de faire filmer ces rustres par un huissier). Les vendeurs de raisins à la CGV se sont abstenus : il leur a été tenu le discours suivant : si on vous voit manifester, on casse vos contrats. Quelques vignerons feraient bien de s'enquérir si d'autres sociétés ne sont pas à la recherche de raisins.
Pour la petite histoire, la CGV de Crançot avait un directeur technique qui s'appelait Marcel Jacquier (il est en retraite depuis peu). Dans son domaine, son Å“uvre est tout à fait respectable. On m'a soufflé ceci : la CGV ne se serait sûrement pas avisée de casser les prix du temps où il était dans la boutique.
La où l'histoire se mord la queue, c'est que Marcel Jacquier est le président de la prochaine Percée du vin Jaune (qui a lieu à Lons le Saunier).
A part ça, il a été impossible de connaître la qualité de ce vin. Les dirigeants de la CGV qui tiendront conférence de presse cette semaine, le feront sûrement goûter. Un conseil : que les journalistes présents aillent se servir directement dans les réserves. On sait parfois ce qu'il en est dans ce genre de test.

"A part ça, il a été impossible de connaître la qualité de ce vin".

Et ce serait pourtant là la clé du problème, à mon avis! S'il était possible de démontrer que ce vin, c'est vraiment de la m..., ça ferait marquer un point! Et il faudrait alors le faire savoir haut et clair! Malheureusement, les "heureux" acheteurs ne verront que l'appellation "Château Chalon" sur l'étiquette, et "l'excellente" affaire qu'ils ont faite!

Le cap de la dégustation d'agrément a pourtant été bel et bien franchi! Je serais vraiment curieux d'en goûter un échantillon!

Le nivellement par le bas...! Pas étonnant que la crise couve un peu partout!

Olif

Bonjour,

Suite de l'histoire avec cette dépèche AFP de ce mercredi 6 avril.

"Les viticulteurs du Jura ont décidé de mettre en place un comité de vigilance pour contrôler les prix du vin en magasin, en réaction à une récente opération commerciale proposant du vin jaune à prix cassés dans plusieurs supermarchés du grand est, a-t-on appris mercredi auprès de la Société de viticulture du Jura.

Dès qu'un vigneron aura connaissance de braderie proposant du vin du Jura en dessous des "prix conseillés" par les viticulteurs, il devra en avertir ses collègues qui se rendront dans les magasins pour enlever les bouteilles des rayons et iront protester auprès du fournisseur, a indiqué Alain Baud, président de la Société de viticulture du Jura.

Cette démarche est notamment valable pour les trois spécialités jurassiennes que sont le vin jaune, le vin de paille et le Macvin. Pour le vin jaune, un prix bas "conseillé" de 15 euros a été fixé par les viticulteurs.

Cette décision intervient en réaction à l'opération menée fin mars dans deux chaînes de supermarché du grand est proposant du vin jaune à 11,20 euros contre 20 à 30 euros la bouteille habituellement.

L'initiative avait suscité l'émoi de la majeure partie des 500 vignerons jurassiens, dont 250 tirent tous leurs revenus de cette activité et craignent une chute en série des prix des vins jurassiens. Ils mettent notamment en cause le "dumping" pratiqué, selon eux, par la Compagnie des Grands Vins du Jura, négociant installé à Crançot (Jura), qui a fourni l'essentiel des bouteilles vendues lors de l'offre promotionnelle et a laissé entendre que des opérations du même type pourraient se reproduire."
(fin de la dépèche)

Dès qu'un vigneron aura connaissance de braderie proposant du vin du Jura en dessous des "prix conseillés" par les viticulteurs, il devra en avertir ses collègues qui se rendront dans les magasins pour enlever les bouteilles des rayons et iront protester auprès du fournisseur

Cela risque par contre d'amener des scenes digne d'un western. Je vois deja les images de vignerons cassant les bouteilles a 11 euros 20 devant l'enseigne et la presse de se rejouir que les debordements de la crise vinicole a dorenavant passe les frontieres du Languedoc.

Le plus simple serait d'acheter une bouteille et de la faire analyser patr un labo indépendant et de communiquer les résultats...
Mais peut-être que certains s'en sont occupés.

A+

Saint-Vernier

Il est peut être très bon...

Il s'agit d'une campagne de démocratisation des vins du Jura, méconnus.

