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Une semaine dans le Bordelais

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Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Merci, c est bien ce que je pensais. Ce bon vieux classement 1855 .....:S
[size=small]Au passage ils font une bonne plus value, acheter du sol a la valeur CB qui se transforme en GCC par "magie" ...>:D
24 Avr 2015 21:33 #181

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Pour répondre à Michel, il est clair que les débauches de moyen n'ont jamais aidé à faire de grands vins. Ca justifie surtout des prix délirants. Les meilleurs vins de la semaine ont été produits dans des locaux beaucoup plus modestes, avec une approche souvent plus pragmatique. Pas d'hôtesse te débitant un discours artificiel, mais le proprio qui met les mains dans le cambouis.

Eric
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24 Avr 2015 21:51 #182

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Réponse de Laurent Chénier sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais, le retour (jour 2)

Pour rejoindre (un peu) Michel, disons que si le reportage est très bien fait et se laisse lire avec plaisir, ces bordelais glacés ne nous donnent vraiment pas envie d'aller les voir...
Ceci dit Michel, reconnaissez que les propriétaires de Bordeaux ont de magnifiques hôtels, à moins que vous ne préfériez les granges à vin ;)

Je file[size=x-small][/size]...

Laurent
24 Avr 2015 22:15 #183

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Tout les domaines Bordelais ne sont pas comme ça, heureusement il y a pléthore de cru bourgeois ou même classé dont les propriétaires sont parfaitement accessible et simple !
Maintenant tout ces domaines qui appartiennent a des chevaliers d industrie ou autres institutions financières, beaucoup d entre eux sont assez glaciale, et c est bien dommage car avec un peu d humanité il ne faudrait pas grand chose pour rendre tout ça plus conviviale .
L oenotourisme en cette région est une pratique assez récente et certains on encore du mal a s y faire.
24 Avr 2015 22:27 #184

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Réponse de dkeus31 sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Personellement j'ai préféré le Branaire au Montrose.
Le mardi fut peut être la journée la moins excitante de la semaine.

amicalement
didier
users.skynet.be/dk.a...
26 Avr 2015 20:19 #185

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Changement de décor, même s'il y a air de déjà-vu avec ces vignes et ces graves. Nous sommes entre Bordeaux et le campus universitaire de Talence dans le plus ancien domaine de la région : Haut-Brion. C'est la troisième visite en ce qui me concerne. J'ai le sentiment que je ne vais pas apprendre grand chose de nouveau. Mais c'est par contre une découverte pour six d'entre nous. C'est à eux
qu'il faut penser ;)


Comme d'hab', à peine arrivé, le joli diaporama... et la voix inimitable de Pierre Arditi
[size=small](rrraaahhh, son " Haut-Brion ! " final... T'as envie d'en boire direct !)[/size]


Présentation des deux domaines (HB et Mission HB)


La tonnellerie... sans tonnelier aujourd'hui


Entrailles d'un fût


Ca me suffirait, comme maison...


Le château

Le cuvier, avec les petites pompes sur chaque cuve (cf Montrose). Comme le montre la coupe de cuve sur la troisième photo, ce sont en fait deux cuves superposées (en haut la fermentation alcoolique, en bas la "malo" ). Le fond de la première est oblique afin de faciliter la sortie du marc après l'écoulage du vin de goutte. Il tombe sur un tapis roulant caché sour le caillebotis qui se verse alors....

.... dans l'un des deux pressoirs pneumatiques.


Le chai à barriques, presque simple.


Nous nous rendons ensuite à Mission Haut-Brion, où nous devons faire preuve de patience à l'entrée.


Bonjour !


Si la Mission est bien une ancienne congrégation religieuse, ce cloître n'a jamais vu aucun moine...


... sauf s'il a visité le domaine ces dernière années (construction très récente)


Le diaporama (avec la voix de Jean-Philippe Masclef, directeur technique du domaine)


Un bassin, quoi...


La chapelle (XVIIème siècle)


Des vitraux, quoi...


Les meilleurs millésimes de Mission HB sont peints dans la chapelle (mais il n'y a plus de place...)


Vue d'ensemble


Le chai à barrique (qui ressemble à HB)


Des barriques, quoi...


Presque toute la gamme du domaine


Le "comparatif" habituel, si ce n'est qu'on est passé en 2007 (longtemps ce fut 2004)
[size=small]Pas vraiment de suspens, c'est toujours Mission qui gagne. Plus sexy...[/size]

Mission Haut-Brion 2007 : nez noble de belle intensité sur la prune, le sous-bois, le poivre et la fumée. L'attaque en bouche est fraîche et tonique, puis vient la douceur enrobante, harmonieuse, fine et dense à la fois. La finale se montre encore ferme (euphémisme), épicée. J'ai connu des Mission(s) plus sexy et envoûtantes.

Haut-Brion 2007 : nez plus discret, limite mutique. Bouche plus ample, plus puissante, avec de l'allonge et une matière concentrée pour un millésime "light". La finale est plus ferme encore que la Mission, sur des notes de fumée. Peu de plaisir en l'état. Pourquoi servent-ils ça ?

Le monsieur a l'air également sceptique


Didier et Françoise, égarés dans un verre de HB...

Nous reprenons chacun nos voitures. Et nous nous apercevons vite qu'il est difficile de se suivre à trois en pleine ville, avec les feux, les sens giratoires, les priorités... Bref, nous nous séparons momentanément à l'insu de notre plein gré. Mais nous nous retrouvons une demi-heure plus tard à Haut-Bailly. Oui, nous y sommes déjà allés l'année dernière, mais comme nous y avions passé un grand moment, il y avait comme un goût de revienzy.... Pour la visite guidée et le repas de l'année dernière, c'est ICI .

