[size=small]- "Chhhhuuut... tais-toi !..... Tu vas nous faire repérer.....
- Plus que 100 m et on arrive....
- Attention ! Fais gaffe au gardien !
- Le gardien ? Quel gardien ?
- Là-haut, dans le mirador ! "[/size]
[size=small]
LPViens : vous êtes surveillés !
[/size]
Planifié de longue date, le hold-up doit se produire quelques centaines de mètres plus loin. Ne manquent que les participants, bien décidés à découvrir quelques perles et pépites amassées depuis longue date.
La twingo vert... bouteille (ça ne s'invente pas !) longe discrètement les murs centenaires de la prison Bonne Nouvelle.
[size=small]
The wall...
[/size]
Pour une bonne nouvelle, comme dirait l'autre, c'est une bonne nouvelle ! Didier nous invite à péter les plombs et, connaissant le philosophe, ça risque de faire des étincelles. Avec ce qu'il doit ouvrir, Legrand et Schneider ne devraient pas sentir les effets de la crise en 2009.
J'arrive le premier et découvre un maître de maison vêtu d'un tablier bariolé resplendissant. Le Didier est en forme, comme Karine, sa charmante épouse, qui attend un heureux événement dans les semaines à venir.
La maison est cossue et chaleureuse. Dans la salle, un magnifique Rameau blanc-crème invite à déguster un armagnac hors d'âge en écoutant du Mötorhead. Tout a été fait pour que nous nous sentions bien.
Mais ? Quels sont ces coups sourds et réguliers que nous percevons au loin et qui semblent se rapprocher ? [size=x-small]Boum[/size]... [size=small]Boum[/size]... [size=medium]Boum[/size]... [size=large]Boum[/size]... On dirait les pas de quelqu'un qu'est pas v'nu là pour enfiler les perles ?
La porte s'entrouvre et la barbe familière de l'Homme-et-demi fait son apparition. Remonté comme un coucou, le Vetshow ! La défaite de son équipe de Hand, la veille au soir, n'est toujours pas digérée. Il est accompagné de son amie et du Gildouille, toujours présent dans les bons coups. Franck et Marie ayant eu l'excellente idée d'arriver en même temps, il ne reste plus qu'à se mettre à table.
Ces derniers ont eu la délicatesse d'amener deux bouteilles de champagne que, pour la plupart d'entre nous, n'avons jamais dégustées.
Le premier vin est plutôt timide, passe-partout dirai-je. Le nez de ce champagne délivre de classiques notes briochées. En bouche, bien que la bulle soit fine, l'effervescence est tout de même très présente. Ce n'est pas très puissant, plutôt aérien, peut-être même un peu trop !
La finale, courte et quelconque, témoigne d'un manque de vinosité. Cependant, servi à l'apéritif avec des dés de parmesan relevés de poivre, il joue parfaitement son rôle de mise en bouche. Un peu déçu tout de même par le nom dévoilé :
Perrier Jouët Grand Brut.
Nous attaquons ensuite le premier blanc qui s'annonce dans une couleur jaune paille avec des reflets dorés un peu plus appuyés.
Le nez est opulent, mais somme toute assez simple : vanille et bois.
Marquée par la noble futaille, la bouche se fait remarquer par sa richesse, son amplitude et son volume. Des notes d'humus apparaissent, marquées par une petite pointe de confiture de lait. Une petite amertume signe la finale du
Bourgogne blanc 2003 du Domaine Comte de Vogüé.
[size=small]
un vrai-faux Musigny blanc !
[/size]
Qu'en penser ? Clairement, au risque de contredire le Roc lovérien, ce vin est bien plus marqué par son élevage que par son terroir. A ce stade, c'est la technique qui parle.
Oh ! C'est bien fait, ça se boit bien, c'est un vin de table plus que de dégustation, mais... Nous sommes plusieurs à ne pas vibrer. Que pourra donner une telle bouteille dans quelques années ? Pierre parie volontiers dessus. Je serais plus circonspect, mais lui donne néanmoins sa chance. En tout cas, de mon point de vue, ce Musigny qui ne se dit pas Musigny ne justifie pas son prix.
