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cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

  • Jérôme Pérez
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cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau a été créé par Jérôme Pérez

L’un des premiers cours de géopolitique dont je me souvienne avait été assez saisissant bien que très classique et va sans doute rappeler bien des souvenirs à biens des lecteurs : il consistait juste en la confrontation de mappemondes utilisées dans différents pays. Evidemment, la prise de conscience du nombrilisme de chacun renvoyait au nôtre, c’est-à-dire à celui qui nous tient le plus. Je me suis rappelé de ce cours à la faveur d’un passage dans un pays d’Europe centrale quand, regardant le bulletin météorologique, je vis le présentateur irrespectueux, bafouant ma géographie pour se poster pile à la gauche de l’écran et dissimilant impunément le centre de mon monde.

Plus bouleversant encore fut cette expérience de lecture d’un magazine anglais sur le vin, totalement ouvert à tous les vins du monde, sans nombrilisme, bien entendu, faute d’avoir un nombril vineux, pourrez-vous me rétorquer avec justesse. Pour l’instant, certes …

On y parlait sans complexe aucun de ces vins exotiques d’Argentine, du Chili, du Brésil, mais aussi d’autres plus proches, de Géorgie, de Croatie, de Hongrie, d’Autriche et d’Allemagne : je crois bien me souvenir qu’on y évoquait aussi des vins français. Mais cette mise en perspective des choses et surtout des vins fut sans doute la plus belle leçon que je reçus, dans la droite ligne de celle que je subis, jeune potache en facultés. Il n’y avait ni prééminence, ni même éminence d’ailleurs et je voyais bien quelques grands noms aux formes hexagonales se polir pour arrondir leurs arrêtes au point de ne pas dépasser des autres tant que cela.

Pourtant, il semble que le monde des amateurs francophones et / ou francophiles se soit déjà largement ouvert à une partie du monde, certes la plus proche, mais quand même, l’effort est notable : l’Italie, trouve grâce, le nebiollo a déjà ravi bon nombre de cœurs pourtant totalement voués au pinot noir, la supériorité des rieslings allemands ne fait plus guère de doute et quand on sait que ce cépage est tenu comme le plus grand ayant délogé le chardonnay de son piédestal, c’est la fin du vin français décrit avec certitude comme le meilleur du monde !

On découvre donc qu’à l’international, il n’y a pas ce fameux goût « international » qui d’ailleurs était bien franchouillard puisqu’il n’était qu’une extrapolation de ce qui se faisait au cœur de nos vignobles, qu’ils soient bordelais pour le vin rouge ou bourguignon pour le vin blanc (extraction et boisé marqué). Ce goût international qui n’est finalement qu’une invention française, une volonté de défense des spécificités, presque un réflexe de survie, semble avoir fait long feu.

On peut d’ailleurs se demander si ce regain de curiosité pour « l’ailleurs » qui fait tant peur à la production française ne trouve pas sa cause dans le cri exagérément fort de ce coq dont le cocorico démesuré est un dernier sursaut d’auto-persuasion qui a rendu des vins tellement inaccessibles qu’il a finalement obligé l’mateur à prendre les chemins de traverse. Ce qui est surprenant c’est que ce chant du coq que l’on entend identique quand on se trouve justement ailleurs, se dit différemment dans d’autres langues : kikeriki en Allemand et kukuriku en slovène.

Etonnant, non ?

Et encore, ces certitudes nouvelles ne vont-elles pas voler en éclats, elles aussi quand des terroirs qu’on ne soupçonnait pas vont se révéler ? Terroirs anciens, ou nouveaux ou encore renaissants … J’en veux pour preuve cette expérience que j’ai menée aujourd’hui. Un vin allemand, un grand cru très réputé face à un vin slovène : deux rieslings que même le style ne sépare pas (le prix quand même, du simple au triple !). Le premier qui m’avait impressionné, que je tenais pour grand. Le second que j’aime bien, avec dans ce j’aime bien autant d’attache sentimentale que d’analyse sensorielle. Au même niveau, impossible à départager, tout en haut. Bon c’est vrai que kikiriki et kukuriku, vu d’ici, c’est un peu la même chose.

