Je replace ici une discussion née dans le forum Alsace :
Auteur : mouvin
Trimbach - Clos Saint Hune 1992
jeudi 05 mai 2011 10:49:55
Dégusté dans un restaurant qui pratique des coefficients assez attractifs sur les grands vins évolués : Clos Saint-Hune 1992
La robe, brillante, limpide et assez soutenue, semble "jaune paille"... malgré un éclairage tamisé dans la salle qui ne permet pas une analyse visuelle très approfondie...
Le vin sort directement d'une cave climatisée ( à 12°C); il est servi dans un seau à champagne rempli d'eau et de quelques glaçons... Le premier contact avec ce bouquet élégant est déjà révélateur : des notes de fumées et d'hydrocarbures indiquent indéniablement la marque du cépage, roi de l'Alsace. Néanmoins, on décèle assez rapidement d'autres tendances aromatiques : les fruits exotiques (mangues, ananas; citrons confits) et les fruits blancs à noyaux sont très présents (pêche blanche, mirabelle); la famille des arômes floraux n'est pas en reste (avec une touche miellée, accompagnée d'un parfum de sirop d'érable, agréable, mais la température de service initiale, de 1 ou 2°C en trop, selon moi, renforce quelque peu le sentiment de "surmaturité" décelé au nez); enfin, une perception crayeuse (jus de pierre), assez envoûtante, indique la présence d'un grand vin de terroir au fond du verre, qui se vide! Allez, hop, on en reprend pour la suite de l'analyse...
La bouche ample et profonde, d'une grande pureté, avec un caractère salin évident, est particulièrement raffinée... Elle est, à la fois, droite, pure, ample et complexe, avec du gras et sur une belle matière concentrée, mûre, mais sans aucune perception de sucres résiduels. Le rafraîchissement modéré de la bouteille est profitable à ce nectar qui parvient à accompagner l'ensemble du repas avec bonheur... Seul petit bémol : il me semble avoir déjà dégusté, par le passé, des rieslings "Grands Crus" arrivés à maturité, avec une persistance aromatique plus importante. Un grand vin de garde, néanmoins, en pleine forme, et aux lignes totalement épurées... à l'image de son étiquette "mythique"!
Cordialement, Mouvin.
Auteur : Luc Javaux
Re: Trimbach - Clos Saint Hune 1992
jeudi 05 mai 2011 10:57:25
enfin, une perception crayeuse (jus de pierre), assez envoûtante, indique la présence d'un grand vin de terroir
Voilà bien une phrase qui, à elle seule, justifie les dizaines et dizaines de pages de discussion sur la minéralité et sa relation au terroir, ainsi que sur la différence entre un arôme et un goût.
Inutile de dire de dire que je ne suis pas tout à fait d'accord (et c'est un euphémisme) entre le lien qui est fait entre la présence de certains arômes de type pierreux et la qualité du terroir...
Si discussion il doit y avoir, il faudra par contre qu'elle se déroule dans le forum adéquat, afin de ne pas polluer cette rubrique.
Luc
Auteur : mouvin
Re: Trimbach - Clos Saint Hune 1992
jeudi 05 mai 2011 11:16:02
Luc, on est bien d'accord, pour dire qu'on n' est pas vraiment d'accord! En ajoutant cette ligne sur la "minéralité" (perçue ici comme arôme!), j'étais même conscient de ne pas aller dans le sens des vagues... qui dominent sur le thème "mots à la mode et définitions"... Est-ce si grave, docteur ? Le professeur Mac Leod, Président de l'Institut du Goût dit lui-même : "le terme "goût" est porteur d'ambiguïté car ce que l'on nomme "goût" est en réalité une représentation complexe, faite de sensations confondues"...
Ne serait-il pas préférable cependant de prolonger cette discussion cordiale par des MP, pour ne pas relancer la mécanique ?
Cordialement, Mouvin.
Auteur : Luc Javaux
Re: Trimbach - Clos Saint Hune 1992
jeudi 05 mai 2011 13:15:31
Le problème n'est pas que tu perçoive la minéralité comme un arôme, ton CR est clair sur ce point et tout à fait compréhensible, mais bien de lier la perception de ce type d'arôme à la grandeur du terroir.
Et je poursuis ici pour deux raisons, je pense la discussion intéressante pour d'autres et de plus ma messagerie privée a de gros ratés...
Luc
Auteur : hyllos
Re: Trimbach
jeudi 05 mai 2011 13:32:35
J'oserais, en forme de CQFD dire que si la minéralité est la marque d'un grand terroir, notamment par le côté "jus de pierre", alors tous les grands terroirs auraient le même profil aromatique...
Or, ce n'est pas le cas. Et un grand terroir ne se définit à mon avis pas par un arôme mais par une combinaison d'arômes (qui lui est propre) et surtout par une complexité, une structure et une profondeur dans le vin, intrinsèque aux raisins provenant de ce lieu (c'est-à-dire pour simplifier que même un vigneron nul a du mal à rater).
En ce sens je rejoins Luc. Dire que le "jus de pierre" est la marque d'un grand terroir, me paraît des plus étrange. Dire que ce serait la marque du Grand Cru X, serait plus correct.
Salutations vineuses, Matthieu
mouvin
Re: Trimbach
jeudi 05 mai 2011 13:40:31
La complexité aromatique (et l'impact "terroir" que l'on peut légitimement ou non, lui associer ?) ne peut-elle pas s'analyser, simplement, en étudiant la somme des "familles" d'arômes perçus tout en considérant, dans un second temps, leurs qualités respectives (finesse, persistance, complémentarité, ... ) Pour faire simple, l'équilibre général de la corbeille ?
Dans ce cas précis, il me semble évident que les arômes liés à la structure du sous-sol proviennent du terroir "Rosacker"... et pas du cépage ou de la vinification.
Cordialement, Mouvin.