Nous attaquons le 1er duel, qui se jouera sur une petite poêlée de coquilles saint Jacques à la cuisson remarquablement maîtrisée.
[size=small]
un molleux à se damner
[/size]
A ma gauche, marqué par une couleur jaune pâle, presque grise, le
Meursault 1er cru Genévrières 2003 de Bouchard.
A ma droite, le
Meursault 1er cru clos des Perrières 2003 de Grivault livre une couleur jaune un peu plus appuyée.
[size=small]
match très intéressant
[/size]
Le Bouchard arrive un peu en force : nez vanillé, boisé, friand, gourmand alors que le Grivault est plus discret, plus minéral. Moins démonstratif, mais ô combien plus classe !
En bouche, les deux vins jouent également dans un registre totalement différent :
Si le Bouchard délivre une bouche ample, ronde, plus minérale et « pointue » que le De Vogüé, le Grivault est très long à se mettre en place. Et pourtant ! Les deux vins ont été carafés. Grivault est marqué par le fenouil sauvage, la mousse, le sous-bois, le champignon frais, le miel d'acacia, le beurre de barate. De son côté, le Bouchard est également marqué par le miel, avec une très légère oxydation et une pointe d'anis.
Avantage à Grivault pour sa délicatesse et sa finesse, même si Bouchard ne démérite pas. Ce dernier présentait d'ailleurs une fin de verre pour le moins incroyable sur la crème brûlée à la vanille Bourbon. Curieuse, mais diablement séductrice !
Je me surprends à découvrir beaucoup d'anis dans les blancs que je déguste et commence à développer ma théorie - pour le moins fumeuse – du référentiel olfactif temporaire®.
[size=small]
anis ? ananas ? citron ?
[/size]
Après une période durant laquelle je n'ai bu que de l'ananas, je commence un cycle anis.
« Hein ? Un cycle anus ? » lance un convive dont je tairai le nom par charité chrétienne. Allez, c'est parti, ça ne fait même pas 10 mn que nous sommes à table. C'est la fin du cycle, Amen !
Avant d'envoyer les rouges, AmadeusMaldoror, que nous appellerons désormais Priape,
[size=small]
sans commentaire !
[/size]
tient à faire un petit cadeau à Gildas. A la suite d'une sombre histoire de voyage commun au salon des vins naturels de Deauville, Priape a décidé d'offrir un maillot de bain à Gildas qui, sous le fallacieux prétexte d'absence de slip de bain, avait décliné une invitation à piquer une tête dans la Manche dans 3 semaines. C'est désormais réparé puisqu'un magistral string (essayez de le dire vite !) est exhibé sous les yeux ébahis, voire franchement envieux dans certains cas, de l'assistance. [size=x-small]oo[/size][size=small]oo[/size][size=medium]oo[/size[size=large]]hh[/size][size=x-large]![/size]
Le chapon qui arrive sur la table marque le coup d'envoi des rouges et d'un deuxième duel.
[size=small]
voyage dans le temps
[/size]
A ma gauche, un vin à la très belle robe brun-rouge.
Le nez dévoile de subtiles odeurs de fraise écrasée et de moka, noyées dans un festival de fumée, de suie et de goudron. Ceux qui ont été soignés au caditar imagineront sans peine ce qu'il y avait dans nos verres.
Bien que complexe, la bouche est fluide et présente une finale assez courte. Connaissant les goûts de notre hôte, j'imagine un très vieux Bourgogne et tombe à la renverse lorque l'étiquette est dévoilée :
Haut-Brion 1972.
« Une bouteille qui fait appel à son intelligence » ai-je noté.
« Meerde ! Oh, Meeerde » QUOI ! Un problème avec Haut-Brion ? Non ! Ce n'est que Didier qui, au bout du 4e essai, n'a toujours pas réussi à cracher juste !
Le 2e vin aurait pu être grandiose si ses saveurs avaient été à la hauteur de sa robe couleur rouille. Le nez est d'emblée très oxydé, xéres, rancio, à mi chemin entre un jaune et un rivesaltes hors d'âge. J'ai l'impression de boire un savagnin très âgé. Il s'agît en fait, vous l'avez lu, du
Grands-Echézeaux 1972 du Domaine de la Romanée-Conti. Pour beaucoup d'entre-nous, c'est la première fois qu'une telle étiquette nous est présentée. Malheureusement, cela n'a plus rien à voir avec un pinot bourguignon, encore moins avec un Grands Echézeaux et, le subodoré-je, avec un vin du DRC. Il finira sa vie dans les égoûts... Quelle tristesse.