Jérôme Pérez
25 Sep 2015 22:10 #1

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Ahhhh, si je pouvais trouver un marchand(s) savamment et suffisament achalandé en vins Turque, Hongrois, Slovaque, Ukrainien, Allemand, Italien, Argentins, Américains ...... J' peux vous dire qu il verrait plus souvent ma tronche (pas trop en biais :D) que les cavistes bien de chez nous (:P)
26 Sep 2015 08:37 #2

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Ce nombrilisme est favorisé par le fait que la production internationale que l'on trouve facilement en France est de piètre qualité.

Michel
26 Sep 2015 09:07 #3

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Réponse de BoiPaKeDeLo sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Tous les pays producteurs ne sont-ils pas nombrilistes ?

Olivier

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Olivier
« Consommée avec modération, l’eau ne peut pas faire grand mal » (Marc Twain)
26 Sep 2015 09:33 #4

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De la même façon, on peut dire que la production française que l'on trouve facilement à l’international est de piètre qualité...

Cordialement,
Joel
LPV Nice
26 Sep 2015 09:38 #5

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Réponse de oulababa sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

De mes rares expérience clairement oui hors italie

Xavier L.
26 Sep 2015 10:55 #6

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Il est évident que l offre nationale est toujours dominante, et ce dans tout les pays producteurs de vins !
Certains pays comme ceux d Europe centrale et de l ancien bloc de l Est, non que trop longtemps été coupés des marchés internationaux et commence après 25 ans après la chute du mur, et avec une révolution qualitative, a tenter d exporter leur vins sur un marché qui est déjà bien saturé.
Les autres, dit pays émergents, tente pour le moment de produire pour eux même comme la Chine et l Inde.
Je regrette cependant qu il n y ait pas chez nous plus d importateurs ou même un salon dédié aux vins "étranger" je suis certain qu il aurait beaucoup de succès !
26 Sep 2015 11:06 #7

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Réponse de masterpity88 sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Je dois avouer que les (trop petites) expériences que j'ai eu avec des vins italiens, espagnols et même chiliens se sont révélées fortes intéressantes avec des rapports Q/P à chaque fois plus qu'intéressant.

A creuser donc…

Cela dit chaque continent est persuadé faire le meilleur vin du monde, chaque pays est persuadé faire le meilleur vin du continent, chaque région est persuadée faire le meilleur vin du pays, chaque village est persuadé faire le meilleur vin de la région et chaque vigneron est persuadé faire le meilleur vin du village… Au final chaque vigneron est persuadé faire le meilleur vin du monde...

Thibault
26 Sep 2015 11:25 #8

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Réponse de Martinez sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Deux trois réflexions/interrogations sur ce sujet :

Si l'on est généralement à ses débuts éduqués aux vins de sa région pour ensuite allez explorer les vins des autres régions et apprendre à les aimer, n'est-il pas de même dans la dimensions internationales ( effet fractal ) ? Sûrement mais avec plus de temps. Bref, la trajectoire d'un amateur qui évolue naturellement et lentement intègre aussi l'aspect spatial qui demande aussi du temps. Il est fort possible qu'il y ait plus d'inertie en France sur le spatial car l'effet clocher, car l'effet fierté, car l'idée que l'on est les meilleurs du monde dans ce domaine.....
Mais qui entame une réelle trajectoire évolutive ( déguster, échanger, changer, chercher ... ) en tant qu'amateur de vin, encore une fois, sûrement un faible pourcentage de la population.
Il est possible aussi que pas mal de LPVien ayant roulé depuis un certain temps en soit à un même stade : allez voir à l'étranger avec plus d'insistance d'où cette idée qui se développe bien et se dit.