Pendant que certains se prélassent sur la terrasse du château, d'autres, plus courageux, travaillent...

La Parde de Haut-Bailly 2014 : nez fruité sur la prunelle. Bouche tendue, avec une acidité assez marquée. Finale ferme, marquée par l'élevage. Pas vraiment emballant.

Haut-Bailly 2014 : joli nez sur les fruits noirs et les épices. Bouche ample, soyeuse, avec une belle tension et une matière charnue. La finale dominée par la cerise s'affermit.

(pas pris de note sur les autres... On les a bus ?)

Vue sympa sur le chai à barriques


Nous retrouvons les autres ainsi que le maître d'hotel de l'année dernière, toujours aussi prévenant.


Cette année, pas de champagne (sniiifff) mais du rosé de Haut-Bailly.

Haut-Bailly Rosé 2014 : nez sur la groseille et les agrumes. Bouche fraîche, cristalline, avec de la vinosité arrivant en milieu de bouche. Finale bien épicée.

Gougères sortant du four


Ingénieuse idée d'associer la violette cristallisée au melon


Délicieux cornets de guacamole/pistache et radis (bien vu, encore !)


Langoustines parfaitement cuites et mayonnaise au safran


sablé parmesan, crème au raifort, caviar d'aquinaine (top aussi !)


Vaisselle maison


Le menu du jour


Impatience...


Asperges blanches, lomo et ravioles aux morilles

Ca peut paraître casse-gueule sur le papier, de servir ce plat avec un Haut-Bailly 2008. Eh bien non, car les asperges sont ultra-fondantes, et très délicates aromatiquement. Et comme la sauce est à base de vin rouge, ça passe comme une lettre à la poste. La morille va bien avec le côté "sous-bois" du vin, et le lomo avec les notes fumées. Très joli mariage en définitive !

Haut-Bailly 2008 : nez classieux, très Havane et bois précieux, avec la myrtille comme dernier rappel du fruité de jeunesse. Bouche douce, mûre, aux tannins caressants et une belle fraîcheur. Finale mentholée/fumée un peu trop courte. Mais c'est bien bon quand même !

Côtes de boeuf et légumes de printemps

Le principal tort de ce plat est d'arriver deux jours après le boeuf d'anthologie de Lagrange. C'est très bon, mais on grimpe pas au plafond... Malgré tout, les légumes sont parfaits, la sauce extra... et surtout cela fait un très bon accompagnement aux trois vins suivants :

Haut-Bailly 2006 : nez intense sur le menthol et le cèdre. Bouche ronde, soyeuse, avec une matière dense et bien mûre. Finale plus persistante que le 2008.

Haut-Bailly 2000 : nez plus complexe et flamboyant. Bouche à la fois large, expressive, et en même temps longiligne, tendue. Le tout avec une matière de premier ordre, riche et juteuse. Finale imposante et persistante. Très beau vin.

Haut-Bailly 1998 : nez encore supérieur au précédent, un peu plus tertiaire (cigare bien marqué). Bouche intense, séveuse, très longue, tout à fait comme j'aime. Finale totalement raccord qui prolonge le tout. Oh, ce que j'aime ça !

A noter que la cote du 1998 est deux fois moins élevée que celle du 2000 (alors que je le trouve supérieur. Mais il est vrait que Parker a noté le 1998 seulement 87/100...)

Fromages et fruits secs

Comme lundi, nous buvons deux 1990 de deux bouteilles différentes, si ce n'est qu'ici, ils proviennent de la même caisse (belge). Ce sont donc les bouchons qui font toute la différence...
Haut-Bailly 1990 : nez très intense, marqué par l'âtre de cheminée, le cassis et le santal. Toucher de bouche magnifique, évoquant la soie sauvage, d'une rare intensité aromatique alors que la matière semble presque impalpable, façon Musigny. Finale très longue sur des notes de fumée et d'encens. Grand vin.
L'autre 1990 est plus puissant, plus concentré, séveux, aux arômes corsés. La table est partagée. D'aucuns préfèrent le premier (dont bibi). D'autres le second. Tout le monde a raison, comme à l'école des fans.

Crémeux au chocolat, crumble au muscovado

Un dessert absolument délicieux, intensément chocolat, pas trop sucré, avec plein de textures différentes. Dans le Top 5 de mes desserts au restaurant (meilleur que dans pas mal d'étoilés). Extra !

Pas laissé une miette...


Comme un goût du paradis...


...


Les héroïnes du repas


Madeleines au citron toutes chaudes... Mmmm...


Café. Même le déca est bon :-)


Chocolats au Haut-Bailly


Isabelle, sur un p'tit nuage...


Et un jus fraîchement pressé de cerises pour terminer. Miam !

Nous restons sur la même appellation, Pessac -Léognan et allons dans une propriété située à quelques kilomètres : le domaine de Chevalier. Après avoir longtemps appartenu à la famille Ricard (pas le pastaga), il est aujourd'hui aux mains de la famille Bernard (qui possède aussi Millésima).
J'ai déjà fait une visite très complète avec Thomas Meilhan, responsable qualité du domaine, suivie d'une soirée magique avec Olivier Bernard (récit ICI ). Je m'attendais donc presque à m'ennuyer. C'était sans compter sur la personnalité hors-norme de Rémi Edange (un cockail savoureux de pédagogie et de bonhommie gersoise), le directeur-adjoint du domaine, qui nous a fait passer un moment inoubliable (peut-être la meilleure visite jamais faite sur Bordeaux). Vous pouvez le retrouver dans ce film (on comprend bien son anglais) :