[size=small]
Il ne reste à ce Grands-Echézeaux que sa couleur... Quelle déception.
[/size]
Pour mettre fin à ses envies suicidaires, Didier décide de faire un grand bond dans le temps. Une nouvelle bouteille est proposée à la dégustation. Ouverte comme on force un coffre-fort, le rubis foncé coule dans nos verres. Le nez est très fin, avec des notes de feuille de géranium, de cassis et de myrtille. Les tanins soyeux et fondus tapissent nos palais et subliment une essence de fraise des bois teintée de délicates notes épicées.
Que seraient-elles si cette bouteille avait été préparée ! Doucement, le vin se livre, se complexifie, proposant de nouvelles fragrances torréfiées. C'est assurément un noble pinot, mais lequel ?
Clos de Tart 2000 ! Oh ! Nom de Dieu ! C'est mon 2e Clos de Tart ! Moins puissant et ciselé que le 2001, mais tout aussi grand, tout aussi classe. La fin de verre est baroque !
Le responsable de service communication que je suis est immédiatement pris d'une irrésistible envie de lancer une campagne de publicité pour ce Vin. Un truc qui frappe, qui fasse comprendre au
Vulgum Pecus la magie contenue dans cette bouteille. Il faut marquer les esprits, faire comprendre en une image que ce vin est diablement sexy, équilibré, charmeur, sensuel, tendu, accessible, jubilatoire, presque ouvert... Vous connaissez la suite !
[size=small]
Clos de Tart met les âmes à nu
[/size]
Non, Monsieur Pitiot ! Ne me remerciez pas ! C'est un plaisir ! Je me devais de vous récompenser pour votre travail !
Il nous faut tout de même quelques minutes pour reprendre nos esprits avant de passer aux fromages ainsi qu'au 3e et dernier match.
Vous aimez le goût du blanc ? Et bien nous, OUI !
Le
Chevalier-Montrachet 1976 de Bouchard (quoi ? encore lui !) propose une magnifique couleur dorée. A l'olfaction, des notes de crème et de beurre frais, de noisette, d'humus et de salpêtre entament une joyeuse farandole. Cette trame se poursuit en bouche, avec des notes de brioche et de pain chaud soulignées par une petite pointe anisée (le syndrôme du référentiel olfactif temporaire® a encore frappé !).
Nous sommes circonspects. Le vin est encore bien vivant, mais aurait dû, à mon sens, être bu il y a une bonne dizaines d'années.
« T'es happé par un puits sans fond » lance Franck, tombé sous le charme. De mon point de vue, peut-être pas, mais l'accord avec l'époisse livre un festival de saveurs. Il faut savoir que l'époisse se caractérise par son agréable odeur de pied et d'urine de cheval. Le mariage était donc divin.
Face à cette noble origine, un
Meursault 83 de chez... Bouchard ! est présenté. Lui aussi livre une très belle couleur dorée.
« Meursault... C'est ce personnage de Camus, dans l'Etranger, qui m'a fait devenir prof de philo » , explique Didier, un brin nostalgique.
« Fais attention, tu as une cou...e à gauche qui sort, Didier » alerte Franck. La discussion devait s'élever au niveau du Clos de Tart, la voici reprenant une tournure de Blaissac...
Tout le monde pense que ce meursault est bouchonné. L'est-il ? Je n'en suis pas si sûr. Il y avait effectivement un petit quelque chose de désagréable, mal défini, pas très sexy dans cette bouteille un peu terreuse. Mais il y avait aussi des notes miélées et une matière assez riche qui m'ont séduites en dépit d'une saveur persistante de moisissure. La discussion est enflammée jusqu'à ce que l'un d'entre-nous choque l'ami Franck :
« Je ne pense pas que l'ont puisse qualifier ce vin d'espèce de truc » ! déclame-t-il dans un élan d'amour mal contôlé...