Autre chose : j'ai lu plusieurs fois que la France est un des pays les plus calcaires au monde or cette donnée géologique favorise l'émergence de grand vin. Peut-on, si cela est vrai, dire que l'on reste et restera un des pays les plus aptes à faire de très bon vins en quantité.

Dans l'hypothèse que d'autres pays étrangers, qui font de très grands vins, soient davantage reconnus par tous les amateurs du monde ( quantitativement et qualitativement ), cela fera forcément de l'ombre sur l'avantage des vins français en terme de prestige et donc, je me pose une question : Quels sont les terroirs français qui seraient les plus aptes à se distinguer plus que les autres, auprès des amateurs du monde, par la qualité des vins et en même temps par leurs singularités ? Je pense à Chablis, Hermitage ....et pas forcément à Bordeaux ....

Jmm
26 Sep 2015 11:27 #9

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Cela dit chaque continent est persuadé faire le meilleur vin du monde, chaque pays est persuadé faire le meilleur vin du continent, chaque région est persuadée faire le meilleur vin du pays, chaque village est persuadé faire le meilleur vin de la région et chaque vigneron est persuadé faire le meilleur vin du village… Au final chaque vigneron est persuadé faire le meilleur vin du monde...

Mouais 8-) Ca pouvait être vrai il y a quelques décennies. Aujourd'hui, les vignerons voyagent, font des salons, dégustent des vins d'autres régions, et je pense que ça permet de prendre du recul. J'ai dans mes clients un certain nombre de vignerons qui achètent des vins très variés provenant de différents pays.

Eric
Mon blog
26 Sep 2015 11:29 #10

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Réponse de masterpity88 sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Eric B écrivait:

>
> Mouais 8-) Ca pouvait être vrai il y a quelques
> décennies. Aujourd'hui, les vignerons voyagent,
> font des salons, dégustent des vins d'autres
> régions, et je pense que ça permet de prendre du
> recul. J'ai dans mes clients un certain nombre de
> vignerons qui achètent des vins très variés
> provenant de différents pays.

Certes il ne faut pas généraliser mais en tout cas lors de rencontres encore récentes avec pas mal de vignerons chacun d'entres eux avait quand même pas mal de vinocentrisme

vinocentrisme = néologisme indiquant qu'un producteur de vin est persuadé d'avoir la seule est unique bonne technique pour faire le meilleur vin du monde selon lui, tout en dénigrant tous les autres ainsi que leur méthode… >:D

Thibault
26 Sep 2015 12:14 #11

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Réponse de FGsuperfred sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Tous les pays producteurs ne sont-ils pas nombrilistes ? écrit:

bah non sinon ils ne viend(raient pas nous faire ch...er à nevir nous piquer "nos" grands crus et favoriser la montée des prix
mais je trouve qu'il est de plus en plus facile de dénicher des vins autres que français ; de plus en plus de cavistes/importateurs en font venir pour notre plus grand plaisir.
le nombre de pays présents dans ma cave est de 8 hors france : allemagne, suisse, slovénie, crimée (ukraine ou russie selon les humeurs ;)), géorgie, autriche, italie, et argentine
à mon sens dire que la france est nombriliste et chauvine oui, pour les autres j'ai pour ma part plus de doutes sur la matière ;)
26 Sep 2015 15:34 #12

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à mon sens dire que la france est nombriliste et chauvine oui, pour les autres j'ai pour ma part plus de doutes sur la matière winking smiley

Je connais au moins un (très) grand pays nettement plus nombriliste et chauvin que la France.

Michel
26 Sep 2015 16:16 #13

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Eric B écrivait:
>
>
> Mouais 8-) Ca pouvait être vrai il y a quelques
> décennies. Aujourd'hui, les vignerons voyagent,
> font des salons, dégustent des vins d'autres
> régions, et je pense que ça permet de prendre du
> recul. J'ai dans mes clients un certain nombre de
> vignerons qui achètent des vins très variés
> provenant de différents pays.