Un groupement de producteurs renommés s'est donc créé : ils offrent le vin, le client ne paye que le verre et les frais de distribution, les distributeurs (la grande distribution ici) s'étant engagée à ne pas faire de bénéfice.

François

PS : quoi ? le 1er avril c'est passé ? bah, il y en aura d'autres...

Salut,

je reviens du Jura où j'ai beaucoup entendu parlé de cette affaire, Cela me rappelle un peu un débat que j'aurais du lancer suite à l'affaire de la fruitière de Pupillin (je le ferai, le sujet est apparemment intemporel)

Apparemment, la guerre des prix va être lancée par la CGV, mais Henri Maire serait prêt à suivre, à suivre donc ;-)
parmi les autres prix entendus; le macvin à 6 euros; j'en ai bu un inconnu au restaurant, imbuvable, une liqueur trop sucrée (quel gaspillage, ce pourrait être encore moins cher;-) et légèrement aromatique (mais je connais des moyens économiques pour améliorer)
Et puis je me suis laissé dire qu'une brave coopérative avait aussi lancé le bag-in-box de vin jaune, génial!

Alors désolé car cela pourrait choquer, mais quand j'achète un vin jaune (ou vends ;-) à 25-30 euros, c'est avant tout une exigence de goût, puis de pratiques, et c'est aussi une gueule de vigneron, un endroit de rêve (aah les roches de La Combe), une histoire, une harmonie avec la nature, ... que je paye

Si cela continue, cela va probablement "sarcler" ferme, et si j'ai assez confiance dans la survie de nos meilleurs vignerons, cela ne va pas les aider non plus.

bon pas beaucoup plus de temps ce soir, j'espère ne pas avoir été trop confus

A+

Laurent M

Le jaune au bib... C'est Olif qui va être content !

Même pas besoin de déboucher : un coup de robinet et le verre est servi. Génial pour les barbecues l'été. A côté du bib de côte de "je sais pas quoi" rouge, ce sera parfait. En plus, le jaune se conserve déjà bien ouvert, mais là, le bib, il pourra le conserver longtemps ouvert... Ah, va être content Olif !

En plus, pour le vieillissement, le rangement est plus pratique et moins lourd que les clavelins !

François.

PS : c'est Jean Macle ou Pierre Overnoy qui va le lancer le premier bib ?

NB : je plaisante pour le PS, mais avec d'autres domaines, Olif va être difficile à convertir...

ne serait-ce pas "les Grands Chais de France" qui se trouvent derrière cette belle opération ??

Vin100,

C'est bien les Grands Chais de France, qui possèdent la compagnie des grands vins de Crançot, ils font beaucoup de crémant du Jura avec notamment la marque "Marcel Cabelier". En sais-tu plus sur ce groupe d'origine alsacienne?

une énorme machine sise à Marlenheim (67)
qui ne s'intéresse en aucun cas à la qualité du vin (un produit comme un autre...)
du volume, et des prix cassés.
Je crois qu'il s'agit d'un des mastodontes de la vente du vin en France (en vol.) : vins étrangers, une marque de vins de table très bien distribué en Grande surface décliné dans les 3 couleurs (J.P. Chenet... si je ne me trompe)

Je crois même que les GCde F sont N°1 en France en vol de vin vendu (à vérifier)

Du jaune à 11€, c'est intéressant pour la cuisine, non ?
Le jour ou j'en trouve, y a une poule qui va y passer.
Didier

Pour une bonne marinade, c'est comme pour une bonne sangria, il faut un bon vin...

François

Oui, mais quand je lis une recette qui me conseille d'utiliser deux fois 75cl de Chambertin pour faire la marinade d'un coq au vin, je ne la suis tout de même pas...

Très honnètement, ça me ferait mal de mettre un de mes bons Chateau Chalon ou Vin Jaune dans la sauce, d'autant qu'en général je ne lésine pas sur les quantités. C'est pourquoi je n'ai aucun scrupule à profiter de quelques promos intéressantes pour me constituer une petite réserve de "Jaune de cuisine"... Dernière occasion en date au moment des fêtes de fin d'années, avec un jaune 96 de Boilley vendu un peu moins de 13 euros dans une moyenne surface spécialisée dans les boissons. Ma foi pour ce que j'en fais , il est très bien, certes c'est pas le top du vin jaune mais il est correct et je préfère mettre celui là dans mes plats et en boire d'autres.