Les vignes sur un sol sablo-graveleux entourée d'une forêt de pins


Le cuvier circulaire


Rémi Edange nous a expliqué que le vin, c'est comme la cuisine : il faut trouver le contenant le mieux adapté en terme de matériau (inox, béton) et de taille. Sur des volumes relativement important, l'inox est pas mal. Mais sur des plus restreints, rien ne vaut le béton pour l'inertie. D'où le choix de ces nouvelles cuves :

Elles viennent d'Italie (même fournisseur que Cheval Blanc). Le système de thermogulation est intégré dans les parois. Seul reproche que l'on puisse faire (évoqué par un producteur le lendemain) : le revêtement epoxy à l'intérieur, pas très naturel...
En continuant son analogie avec la cuisine, notre guide du jour nous a expliqué qu'il y a deux manières de faire la ratatouille : soit tu fais cuire séparément les légumes, soit tu les fais longuement compoter ensemble. A Chevalier, ils préfèrent la deuxième solution (perso, j'aime beaucoup la première même si je ne déteste pas l'autre). C'est pour cela que l'assemblage des différents lots se fait en début d'élevage, après la fermentation malolactique, afin que durant 18 mois leurs saveurs se fondent dans les barriques.
Les vin blancs de Chevalier sont au moins sinon plus réputés que les rouges. Les raisins blancs ne représentent pourtant qu'une petite surface dans le vignoble (5 ha sur 42 ha). Les volumes vendangés journellement sont ridicules pour deux raisons : on ne ramasse plus rien après dix heures du matin histoire de préserver la fraîcheur des raisins. Tout est ramassé par tries successives histoire de ne cueillir que les raisins parfaitement mûrs. Comme il n'y a pas de cuve suffisamment petite pour accueillir le moût recueilli après pressurage, ce dernier va directement dans une barrique entreposée en chambre fraîche (on n'est pas à 4 °C) pour être débourbé 24-48 h. Le jus clair est alors transféré en barrique pour démarrer la fermentation.
Il n'y aura pas de fermentation malolactique car les vins n'ont pas suffisamment d'acidité pour le supporter : on obtiendrait des vins lourds et peu digestes. Par contre, on bâtonne chaque barrique pour remettre les lies en suspension, apportant du gras. Inutile de préciser que là aussi, l'assemblage des lots se fait dès le premier hiver.
Le bâtonnage devient inutile avec cette cuve Ovum de Taransaud arrivée pour les vendanges de 2011. Sa forme engendre naturellement un brassage des lies. Avec une meilleur micro-oxygénation que les "oeufs en béton".
Ludovic et Didier avaient demandé à déguster en priorité les blancs, puisque Chevalier est l'un des seuls à en produire dans les châteaux visités dans la semaine. Ca tombe bien : l'équipe du domaine en produit toute une gamme...
Plutôt que d'aller s'expatrier à l'autre bout du monde comme Henri Bourgeois ou Laroche, Olivier Bernard s'est dit qu'il y avait à 30 mn de Chevalier des vieilles vignes de raisins blancs qui ne demandaient qu'à produire des vins qui se vendent. Si en effet, les liquoreux de Sauternes ont du mal à trouver preneurs, pourquoi que ne pas produire des vins blancs secs sur cette appellation (sans en avoir le nom, même si un mouvement de propriétaires s'organise pour en faire la demande). Aussi a-t-il acheté une quarantaine d'hectares à proximité des GCC locaux et démarré la production. Avec un succès certain.

Lune d'Argent 2013 (70 % sémillon, 30 % sauvignon) : nez frais et expressif, dominé par le sauvignon (pamplemousse, menthe sauvage froissée, bourgeon de cassis). Bouche éclatante de fraîcheur, soulignée par un léger perlant, puis s'élargissant sur une rondeur gourmande sans atteindre l'embompoint. Finale fraîche et tonique, avec un retour sur les herbes froissées. Ca manque un peu d'âme à mon goût, mais c'est très bien fait.

Les six hectares de vignoble de Lespault-Martillac se situent entièrement sur la plus haute croupe de graves de Martillac. Son propriétaire en a longtemps confié la gestion à un cru local renommé, mais il s'est aperçu que son vin n'était trouvable qu'en Asie du Sud-Est. Voulant plus de visibilité en France, il a demandé à Olivier Bernard de le prendre en main à partir de 2009. Et les choses ont commencé à bouger. C'est tant mieux, car c'est excellent !...

Lespault-Martillac 2012 : joli nez sur le miel et les agrumes confits. Bouche pure, traçante, avec une matière riche, presque moelleuse, avec un équilbre superlatif. Longue finale sur des notes d'écorces confites de pomemo. J'a-dore !
Esprit de Chevalier 2012 : nez un peu réduit sur le citron confit et le "goëmon". Bouche très fraîche avec une belle droiture, avec un côté limpide, désaltérant, très "eau de roche". Finale mentholée gourmande.
Chevalier blanc 2012 : nez plus intense et plus mûr. Bouche avec une superbe tension enrobée par une matière mûre, séveuse, vibrante oserais-je dire. Finale très expressive qui envoie du lourd. J'a-dore +

Et puis, tout de même, un rouge !

Chevalier 2007 : nez fin, gourmand, sur les fruits noirs mûrs et la fumée. Bouche fraîche, élancée, avec une matière soyeuse, douce, presque suave. Finale finement mâchue sur des notes de cèdre et de cigare. Déjà très bon !
Je quitte les Belges qui se dirigent à Saint-Emilion pour y passer la soirée. Ils dégusteront lors de leur repas un Mondotte 2007 , apparemment superbe, que j'aurais volontiers dégusté en leur compagnie. Mais j'étais attendu ailleurs chez un ami dont l'épouse avait préparé un repas pour fêter nos retrouvailles. Je ne pouvais pas refuser... Les vins servis furent éclectiques : Vouvray sec, Languedoc, Tokaj...