C'est une question que je pose souvent à ceux que je croise, d'ailleurs : que boivent-ils en dehors de leurs vins, et en particulier venant de l'étranger ?

Eric
26 Sep 2015 16:47 #14

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Réponse de BoiPaKeDeLo sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

La diversité et la qualité globale des vins français sont telles qu'il n'est à mon avis pas si évident d'avoir le désir d'aller voir ailleurs. Même pour un amateur; moi le premier les vins non français représentent moins de 5% de ma cave, et je pense être assez curieux.

Olivier

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26 Sep 2015 16:52 #15

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Je connais au moins un (très) grand pays nettement plus nombriliste et chauvin que la France.

::o

Des noms, des noms!!! B)

jlj
26 Sep 2015 16:56 #16

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Réponse de BoiPaKeDeLo sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

jean-luc javaux écrivait:
>
> Des noms, des noms!!! B)
>

Uniquement Si Accord des admins...;)

Olivier

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26 Sep 2015 17:01 #17

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Pour le vin, Je pense que Michel se trompe vivant dans le pays en question. Je precise pas de chauvinisme sur le vin dans ce pays.

Didier
26 Sep 2015 17:07 #18

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Réponse de totolouga sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Et bien moi qui suit un vrai cocorico, je dois avouer que j'ai bu recemment de bien beaux vins de Californie, de Nouvelle Zelande et d'Australie. Je me suis meme dit que certains Chardonnay à l'aveugle auraient été fort bien placés!
Alors je me demande si je m'habitue à la médiocrité ou si le vin est vraiment bon? Le verdict ne tardera pas car je vais profiter d'une prochaine reunion en Europe pour rapporter quelques Chablis de Droin et Dauvissat entre autres....
26 Sep 2015 17:38 #19

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Oui, Didier, je ne pensais particulièrement au vin !

Michel
26 Sep 2015 18:16 #20

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Réponse de leguitou sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Je me pose une question à la lecture de ce sujet :
- doit-on forcément s'intéresser aux vins de tous horizons pour ne pas être taxé de chauviniste ?
Je m'intéresse beaucoup aux vins italiens mais j'ai encore du mal à ouvrir plus ma cave aux autres vins étrangers ...
En effet, je continue en permanence de découvrir des pépites françaises, j'ai toujours plaisir à ouvrir mes références personnelles que je suis tous les ans, et surtout comme je me le dis très régulièrement en voyageant à l'étranger et en France : je trouve la France superbe et pourquoi vouloir toujours aller chercher ailleurs ce que l'on a en face de chez soi ?
Certes on a beaucoup de producteurs un peu "nombrilistes" mais franchement, est-ce vraiment la majorité ? Les étrangers font-ils vraiment toujours mieux que nous ?

Bien cordialement,
Guillaume
26 Sep 2015 23:29 #21

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Le problème (ou l'avantage) de la France est d'être l'un des rares (voire le seul) pays à proposer des vins de référence dans la quasi totalité des produits phares du vin : rouge, blanc sec, liquoreux, effervescent, jaune, paille, muté... Il faut bien admettre qu'il apparaît étonnant géographiquement qu'un aussi petit état puisse être devenu incontournable historiquement sur un produit aussi universel. Il peut donc paraître logique que ses habitants ne trouvent guère d'intérêt à s'expatrier gustativement, ayant déjà bcp à faire pour connaître l'ensemble de ses produits. Il faut déjà s'ouvrir à de nombreuses régions, ce qui n'est pas spécialement intuitif pour tous.
Demain, je reçois des amis naturellement (et fortement) tournés vers la Bourgogne. Sur 7 vins, un seul Bourgogne de prévu. 2 étrangers. Je suis joueur, mais ça me plait. Et surtout ça me ressemble. Cela va-t-il leur plaire ? Je le pense, au moins en partie. Je ne pense pas spécialement faire oeuvre de prosélytisme mais plutôt de tenter d'ouvrir des horizons en (me) faisant plaisir.
Un point a également été abordé qui me semble particulièrement juste : la difficulté d'accès des bons voire grands vins issus des terroirs étrangers. La mondialisation fait que dorénavant les grands vins, qu'ils soient européens, américains ou océaniens, sont chers. Il devient donc extrêmement difficile de se les procurer. Mon unique dégustation d'un Ridge Montebello, millésime 1994 si mes souvenirs sont bons, m'a apporté la preuve définitive, si besoin en était, que les grands vins américains étaient tout simplement somptueux... Mais aurai je l'occasion d'en boire à nouveau ?

