Le titre de ce fil est un hommage à l'oeuvre de Joël Raimbert

Cela faisait quelques semaines que ma vie de dégustateur était relativement calme. Elle a connu de nouveau un pic samedi dernier. Je n'ai évoqué pour l'instant que le Krug qui fut certainement l'un des sommets, mais il y eut d'autres vins fort sympathiques.

Autour de quelques mises en bouche, nous avons attaqué par une série de 3 champagnes (nous ne faisons pas les choses à moitié : nous explorons ... et explorons encore!).

Le premier paraît tout jeunot. Son nez nez la pomme Granny et la noisette fraîche n'y est pas étranger. En bouche on croque dans la pomme verte, avec son côté désaltérant, finement acidulé et l'on finit sur la pamplemousse avec de gourmands amers, et juste ce qu'il faut d'astringence pour donner envie de vider son verre et de se resservir. J'ai un peu la honte parce que je ne l'ai pas reconnu (mais il ne ressemblait pas à celui que j'ai déjà bu) c'est le blanc de blancs de Larmandier Bernier.

Le deuxième est plus raffiné : nez plus épicé, avec du beurre noisette, de la poire bien mûre. La bouche est ronde, pleine, suave, contrebalancée par des bulles énergiques. Le tout est assez long, avec une bonne tension. C'est ... le Terre de Vertus du même producteur. Un champagne que j'affectionne particulièrement.

Vient ensuite le Krug Grande Cuvée. Au départ, il semble vouloir faire son modeste, histoire de ne pas mettre la honte au précédent. Mais on ne se refait pas. Très vite, il se libére de ses inhibitions et se lâche : on change alors de registre. Du simple violoncelle, on passe à l'orchestre symphonique. Son ampleur vous submerge, sa complexité vous interpelle, sa suavité vous émeut. Plus bouleversifiant, on peut pas...

Puis viennent deux vins blancs...

Le premier a une robe dorée, un nez sur la cire, la poire et la fumée. Si le nez pourrait éventuellement faire penser à un riesling, la bouche douce, suave, me porte plutôt à croire que c'est un pinot gris, tendance VT. C'est bien un pinot gris. Un Muenchberg 1999 d'André Ostertag.

Le deuxième a une robe tirant vers le cuivré. Cette marque d'évolution est confirmé par le nez aux accents de Jerez. La bouche est ronde, expressive, mais manque de relief. Difficile de reconnaître la Cuvée Edmond 1997 d'Alphonse Mellot, déjà bue à plusieurs reprises (dont un magnifique ICI).

Nous passons ensuite aux choses sérieuses : les rouges!

Le premier a une couleur brique, suggérant un âge certain. Le nez sur les fruits compotés, le sous-bois et les cuir le confirme. La bouche est douce, élégante, aux tannins parfaitement polis. C'est vraiment très beau si ce n'est une fin un peu courte. Pas plus surpris que ça d'apprendre que c'est Haut Marbuzet 1982.

Le deuxième, je sais ce que c'est, puisque je l'ai apporté ;o) Le nez est sur les fruits noirs (cassis) et les épices douces. La bouche est fraîche, limpide élégante, avec beaucoup de finesse. Léger durcissement en final, mais ce vin impressionne par son bel équilibre. L'encépagement est introuvable parce qu'improbable : 70% merlot, 15% carignan et 15% syrah. C'est un Merle aux Alouettes 2001 d'Alain Chabanon (Fontcaude).

Le troisième est plus facile à situer. Robe évoluée. Nez sur sur la vieille prune, les épices, la garrigue. Bouche ample, d'une grande douceur, avec une finale chaleureuse. Ca sent le vieux Châteauneuf à 10 mètres. C'en est un Chateauneuf du Pape 1990 de Guigal.

Le quatrième a une robe beaucoup plus rouge et sombre : c'est un jeunot! Le nez a beaucoup de charme, sur les fruits noirs épicés. La bouche est goûteuse, friande, avec une belle matière. Surprise lorsque Sylvain nous dévoile l'étiquette : c'est un Châteauneuf du Pape 2004 du Domaine des Relagnes (un vin que nous avions bu en janvier dernier, mais qui avait alors un défaut).