Eric
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26 Avr 2015 21:04 #186

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Très beau compte rendu avec des très belles photos, comme d'habitude!

Humble amateur, vrai passionné
26 Avr 2015 22:01 #187

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Réponse de Loïc38 sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Toujours aussi plaisant a lire, je suis fan.
Cela me donne terriblement envie de gouter chevalier que je ne connais point.
26 Avr 2015 22:12 #188

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Beaucoup de "quoi", je trouve... Eric se lasserait-il de tout ces chais luxueux :D
Question; vous n avez pas eu l occasion de goûter Laville a la Mission ?
26 Avr 2015 22:14 #189

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Laville n'existe plus. Ça s'appelle Mission Haut Brion blanc, maintenant. Ce n'est jamais en dégustation. Trop rare...

Eric
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26 Avr 2015 22:27 #190

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Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Tu confirmes ce que j ai entendu dire !
Bon c est juste un changement de nom, La Tour, lui, a été intégré dans la Mission depuis déjà longtemps.
En tout cas les dégustations dans ces domaines prestigieux sont quand même un peu chiche... 2 vins sur 2 propriétés !!:(
26 Avr 2015 22:33 #191

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

En même temps, c'est gratuit. Difficile de râler... ;)

Eric
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26 Avr 2015 22:36 #192

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Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Bien sûr... mais quand même, un 2 eme vin ou un millésime plus ancien ...B)
26 Avr 2015 22:39 #193

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Réponse de dkeus31 sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Eric,
Nous n’avions effectivement que gouté la Parde et Haut Bailly 2014 avant le déjeuner.

Le Haut Brion 2007 avait besoin d’oxygène, j’ai dégusté ma deuxième gorgée juste avant de quitter la Mission, il s’était enfin ouvert et devenait envoutant..

amicalement
didier
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27 Avr 2015 11:49 #194

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Le Haut Brion 2007 avait besoin d’oxygène, j’ai dégusté ma deuxième gorgée juste avant de quitter la Mission, il s’était enfin ouvert et devenait envoutant..

Ah ben voilà. Je suis passé à côté 8-)

Eric
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27 Avr 2015 12:17 #195

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Réponse de Benjamin Dgnn sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Allez Eric, on veut le Jour 4 maintenant :D(tu)

Benjamin
29 Avr 2015 15:49 #196

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Réponse de DUROCHER sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Tu nous fait rêver là.Je me souviens de ma visite à Chevalier et de Rémi Edange passionné,passionnant,une de mes plus belles visites et pourtant d'autres aussi furent de grands moments.Cela fait plus d'une décennie,comme le temps passe.....
Bernard
29 Avr 2015 17:32 #197

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Réponse de mgtusi sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Marrant de lire ce fil en parallèle de celui des primeurs 2014...

Michel
29 Avr 2015 18:25 #198

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Réponse de YS sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Bonjour Eric,

Les châteaux sont-ils nombreux à proposer des repas/degustations, comme à Lagrange et Haut-Bailly?

Yann
29 Avr 2015 18:26 #199

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Cela se fait de plus en plus. Nous avons d'ailleurs terminé notre séjour comme l'année dernière par un repas à Troplong Mondot (les Perdrix). On est à un niveau de cuisine assez incroyable pour une "table d'hôte". On est à un niveau 1* Michelin, voire plus (faut dire que le chef a travaillé au Crillon il y a quelques années).

Je pense que l'idée est bonne. Cela permet de servir des crus de la propriété dans des millésimes relativement anciens dans un contexte gastronomique. Y a pas tellement mieux pour l'image d'un domaine (et ça peut être sacrément rentable).

Eric
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29 Avr 2015 19:03 #200

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Réponse de YS sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Merci pour ces précisions.

En tout cas quand je vois le prix évoqué plus haut au Chateau Lagrange, au regard des bouteilles proposés, si l'on compare à la restauration "classique", cela semble plutôt intéressant.

Yann
29 Avr 2015 19:07 #201

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Réponse de claudius sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

merci, je me délecte ... au point que j'ai même senti le parfum enchanteur de Haut-Bailly 1990 ;)
30 Avr 2015 11:11 #202

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Réponse de dkeus31 sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

> Ah ben voilà. Je suis passé à côté 8-)

Eric, tu est passé à côté des 1ers vins de la journée pratiquement toute la semaine ;-)

Encore merci à Mr Edange qui nous a gracieusement offert les fonds de bouteilles des quatre blancs au DDC.

amicalement
didier
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30 Avr 2015 15:34 #203

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Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Eric, tu est passé à côté des 1ers vins de la journée pratiquement toute la semaine

Ah ben non, j'ai beaucoup aimé les vins servis à Latour. Et énormément ceux servis le vendredi matin. Et ne me parle pas du Canon 2006, foireux...