Cordialement,

Hervé
27 Sep 2015 00:50 #22

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

On touche à l'essentiel enfin : Je ne me fais aucun doute sur le fait que demain verra enfin la reconnaissance de terroirs délaissés parce qu'on est à l'ère de la communication facile et rapide des biens des personnes et des idées.
L'amateur de vins modernes, à mon avis, va délaisser le classicisme pour se tourner vers des particularismes, goûter des différences, voire des nuances et il risque bien de se rendre compte qu'il avait perdu du temps à courir des lièvres qui finalement n'étaient pas si intéressants que cela. Ce sera une belle réponse.
Des grands terroirs, il y en a beaucoup à retrouver : qui connaît Somlo, par exemple ? Ce terroir était connu au XIX ième Siècle pour donner de fameux furmints. Les grands terroirs d’aujourd’hui tiennent au moins autant compte des réalités de communication, des réalités géopolitiques que des qualités intrinsèques de lieu.

La question n'est pas de dire que la France ne possède pas les plus grands terroirs, ce n'est pas un concours. Du reste, il y a bien deux France du vin, l'une inaccessible et qui continue de faire rêver et l'autre, celle justement des particularismes et on voit bien comment ce rapport des forces en présence est en train de changer. Cette France si inaccessible, nous est finalement tout aussi "étrangère" que bien d'autres productions.

On parle plus haut de Ridge Montebello : mon propos n'est pas de dénigrer la grandeur de ce vin : j'ose juste imaginer que d'autres pépites existent aux USA et qu'il serait bon de partir à leur recherche.

Prenons un autre exemple : celui des riesling allemands : oui, ils peuvent être exceptionnels : mais leur reconnaissance actuelle n'est pas liée d'une façon au d'une autre d'une part au délire tarifaire de certains grands vins français et d'autre part à la prééminence économique de l'Allemagne en Europe ?
Je sais personnellement qu'on fait des rieslings du même niveau (c'est à dire très haut) dans d'autres pays d'Europe; je suis également très heureux de les trouver parce qu'ils correspondent à mes goûts, parce qu'ils me procure des émotions et parce qu'ils sont encore accessibles.

Mais c'est là aussi que réside la crainte : la prise de conscience de la beauté de certaines productions, au lieu de niveler les tarifs les plus ahurissants, risque de bien de porter ceux qui sont encore honnêtes. (pour preuve certains prix actuels de Sancerres et de Jurançon)

Ce n'est pas être moins français que d'apprécier certains vins d'ailleurs : c'est être curieux, dans la mesure où justement on goûte des particularismes : cela veut dire aussi qu'on peut apprécier les particularismes des beaux terroirs français en pleine renaissance. On s'éloigne donc de plus en plus de la standardisation, de ce fameux goût international qui était le plus flagrant en France, paradoxalement (faussement paradoxalement, d'ailleurs).