Le cinquième a une robe très sombre. Un nez d'une grande noblesse. Une bouche ample, veloutée, alliant puissance et douceur. Une finale persistante et épicée. Y a bon! Ca peut : c'est un Hermitage 2005 de Chave.

Le sixième a un boisé plus "luxueux" mêlé à la myrtille et au cassis. La bouche est superbe de velouté et de sensualité, avec un équilbre frôlant la perfection. Finale magnifique. "Une bombe" ai-je écrit (ça doit donc être vrai...). Quelle est cette merveille? Château du baron Pichon de Longueville 2000. Ouah, la baffe! Un Bordeaux de 2000 ça peut être ça??? Serait-ce vraiment le millésime du siècle?

Nous passons aux vins de dessert

Le premier a une couleur cuivrée prononcée aux reflets acajou (ou l'inverse). Le nez est superbe, sur les fruits secs grillés, le caramel, la banane séchée. La bouche est douce, sensuelle, avec une bonne fraîcheur. Le sucre que ce vin contenait a été en grande partie "digéré". La finale est assez courte, mais très sympa toutefois. Il n'y a plus d'étiquette, mais le bouchon indiquerait un Barsac Coutet (ou Broustet?) 1939. Pour un vin de 70 ans, il tient la route ;o)

Le second retrouve une robe dorée, moins évoluée. Le nez a de la fraîcheur, sur l'ananas et les fruits confits. La bouche, moelleuse, possède cette même fraîcheur ainsi qu'un très beau fruité. Ce vin tout en élégance est ... un vouvray Le Mont 1ère trie 1990 du domaine Huet.

Le troisième, je laisserai les autres le commenter. C'est un château Tirecul la Gravière 2005. Apparemment, il n'a pas déplu.

En relisant mes notes, j'hallucine un peu : alors que j'étais dans un état de fatigue avancé, j'ai tout de même pris soin de prendre des notes sur l'eau de vie de poire qui suivait. Bon, pas trop détaillé tout de même. Je lis "nez de poire sur la poire fraîche et séchée. Très aromatique. Bon!"

Après cela, je me suis endormi sur ma chaise. Je ne m'en rappelle pas, mais une photo en témoigne. Lorsque je me suis réveillé, j'ai cru m'être réveillé sur une planète inconnue qui aurait ressemblé à l'Ile aux Enfants. Des gentils monstres tenant un verre à la main m'ont gentiment accueilli.

Et puis je me suis rendormi, sur la banquette, cette fois-ci. C'était beaucoup plus confortable. J'ai passé ma nuit à boire ... de l'eau (1,5 litre, exactement)! Et le lendemain matin, j'étais frais comme un gardon

Eric,
mon CR a venir...
je reviens sur le liquoreux de 1939 sans etiquette. En recoupant l'inscription (partiellement illisible) du bouchon avec le classement des Sauternes et Barsac, j'emets l'hypothese que ce pourrait etre un Chateau Broustet 1939. Voila pour alimenter la these archeonologique !
Benji

PS jolie perf sur le CR de la poire, et commentaire imparable !

Il est vrai que la soirée s'est pour le moins "barrée en torche" sur la fin.

Par ailleurs Eric est humain la preuve:

imageshack.us][img=http://img201.imageshack.us/img201/4554/dscn1564.jpg][/img]

Et quand le chat n'est plus là les souris dansent. C'est çà le deuxième effet kiss cool de la poire à papy...

imageshack.us][img=http://img201.imageshack.us/img201/9263/dscn1565.jpg]

Enfin cette photo est faite, cela faisait quelques temps qu'elle menacée mais elle fit l'objet de plusieurs censures...;)

(tu)Que de belles photos... et je ne parle pas seulement de ce qui se mange ou se boit ...
En tout cas , vos diners donnent sacrément envie !!!

Amitiés,
Bertrand

Ben alors Eric ?!!!! Ça claque Baron 2000 hein !!!
Belle dégustation les gars, en Gunthar attitude en plus

Ben voilà : je sais pourquoi je recrache, d'habitude

Pour le coup, je suis levé très tôt : une dure journée m'attend

9h00 : Lilian Barton 10h00 : JB Delmas (Montrose) 12h00: Las Cases 15H00: Giscours: 17H00: Belle-Vue (Enfin!)