Eric
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30 Avr 2015 15:44 #204

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Réponse de Ludovic Lacasse sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Bonjour,

je suis un des deux organisateurs belges de ces périples bordelais 2014 et 2015 qu'Eric, notre "super consultant", vous narre jour par jour avec talent sur ce fil, avec moult détails

A Lagrange j'avais apporté un Lagrange 1990 de ma cave, la charmante dame qui nous a reçu a spontanément offert d'en ouvrir une autre issue de la cave du château histoire de comparer, gratuitement bien sûr, et alors que les carafes des deuxièmes bouteilles des millésimes 2000 et 2005 étaient encore aux 3/4 pleines

l'accueuil dans la majorité des propriétés bordelaises (bien sûr il y a des exceptions) n'a stridctement rien à voir avec tous les à-priori et autres clichés anti-bordeaux qu'on lit malheureusement bien trop souvet sur ce forum

au château Haut-Bailly on est reçu à déjeuner comme des rois

nous ne sommes pas des professionnels, mais à Latour on nous a ouvert une boutelle de 2003... Note Parker du Latour 2003: 100/100. Peu importe ce qu'on pense de Parker, vous savez ce qu'un 100/100 veut dire en termes d'impact sur le prix de la bouteille

et les exemples sont légions. Vous le découvrirez encore en découvrant le compte-rendu des jours 4 et 5 passés sur la rive droite par notre "scribe" Eric

vous pouvez toujours essayer d'être reçus en Bourgogne dans des propriétés de niveau de prestige équivalent, vous n'êtes pas prêt de voir une porte s'ouvrir pour une visite/dégustation, ne parlons même pas pour un dîner...

on peut préférer la Syrah au Cabernet Sauvignon, pas de problème, mais celui qui dit ne pas aimer le vignoble bordelais n'aime pas le vin, et ceux qui parlent de "bordelais glacés" n'y sont certainement jamais allés...

Ludovic
30 Avr 2015 16:57 #205

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

On peut aussi aimer les vins produits à Bordeaux, du moins certains, dans certains millésimes, avec un vieillissement certain, et regretter, voire même être gêné par ce débordement de luxe et (souvent) de mauvais goût, et/ou par les prix pratiqués par ces domaines qui vous ont, pour certains, si bien reçus.

Luc
30 Avr 2015 17:13 #206

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Réponse de claudius sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

	regretter, voire même être gêné par ce débordement de luxe et (souvent) de mauvais goût,

fais gaffe Luc tu vas bientôt passer pour un communiste ;)
30 Avr 2015 18:52 #207

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Oui, toujours des vignes. Mais manifestement, on a changé de terroir car pas une grave à l'horizon. Normal, puisque nous sommes sur le plateau calcaire de Saint-Emilion. Précisément à Canon. Oui Canon tout court. Ce nom viendrait de Jacques Kanon, corsaire de son état, qui achète le Domaine Saint-Martin en 1760. Il en fait une propriété totalement viticole à une époque où la polyculture est la règle. Mais la mer et le soleil lui manquent. Il le revend dix ans plus tard pour s'installer à Saint-Domingue à un négociant , Raymond Fontémoing, qui possède alors un château Canon à Fronsac.
Il faut pourtant attendre près d'un siècle pour que Saint-Martin (qui est le nom de cette paroisse de Saint-Emilion) soit rebaptisé Canon par l'arrière-petite fille de Fontémoing. Comme elle n'a pas explicité son choix, on ne saura jamais pourquoi. Ce qui est sûr, c'est que les personnes qui avaient racheté le château Canon de Fronsac n'étaient pas contents du tout... Mais bon, ça lui va plutôt bien, vu qu'il domine le plateau avec sa tour crénelée façon Moyen-Âge revisité.
Le canon, nous le retrouvons même dans le cuvier. Ca aurait bien plu au corsaire, ça ;-) Quant au bleu présent un peu partout, c'est celui de la couleur de l'écurie de course des frères Wertheimer (Chanel, Bourgeois), propriétaires du domaine depuis 1996. A noter que le cuvier est en "vrai gravitaire" comme le montre le cuvon installé au premier étage. Les cuves en inox sont à double parois avec un isolant entre les deux, apportant une inertie comparable au béton (et certainement supérieure au bois) mais beaucoup plus facile d'entretien.

Derrière cette porte, le chai à barriques.


Rien d'extravagant. Pas le style de la maison...

En 2011, Canon a racheté le château Matras situé en contrebas du plateau. Le classement de 2012 a entériné la fusion entre les deux domaines. Seul un hectare de Matras rentre dans la production du 1er Grand Cru Classé. Le restant (10 ha) est dédié à la production du second vin, rebaptisé Croix Canon, produit dans une ancienne chapelle superbement restaurée.

L'incontournable visite des galeries souterraines creusées dans la roche calcaire.

Elles sont certainement vides. Contrairement à certains de ses voisins (comme Clos Fourtet, Beauséjour Duffau-Lagarosse, Ausone), le domaine n'est pas convaincu que l'élévage soit optimal dans ces conditions.

Il est certain qu'il faut réguler l'humidité avec un système d'extracteur, mais ça peut le faire...


Des stalactites, rares dans le secteur.


Eh non, ce n'est pas un canon... mais une charrette :-)


Un petit remontant...


Pas fait exprès, mais le flux du vin dans le verre est saisi en pleine action !

Déception : le vin est pour moi imbuvable. Le nez est marqué par des notes de pruneau pas très raffinées, et la bouche est plate, finissant sur des notes amères désagréables. Je le signale à notre guide du jour qui le trouve tout à fait normal (il est évolué, quoi...). Pour en avoir bu un certain nombre de millésimes avec l'équipe technique du domaine, je sais que Canon ne ressemble pas à ça. C'est pour moi l'un des meilleurs vins de l'appellation. Là, beurk...