Mais attention: cela ne m'empèchera jamais d'en acheter chez les vignerons ou cavistes, au prix du marché, et je pense que ce n'est pas scandaleux de payer une bonne bouteille de jaune 25 à 30 euros, voire plus, quand ça les vaut.

Cela dit , il y a une clientèle pour tout: l'un de mes voisins, ayant su que je m'intéressais au vin, a tenu un jour à me montrer sa cave de Jura; j'ai pu admirer la plus belle collection d'Auguste Pirou, Amédée Taillefin, Marcel Cabelier etc... jamais vue. Ce gars là, son critère de choix, c'était de payer le vin le moins cher possible, et quand il avait trouvé une bouteille à 3 francs 6 sous, il était content, et du coup il la trouvait bonne! . A chacun son truc. (En dehors de toute considération de pouvoir d'achat car je suis conscient aussi que tout le monde n'a pas les moyens d'investir dans une cave de vin jaune)

Cordialement,

"un jaune 96 de Boilley"

je pense qu'on ne peut tout de même pas comparer.
Ce que j'ai goûté de ce domaine était tout de même très honorable

D'accord avec toi Vin100, je ne compare pas la qualité des vins (d'ailleurs je n'ai jamais goûté les productions de la Compagnie des Grands vins), mais en terme d'opération "prix cassés" c'est tout de même comparable: le Boilley 96 était à 12 euros 80. Le magasin "Hyperboissons" (2 moyennes surfaces "tout ce qui se boit" à Besançon), expliquait qu'ils en avaient pris un lot de 1000 blles, ce qui leur permettait de le proposer à ce prix là. A l'époque les vignerons à ma connaissance n'avaient pas bougé...

Une différence notable est que dans le cas de Crançot, on montre du doigt le vilain négociant, propriété d'une sorte de World Company sise à Marlenheim dans le Bas Rhin, alors que Luc Boilley est un vigneron indépendant bien jurassien (il a été président d'une instance, je sais plus si c'est le CIVJ ou la Société de Viticulture) et qui à ma connaissance ne fait pas de négoce.
Peut-être des nécessités économiques l'ont elles poussé à brader ainsi une partie de son stock, probable qu'il n'a pas mis sa meilleure cuvée pour cette opération, je ne connais pas le fin mot de l'histoire et je ne juge pas, mais bon, ça doit pas être facile d'expliquer au client lambda pourquoi le vin jaune que celui-ci a acheté pas loin de 25 euros à la propriété se retrouve à moitié prix dans un supermarché.

Pour la qualité de la production de la CGV de Crançot, quelques indications avec ce copié collé d'un post d'Horacio datant du 28/02/2003 dans la rubrique "Auguste Pirou"

"J'ai bu l'autre jour un vin jaune de chez Cabellier (Compagnie des grands vins du Jura), autre marque axée GD, et c'était très, très, très décevant. Un 1990, très dilué. Je ne sais pas si c'est une bonne année dans le Jura. Bon, ça n'était pas trop grave car il était de toute façon destiné à finir dans un chapon au vin jaune."

Olif a écrit:

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> "A part ça, il a été impossible de connaître la
> qualité de ce vin".
>
> Et ce serait pourtant là la clé du problème, à mon
> avis! S'il était possible de démontrer que ce vin,
> c'est vraiment de la m..., ça ferait marquer un
> point! Et il faudrait alors le faire savoir haut
> et clair! Malheureusement, les "heureux" acheteurs
> ne verront que l'appellation "Château Chalon" sur
> l'étiquette, et "l'excellente" affaire qu'ils ont
> faite!
>
> Le cap de la dégustation d'agrément a pourtant été
> bel et bien franchi! Je serais vraiment curieux
> d'en goûter un échantillon!
>
> Le nivellement par le bas...! Pas étonnant que la
> crise couve un peu partout!
>
> Olif
>

bonjour,

j'ai dégusté le château-chalon 1997 de la maison du vigneron (autre marque de la société) à l'aveugle avec d'autres château chalon et il a été noté parmi les meilleurs.
D'autre part, le VJ côtes du Jura 1998 de la compagnie des grands vins est également un vin qui s'en est bien sorti.
je ne suis pas habituellement un fan des vins de la CGV mais force est de constater que ces deux dernières expériences étaient plutôt réussies..

pour les histoires de prix, je m'estime pas suffisamment connaissuer des circonvolutions du monde commercial pour donner mon avis.