Jérôme Pérez
27 Sep 2015 09:07 #23

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Ce n'est pas être moins français que d'apprécier certains vins d'ailleurs

Est-ce qu'on ne sent quand même pas dans cette phrase ( même si elle exprime clairement le contraire) qu'il y aurait un risque de protectionnisme qui pointerait tout doucement son nez?
On voit actuellement, et on peut tout à fait comprendre leurs craintes et leur désespoir, des agriculteurs et des éleveurs arrêter des camions, fouiller des grandes surfaces à la recherche de produits étrangers, etc.
J'ose espérer qu' acheter un Tempranillo ou un Sangiovese ne va pas être regardé comme un acte peu patriotique...
Jérôme, pas la peine de crier à l'incompréhension ou au mélange des genres, mais c'est tellement évident pour moi qu'apprécier un vin italien ne rend pas moins français...

jlj
27 Sep 2015 10:33 #24

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Réponse de BoiPaKeDeLo sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Ah ok, on peut être curieux tout en restant franco-français en terme de vin, à condition bien sûr de chercher les particularismes. Ouf ;)

"Les grands terroirs d’aujourd’hui tiennent au moins autant compte des réalités de communication, des réalités géopolitiques que des qualités intrinsèques de lieu."
N'est-ce pas le cas depuis toujours ? Les qualités intrésèques du lieu n'ont-elles pas toujours été à la traine des réalités de communication, économique et géopolitique ?

Olivier

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« Consommée avec modération, l’eau ne peut pas faire grand mal » (Marc Twain)
27 Sep 2015 10:47 #25

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Réponse de Julien Vouland sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Jérôme Pérez écrivait:
> On touche à l'essentiel enfin : Je ne me fais
> aucun doute sur le fait que demain verra enfin la
> reconnaissance de terroirs délaissés parce qu'on
> est à l'ère de la communication facile et rapide
> des biens des personnes et des idées.
> L'amateur de vins modernes, à mon avis, va
> délaisser le classicisme pour se tourner vers des
> particularismes, goûter des différences, voire des
> nuances et il risque bien de se rendre compte
> qu'il avait perdu du temps à courir des lièvres
> qui finalement n'étaient pas si intéressants que
> cela. Ce sera une belle réponse.
> Des grands terroirs, il y en a beaucoup à
> retrouver : qui connaît Somlo, par exemple ? Ce
> terroir était connu au XIX ième Siècle pour donner
> de fameux furmints. Les grands terroirs
> d’aujourd’hui tiennent au moins autant compte des
> réalités de communication, des réalités
> géopolitiques que des qualités intrinsèques de
> lieu

Jerome, C'est typiquement mon cas : j'ai 36 ans, et je ne pense pas avoir ce frein, comme peuvent l'avoir des personnes de la génération de mes parents, à vouloir decouvrir d'autres vignobles que les seuls français.
Et en effet, mes lectures numériques m'aident et me poussent à explorer de nouveaux horizons, comme le blog de Vincent Pousson par exemple.

De par mes goûts et ma situation géographique, je pars volontiers en espagne, au Portugal durant mes congés. Je suis toujours ravi de découvrir de horizons gustatifs et culturels.

Le dernier en date, la Ribeira Sacra, m'a une nouvelle fois montré la richesse de la diversité du vignoble espagnol, avec des terroirs capables de produire - et avec des cépages autochtones - des vins d'une finesse et d'une fraîcheur incroyables, tellement éloignées des idées préconçues que l'on a parfois, à tort ou à raison, sur les vins de ce pays.

Des vignerons qui forcent le respect, lorsque l'on découvre les conditions culturales dans lesquelles ils travaillent, et par leur gentillesse, qui s'excusent presque de vous vendre des vins exquis pour une dizaine d'euros. Cela permet de relativiser pas mal, une fois de retour en France, mon rapport aux vins français.

Julien

Julien
27 Sep 2015 11:05 #26

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Précisément, les vins espagnols répandus en France, les fameux 90 Parker, sont stéréotypés, bodybuildés, boisés et j'imagine peu représentatifs de la production espagnole.
Un peu comme si on se faisait une idée de la Bourgogne à travers des maisons de négoce peu qualitatives.