Bon, allez. J'espère que nous allons nous consoler lors de la prochaine visite : Figeac.
[C'est l'un des plus vieux domaines de l'appellation qui s'étendait bien au-delà de sa surface actuelle, puisqu'il possédait tout le plateau de Pomerol, mais aussi ce qui est devenu Cheval Blanc, la Dominique et les divers "Figeac" qui gravitent aujourd'hui autour.
Une partie du domaine est située sur une superbe croupe de graves rappelant le Médoc. Ce qui explique l'encépagement atypique pour le secteur : 35 % Cabernet Sauvignon, 35 % Cabernet Franc et 30 % Merlot. Cela explique pourquoi son vin est souvent pris pour un "rive gauche" à l'aveugle, avec son côté tendu/longiligne, loin de la rondeur pulpeuse de nombreux "rives droites". Jeunes, ils sont un peu austères, mais en vieillissant, les vins de Figeac deviennent superbes.
En toute logique, vu son terroir exceptionnel, le domaine devrait rejoindre l'élite des "A" de Saint-Emilion. Après le nouvel échec lors du classement de 2012, les propriétaires ont décidé de se remettre en question : la gestion de Figeac à été confiée à Jean-Valmy Nicolas, co-gérant de la Conseillante (Pomerol) et la partie oenologique à Michel Rolland. Une décision qui a fait beaucoup causer, car d'aucuns craignent que le style si typique de Figeac ne disparaisse. Wait and see.
En tout cas, même si les cuves tronconiques donnent un côté traditionnel, nous voyons que le domaine est entré dans l'ère moderne, avec un cuvier rempli par gravité (cf les cuvons ci-dessus)... et même le tri optique !
Figeac a toujours utilisé les pressoirs verticaux traditionnels. Il est passé depuis peu à sa version moderne pilotée par informatique.

Quelques cuves inox, tout de même.


A noter les bondes modernes, totalement hermétiques


Notre guide, connaissant très bien son sujet (ça fait toujours plaisir)


On est du vrai ancien, là...

[img]http://p1.storage.ca[img]http://p2.storage.canalblog.com/22/06/71856/103814044.jpg[/img]nalblog.com/19/89/71856/103813965.jpg[/img]
...avec une touche de modernité ici et là


Là,un mix des deux (avec les caveaux d'anciens millésimes de chaque côté)


Figeac, je crie j'écris ton nom !


A boire, tavernier gente dame !


J'ai bien tenté d'avoir une dégustation du 2014. En vain...

Figeac 2011 : nez plutôt discret sur les fruits noirs mûrs, relevé par du poivre et du tabac. Bouche élancée, bien droite, avec une matière dense de grande qualité, là aussi sur la réserve. La finale persistante est encore stricte sur des notes épicées et végétales (sauge, menthol). Joli potentiel, mais pas du tout prêt à boire...

Ben non, on l'a pas bu, celui-là...

Ayant apprécié le restaurant l'année dernière, nous sommes retournés à la Dominique. Cette photo est de 2014, d'ailleurs, car le temps était vilain en 2015... Quand nous sommes arrivés peu après midi, c'était calme.

Une heure plus tard, c'était blindé...
[size=x-small]Trouverez-vous Stéphane Derenoncourt sur la photo ?[/size]


La cuisine, ouverte sur la salle

Sur mes conseils, nous avons pris la Croix Canon 2011, histoire de ne pas rester sur la mauvaise impression de ce matin (nous ne sommes pas rancuniers...). Good choice : on se régale avec ce vin au fruit intense, aux tannins très fins, d'une grande buvabilité. Le Bordeaux comme j'aime !

Bon choix aussi, ce tartare coupé au couteau non assemblé. Ca m'a permis d'éviter l'oignon cru...


Je suis le seul à avoir mangé des frites ;-)

[size=x-small]Les Belges se méfient de la qualité française...[/size]


Par contre, les fraises, bof. Aqueuses, sans goût...
Si nous avons déjeuné à la Dominique, c'est aussi parce que le restaurant est à moins d'une minute de notre prochaine escale : l'Evangile (photo prise en juillet 2006, un jour où il faisait beau). La visite a été relativement vite expédiée. Notre guide a bien eu du mal à nous passionner. Et nous étions plutôt dissipés, avec peu de questions à poser. Pour une visite plus complète, vous pouvez donc vous reporter à mon article de 2006 (il ne doit pas y avoir eu de gros changements depuis).

Vous trouvez que ce chai a un faux-air de Lafite ? Normal, les Rothschild en sont propriétaires.


Alors, cet Evangile 2014 ?

L'Evangile 2014 : nez exprimant un joli fruit, épicé et cacaoté. Bouche ronde, charnue, avec une matière dense et gourmande, une grande fraîcheur. Très bel équilibre. Finale à la mâche savoureuse relevée par une noble amertume. C'est franchement bon, mais à 103,50 € HT en primeurs, je passe...
Etant donné la célérité de la visite précédente, nous sommes en avance à notre rendez-vous suivant, situé à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau. Le fils des propriétaires, Baptiste Guineaudeau, n'est pas encore arrivé. Mais Omri Ram, le maître de chai israëlien, nous fait patienter avec le sourire.
Ah oui, je ne vous l'ai pas dit : nous sommes à Lafleur, l'un des domaines les plus mythiques de Pomerol. Il appartient à la même famille depuis 1872, avec des allers-retours entre cousins germains. Henri Greloud, déjà propriétaire de Le Gay a acheté les 4,5 ha de Lafleur, situé à proximité de Petrus, Vieux Château Certan et Petit-Village. Dès son installation, il accorde autant de place au Bouchet (Cabernet Franc) qu'au Merlot, souvent majoritaire dans l'appellation. C'est toujours le cas aujourd'hui, et ce n'est pas prêt de changer.
Baptiste Guinaudeau nous rejoint. Si son registre est assez loin de celui de Rémi Edange de Chevalier, il est tout aussi passionnant et passionné. Il fait partie de ceux qui pensent que tout se fait à la vigne. Il va jusqu'à dire que tout le travail du chai consiste à nuire le moins possible au raisin qui vient d'être vendangé.
Ici, chaque pied est traité individuellement en fonction de son âge, de sa vigueur, du sol où il pousse. Car au coeur des 4,5 ha, il y a des profils très différents : graveleux, sablo-graveleux, argilo-sableux ou ... argileux tout court. Cette fameuse argile bleue qui adsorbe toute l'eau qui passe et ne la restitue que très très parcimonieusement, engendrant juste ce qu'il faut de contrainte hydrique.
Au départ, les Pensées de Lafleur était censé être un second vin. Et puis, les Guinaudeau se sont aperçus qu'il y avait une bande transversale sur l'ensemble du domaine qui donnait des raisins légèrement moins qualitatifs. Le sol est un peu plus riche : la vigne est donc moins contrainte. C'est cette bande de 0,7 ha qui donne aujourd'hui les Pensées. Comme elle est oblique par rapport aux rangs, ça complique un peu les choses. Il faut donc baliser avec un ruban la séparation entre les deux "domaines". Selon les millésimes, la frontière bouge de quelques mètres. C'est la dégustation qui permet de voir à quels pieds tout bascule. L'art de la précision.
Ici les sols sont trop précieux pour être mis sens dessus-dessous. Le labour est donc prescrit, remplacé par des griffages ou des sous-solages qui respectent les profils pédologiques.
Et voilà le cuvier de Lafleur. La suite montrera très vite que cela suffit pour faire des vins magnifiques, comme peuvent l'être ceux de Tertre Roteboeuf (avec la même économie de moyens). De quoi se poser la question sur les millions d'euros dépensés dans d'autres propriétés pour arriver au final à des vins moins intéressants. Bah, on va dire que ça crée des emplois, ce qui n'est pas rien en ce moment...