« Ce qu'il y a de bien avec Franck, c'est qu'j'peux ouvrir n'importe quoi, je sais que la bouteille s'ra terminée, même si c'est bouchonné » répond notre hôte, mort de rire.
[size=small]
C'qu'y a d'bien avec Franck...
[/size]
Pierre ne dit plus rien depuis quelques minutes. La pression monte. Est-ce le dessert pu l'imminence du match de Hand Ball ?
De son côté, Franck a disparu !
« Et toi, Franck ? A part te mettre sous la table, que fais-tu » ? demande Didier, déchaîné.
« Tu sais, ça lui prend déjà pas mal de temps ! » répond l'Homme au T-shirt.
OUF ! Il est toujours avec nous et sert le
Rayne Vigneau 1999 qui doit accompagner le dessert.
« Tout se mange, même les boules ! » explique Didier pour nous rassurer avant de livrer le fond de sa pensée :
« On devrait mettre ça à l'entrée de toutes les maisons ».
Un joli sauternes, ma foi ! Pas démonstratif, jouant plutôt de la finesse que des bras. Belle robe jaune, bien dorée, nez délicat sur le safran et la clémentine. La bouche est encore sucrée, épicée, avec des arômes assez longs. Un Sauternes très agréable, d'un très bon rapport qualité/prix/plaisir.
Mais quelle est donc cette bronca qui envahit subitement l'appartement ? Nom de Dieu ! Ça joue déjà !
D'habitude discret, plutôt timide, notre pivot nous livre son sentiment par rapport à la partie qui débute :
« J'espère qu'on va leur.......... profond ! » lance-t-il, pour conjurer le sort. Tout est dit.
[size=small]
On ne plaisante plus
[/size]
Les buts croates tremblent, la cage française est transpercée. La tension est à son comble et Didier, se découvrant une nouvelle pasion pour le Hand, décide d'accompagner les bleus au blanc et au rouge !
Mi-temps. Les garçons décident de descendre à la cave. Pierre ne tient plus et, pour faire baisser la pression, réalise un 65/105 de toute beauté ! Le 65/105 est au handballeur oenophile ce que le 69 est aux amoureux : un truc qu'on tente lorsque la tension est à son paroxysme. Sauf que dans le cas présent, cela n'a rien de sexuel. Il s'agit tout simplement d'une figure pour le moins... renversante faisant appel au poids des deux protagonistes ! Il est à noter que le pendant du 65/105, le 105/65 est, malheureusement, irréalisable. De retour dans le salon chauffé à bloc, Didier joue du tire-bouchon.
Alors allons y pour un Saint Aubin de toute beauté ! Hypnotisé par l'enjeu, je n'ai malheureusement pas pris de note. Toujours est-il que c'était quand même rudement bien fait. De son côté, Franck décide d'envoyer un
Taittinger ! Allez ! ça aidera les bleus à se transcender. Peut-être même à gagner, qui sait ?
La bulle est fine, la bouche plutôt sympathique... Un BSA classique, sans vice ni vertu. Nous évoquons de nouveau ce diable de Francis qui, quelque part là-bas, élabore des cuvées pleines de charme. Oh ! La vache ! Karabatic vient de transpercer le but croate ! 19-18 pour le bleus ! Tournant du match ! La prédiction de Pierre s'est avérée juste. Halleluïa !
Didier, véritable Daniel Narcisse, nous élève encore d'un cran en servant un
Grands Echézeaux 1998 de la maison Chanson. Première rencontre avec ce vin présentant un nez magnifique et une bouche très agréable. J'abrège car, à la relecture du message de Pierre, mes sensations sont calquées sur les siennes.
Il est 19 h 30, nous venons de passer quasiment 8 heures ensemble, sans avoir vu le temps passer. Après une telle dégustation, de si bons moments, il est temps de repartir.
[size=small]
une bien belle dégustation
comme nous aimerions en voir plus souvent, ma foi !
[/size]
Nous devons nous revoir d'ici 2 mois, je ne suis pas sûr que ce délai soit respecté.
[size=small]
Heureux les simples d'esprit,
le royaume des cieux est à eux.
[/size]
Vougeot