Michel
27 Sep 2015 11:24 #27

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Réponse de Raboso del Piave DOC sur le sujet Re: cocorico, kikiriki et kukuriku sont dans un bateau

Au-delà du nombrilisme, je pense qu’il y a d’autres raisons au fait que les amateurs français sont particulièrement concentrés sur les vins de l’hexagone. Par comparaison, j’ai toujours noté une admiration des amateurs italiens pour les vins français, quant le consommateur transalpin lambda me demandait par contre si c’était bien à Bordeaux qu’on faisait du vin…

L’offre chez les cavistes hexagonaux fait très souvent peine, même dans les grandes villes, ne parlons même pas des petits centres urbains. Souvent, je m’aperçois qu’ils se mettent tous à avoir la même référence en même temps, dernièrement Caruso e Minini pour les vins de Sicile, La Jara – très bon au passage - en Prosecco… cet été entre Bordeaux et Toulouse si un caviste avait ces appellations, c’étaient eux. Tu veux passer à autre chose ? Impossible. Pourtant, des producteurs italiens inondent le marché national (et aussi américain etc.) avec des produits d’entrée de gamme (-10€) de qualité et surtout typés, par exemple Planeta et Donnafugata en Sicile, Carpenè Malvolti en Prosecco… Comment se fait-il qu’ils n’arrivent jamais ici ? J’ai l’impression que les cavistes français se laissent pour une très grande majorité refourguer les mêmes références, et pas les meilleures… bref qu’ils ne font pas les efforts nécessaires. D’ailleurs, je note que même l’offre sur les sites français est très faible, et quand les références sont là, elles sont vendues à des tarifs prohibitifs : je paye bien moins cher (de -20% à - 50%, il y a de quoi dissuader) mes bouteilles achetées chez Superiore qu’en ligne sur des sites français.

Une autre raison, pour moi, réside dans la symbolique de la bouteille, non pas ce qu’il y a dedans mais plutôt autour. Plus ça va, plus je me dis que le palais, s’il s’ouvre à d’autres goûts, d’autres univers, reste attaché aux goûts de l’enfance, de la jeunesse, à ses premiers éveils et s’habitue à ce qui, pour d’autres, est sinon un défaut une particularité gustative gênante. En quittant le sud-ouest, je me suis aperçu que j’étais capable de boire des vins très tanniques à l’apéritif, que ça ne me dérangeait pas, mais qu’autour de moi très peu le faisaient. Et si aujourd’hui je préfère plus de légèreté, je ne rechigne pas à un Cahors charpenté avant le repas. Et puis le vin ce sont des souvenirs de moments précis (« cette bouteille qu’on avait ouverte pour mes 18 ans »), de périodes de la vie (« le clairet des barbecues étudiants »), de vacances (« cette bouteille de rouge qui valait deux soues et qui m’avait régalé…), et celui qui voyage, s’il est intéressé par cet aspect du vin, sera certainement plus enclin à retrouver les vins de ces moments.

A mon humble avis, en se limitant à la production française, on loupe énormément de choses, de découvertes, cépages autochtones, vinifications traditionnelles locales… Pendant un moment, je me suis dit qu’en s’ouvrant au reste, on pouvait passer à côté de ce qui était tout proche mais qu’en fin de compte c’était inévitable alors…
Un jour ou l’autre, de nouveaux terroirs seront défrichés à hauteur du 45ème ou pas loin, et ceux qui y seront ouverts prendront probablement de belles baffes à la dégustation… ! J’espère bien en être.