A peu près toute la production annuelle est là...

Nous allons déguster les 2014 des différentes cuvées des Guinaudeau. Le fief familial depuis le XVIème siècle est à Mouillac, juste au nord de Fronsac (mais pas sur l'AOC). La propriété s'appelle Grand-Village, un clin d'oeil étonnant et involontaire à un voisin de Lafleur. La vingtaine d'employés travaillent indifféremment sur les deux propriétés, ce qui permet d'avoir une force de frappe lorsque le besoin se fait sentir. On expérimente souvent à Grand-Village des méthodes qui seront ensuite appliquées à Lafleur si elles s'avèrent efficaces. Mais inversement, ce simple Bordeaux-Sup' profite du savoir-faire d'une équipe engendrant l'un des meilleurs vins du monde. Win-win, comme on dit...

Par ailleurs, les Guinaudeau ont acheté une mosaïque de parcelles sur Fronsac en ne prenant que celles qu'ils estimaient très qualitatives (essentiellement des Cabernets Francs sur calcaire). Ainsi, pas besoin de s'embarrasser avec les moins interessantes. Cela s'appelle simplement G, comme Guinaudeau. Le 2009 était l'acte 1 de cette aventure. 2014 est donc l'acte 6.

La future maîtresse des lieux ;-)

Grand Village rouge 2014 : nez pimpant évoquant le jus de fruits rouges, souligné par des notes florales. Bouche d'une grande douceur avec une matière fraîche et fruitée, pulpeuse. Finale très savoureuse. Miam !

G acte 6 : nez plus bourguignon, avec de la fraîcheur, de la cerise, du minéral, des épices, de la violette. Bouche à la fois charnue et élancée, avec une tension de grande précision, et un p... de fruit expressif. La finale est raccord, sans aucun durcissement, d'une gourmandise diabolique. Miam méga plus.
Pensées de Lafleur 2014 : nez très délicat, aérien, alliant la framboise, la violette, la fumée, les épices... Bouche toute aussi aérienne, avec un toucher soyeux irréel de douceur, et en même temps d'une grande intensité aromatique. Dur de ne pas penser à un très grand Bourgogne. La finale est concentrée, minérale, sans la moindre dureté. Superbe.

Lafleur 2014 : nez plus profond encore, avec une violette plus dominante et les fruits rouges en arrière plan, qui donne envie de se noyer dans le verre. Bouche encore plus tendue et précise que les Pensées, avec une matière plus sensuelle et ensorcelante, vous enrobant le palais et ne vous lâchant plus. Tout en étant une bombe aromatique. La finale est plus terrienne, mâchue, avec un fruit très intense. Quasi interminable. On touche au sublime.

Nous dégustons ensuite les deux vins blancs produits en Fronsadais

Grand Village blanc 2014 : nez très expressif faisant penser à un Sauvignon de Nouvelle-Zélande, sur le bourgeon de cassis et les fruits exotiques (ananas, fruit de la passion). La bouche est ronde, très fraîche, plutôt aérienne, d'une belle intensité aromatique. Fin étonnante sur les fruits rouges et noirs (framboise et cassis).

Champs libres 2014 : nez classieux sur l'agrume confit, le beurre fumé, souligné par des notes finement grillées. Bouche tendue par une acidité implacable enrobée d'une matière séveuse, grasse, mais pas lourde pour un sou. Un équilibre superlatif. Finale explosive, très riche, sur le cassis et la fumée. J'a-dore !

Un très grand merci à Baptiste et Omri pour leur superbe accueil !!!

Il est environ 18h00. Nous sommes attendus à l'extrême-est de l'appellation Saint-Emilion à 19h00. Il faut environ 20 mn pour s'y rendre. Je propose à mes amis de prendre le chemin des écoliers pour nous y rendre et voir les nouvelles "stars" de l'appellation qui se situent dans le même secteur...

Pressac (lire le reportage ICI )


Faugères (lire le reportage ICI )


Mangot (lire le reportage ICI ).


Eh bien voilà : 19h00. Nous pouvons nous rendre à Valandraud.

Je m'étais dit qu'il n'était pas imaginable que l'on puisse faire deux semaines dans les meilleurs crus de Bordeaux sans faire la connaissance de Jean-Luc Thunevin et Murielle Andraud, le couple qui a bouleversé la viticulture régionale au début des années 90. Tout démarre avec une petite parcelle achetée dans la vallée de Fongaban qui permet juste de produire - dans leur garage avec des moyens de fortune - des bouteilles pour les amis et les boutiques de Jean-Luc sur Saint-Emilion. Très vite, elle ne suffit plus à répondre à la demande. Le couple achète quelques autres parcelles dans la plaine. Dans des dégustations à l'aveugle, leurs vins explosent les 1ers GCC.

il faut dire qu'ils sont quasiment les seuls alors à faire un gros travail dans les vignes, avec des petits rendements, un égrappage manuel, du vrai gravitaire, du pigeage à la bourguignonne... En 1996, Valandraud devient lors d'une vente aux enchères le vin le plus cher de la planète. Et un vin culte recherché dans le monde entier.
En 1999, il achète Bel-Air Ouÿ où nous nous trouvons maintenant, afin d'avoir un terroir de grande qualité. Alors que les GCC commencent à tout mettre en oeuvre pour produire des grands vins, il doit pouvoir lutter à armes égales. C'est le cas : on retrouve en effet à quelques dizaines de centimètre de profondeur le calcaire à astéries du plateau de Saint-Emilion. Cela paie, puisqu'en 2012, Valandraud devient 1er Grand Cru Classé. Avec un prix à payer : abandonner la parcelle d'origine, jugée trop loin de la propriété principale.

Jean-Luc et Murielle nous accueillent chaleusement. Tandis que cette dernière veille au grain pour le repas qui va nous être servi, Jean-Luc nous fait visiter le vignoble et les installations techniques. Pas de tape à l'oeil. Que du très efficace. L'idée est de produire le meilleur vin, pas d'épater le chaland. Alors que par exemple tout le monde s'enthousiasme pour le tri optique, il a adopté la Tribaie. Celle-ci différencie les baies non par leur forme et leur couleur, mais par leur richesse en sucre, ce qui est plus pertinent.

En 2014, il est allé encore plus loin avec Calibaie qui retrie les baies en fonction de leur circonférence. Plus elles sont petites, plus le rapport jus/marc est faible, donnant naturellement des vins concentrés, sans avoir besoin de faire de saignées. Bien sûr, les baies rejetées par les deux systèmes ne sont pas mises au compost. Elles rentrent dans la production d'autres vins.
Nous passons à table, accompagnés par Rémi Dalmasso (maître de chai depuis 1998), son épouse Sonia et leurs deux enfants. Plat unique : couscous. C'était non négociable pour ce pied-noir d'origine (et rude négociateur). Au départ, j'avoue avoir douté qu'il puisse mettre en valeur les vins du domaine. Et en fait, non. Ils se sont tous remarquablement goûtés, blanc inclus.
Et puis, au fil du repas, on se rend bien compte qu'on ne peut pas faire plus convivial. On ne cesse de se faire passer les différents plats de sauce, d'agneau, de poulets, de merguez, de pois chiches, d'oignons, etc...

Plaisir du partage !


Le plat a été préparée par une employée de Valandraud d'origine marocaine.


C'est bon comme là-bas, dis . Mais pour de vrai :-)


Pour tous , le meilleur couscous de notre vie !


Servis par le Bad boy lui-même.

Valandraud blanc 2007 : nez intense sur l'écorce de pomelos confit et des notes terpéniques. Bouche d'une grande ampleur avec une matière riche, dense, séveuse à la limite du suave, très aromatique sans jamais tomber dans le too much, idéalement tendue par une fine acidité. Finale superbe sur une noble amertume. Génial, ai-je noté. Je n'ai pas caché mon amour pour ce vin à ma voisine qui n'est autre que Murielle Mumu, la femme qui l'a enfanté. Bravo !
Valandraud rouge 2009 : nez sur les fruits noirs bien mûrs et des notes de tabac, d'épices. Bouche sphérique, très ample, avec une matière dense et soyeuse, caressante, bien équilibrée. La finale continue dans la douceur, sans qu'un tannin ferme ne pointe son nez.

Valandraud rouge 1998 : nez plus évolué sur le sous-bois d'automne, le cèdre et la truffe. Bouche ronde, sensuelle, avec une matière dense, fruitée, au toucher crémeux. Une liqueur de fruit noir sans sucre ni écoeurement.
Clos Badon 2011 : nez plus boisé sur le cèdre et des notes grillées. Bouche à la fois très fraîche et en même temps, douce, veloutée ... et digeste. Finale dominée par le menthol.

Pomerol Clos du beau-père 2010 : nez sur la crème de fruits noirs et les épices. Bouche tendue enrobée par une matière ronde et soyeuse. Finale encore ferme (la seule de tous les vins rouges).

Virginie 2009 : nez frais, plutôt médocain sur le Havane, le cassis et le cèdre. Bouche ample, soyeuse, plus tendue que le vin précédent, avec une finesse et une précision impressionnantes pour un 2009. Finale en douceur, relevée par des notes mentholées/épicées.
La soirée fut un "show Thunevin" bourré d'anecdotes qui ont émaillé la vie de Jean-Luc. Beaucoup de discussions, de rires, d'échanges en toute décontraction. Des heures rares et magiques.

[size=x-small]Rémi Dalmasso[/size]

Eric
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01 Mai 2015 11:44 #208

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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Superbe récit, cette fois encore.
Merci !
01 Mai 2015 12:12 #209

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Réponse de mgtusi sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

La soirée à Valandraud a vraiment un côté sympa. Les merguez avec du St Em'grand cru B, faut oser !

Michel
01 Mai 2015 12:18 #210

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