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
27 Sep 2015 13:43 #28

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Pour en revenir au cours de géopolitique du post de départ, la perception des questions soulevées n’est pas le même si on est français et si on est originaire d’un autre pays : rares sont en effet les pays où un « kikiriki » ou un « kukuriku » aurait une portée aussi universelle que « cocorico ». Connue et reconnue pour des vins dans le segment de l’ultra luxe (j’hésite à nommer « vins » des produits issus de la fermentation d’un fruit dont le but est destiné avant tout à flatter l’ego du propriétaire des flacons et lui permettre de briller un peu en bonne sociétée ; c’est d’ailleurs pour cette raison qu’une dégustation à l’aveugle des vins entrant dans ce segment est un acte idiot, une folie absolument irrationnelle), la France découvre tardivement et avec effroi que le cœur du marché lui a définitivement échappé. Dans le segment des vins de 10 à 20 € (mais aussi dans celui de 20 à 30€), la concurrence ne s’est pas endormie sur ses lauriers et grignote année après année des parts d’un marché que la France croyait posséder par une sorte de droit divin.

Savoir si les terroirs d’exception se concentrent en France n’est pas la question. Une telle idée va à l’encontre du bon sens (surtout cpntre les lois de la statistique) et est contredite par l’expérience quotidienne de la plupart des passionnés dans le monde entier.

Nous nous trouvons peut-être à un moment clef, à un point de bascule, dans le sens qu’en matière de vins le « style français » est battu en brèche par d’autres styles. L’exemple du nebbiolo présenté dans le post d’ouverture est à ce sujet très intéressant : voilà un cépage qui produit des vins qui se situent aux antipodes du « style français » : les Barbaresco et encore plus les Barolo ont une acidité élevée, une charge tannique considérable, une sorte de brutalité qui fait qu’une première rencontre n’est souvent pas des plus heureuses. « Dieu qu’il est dur ton rital ! ». D’accord, ces vins sont à même de refléter leur terroir (quel cépage semi-aromatique n’est pas à même de le faire ?). Et pourtant, Barolo et Barbaresco est une success story qui persiste et prend de l’ampleur. D’où provient ce succès ? D’une part d’un niveau qualitatif élevé en moyenne et une capacité de vieillissement comparable aux meilleurs Bordeaux. D’autre part, un niveau général des prix qui reste acceptable en comparaison à d’autres régions, toutes choses étant égales par ailleurs (c’est l’automne, les cavistes où je suis client ont jugé indispensable de m’envoyer leurs catalogues. Je ne peux m’empêcher de pousser des petits gloussements amusés en découvrant le niveau stratosphérique des prix de la totalité de la production de Bourgogne). Et aussi, peut-être, parce que la France joue un rôle de plus en plus anecdotique en matière de prescription sur le seul marché qui compte : le marché mondial. Si un pays ne parvient pas à exercer le leadership en matière de prescription, il n’est pas possible d’orienter le consommateur sur l’essence de ce qui constitue son style, ses valeurs, sa culture. La porte s’est donc ouverte à des vins porteurs d’autres styles. Ils s’y engouffrent et comptent occuper tous les segments du marché.

Notre philosophie en matière de vins ne se situe souvent pas au-delà de la dernière bouteille dégustée et de la suivante. En d’autres termes, nous sommes dénués de toute perspective historique. L’exhumation il y a quelques temps des menus et de la carte des vins du XIXe siècle du restaurant La Tour d’Argent indique que les vins les plus chers et les plus nombreux à la carte étaient les riesling allemands. La mode a changé, les riesling sont tombés dans l’oubli, puis ont connu à nouveau une renaissance il y a quelques années. « Cocorico » pourrait donc être un phénomène qui bouge au rythme de la vague et du ressac.

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« Avez-vous déjà bu une bonne bouteille avec un connaisseur en vin ? C'est un supplice. » Nicolas Bouvier
02 Oct 2015 16:26 #29

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Je ne peux m’empêcher de pousser des petits gloussements amusés en découvrant le niveau stratosphérique des prix de la totalité de la production de Bourgogne

Nous ne devons pas avoir la même définition de la totalité...

Michel
02 Oct 2015 16:48 #30

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