Là encore, j'essaierai de retranscrire cette journée d'une façon littéraire et poétique (on ne sort donc pas du sujet).

Les lâches les aquitains Attendre de dormir pour te prendre sous ton meilleur profile. Tu nous avais déjà fait ce coup là Eric, mais à l'époque (de mémoire avec un PX 71), nous n'avions pas osé prendre des photos !

Gildas, il ne faut pas manquer une occasion photographique, surtout avec Eric ! Je suis heureux d’avoir eu à mes côtés ce soir là une sacrée clique se souvenant la méchante photo qu’Eric avait faite de moi il n’y a pas très longtemps, et qu’il avait affichée sur LPV… Oh le méchant…

Oeil pour œil !

Cordialement

Eric ,dans la position
"repos du guerrier"
cordialement

(tu)

Fantastique !!
Y'a du Guntard dans le Sud Ouest, moi je vous le dis !

Oliv

Par contre messieurs les affreux oiseaux, j'ai retrouver quelques notes qui trainaient sur la nappe le lendemain donc pour les cr...
Pour ma part jouant à domicile je pouvais donc en être dispensé.
J'ajouterai seulement que les deux Larmandier-Bernier on était totalement surpassé par Krug mais quoi de plus normal. Le trerre de vertus m'aa semblé plus vineux et doté d'une mache calcaire plus noble. Un champagne taillé pour viellir (super rapport Q/P selon moi).
Le Muenchberg d'Ostertag ma semblé un peu pato avec un sucre présent mais sans trop mais surtout manquant terriblement d'acidité chose que son copain Mellot avait pour lui ce soir là et le lendemain encore avec sa si belle minéralité qu'on lui connait avec une pointe oxydative sur la pomme cuite de belle race.
Haut Marbuzet 82 à boire, très beau nez mais sans grande finale, dommage. Ce vin n'a pas bougé d'un millimètre depuis son ouverture 8h plus tôt.
Le merle aux Allouettes m'a semblé très intéressant au nez mais çà s'est vraiment compliqué en bouche où l'ensemble m'a parrut décousu, bizarre.
Guigal 90 tès agréable avec une logique dans ce vin de l'attaque à la finale. Ceux qui en on acheté à l'époque on là un exélent compagnon dominical.
Joli rachat à mon sens du domaine des Relagnes cuvée vignerone 04 qqui nous avait laché le mois précédent, bouchoné. Ayant essuyé plusieurs déconvenu avec cette caisse acheté sur le salon des vignerons indépendants de bordeaux, j'ai tenté de contacter le domaine afin de leur signaler mon désapointement mais celui-ci a été vendu à quelqu'un qui ne doit pas vouloir être déranger car injoignable....
Hermitage de Chave 98 (que je n'ai pas su reconnaitre, hou la honte, alors que je l'ai déjà déguster deux fois) joue encore une fois sur la finesse et le classieux avec une longueur longue comme les jambes d'Adriana Karembeu (c'est dire si c'est long pour un mec comme moi qui taille dans les 1m22 les bras en l'air).
Alors que Pichon Baron nous joue la carte de la générosité entière c'est une véritable corne d'abondance et le tout velouté. J'ai le souvenir d'une bouche proche du Pontet Canet 2005 d'un confort à la Isotoner de maman.
Grand moment encore avec cette antiquité de Barsac 39 plein de jeunesse "qui boxe encore" tels le soldat Français qui part au front. Merci Guy....
Le Mont que je découvre enfin avec quelques années et qui me plait toujours autant par son coté bon élève.
Tirecul 2005 d'une épaisseur et d'un gras (je me prends à penser que l'on doit flotté flotté dans la cuve sans pouvoir touché le fond comme sur le lac rose...) qu'on le prit pour la cuvée madame un instant. Eric nous annonce que la madame est encore plus épaisse et encore plus opulente. Dans ce cas là il va falloir une petite cuillère pour attaquer la bête. Il va falloir se programmer une visite / déguste avec le QSCB en terre Périgourdine pour percer le mystère, c'est pour quand Eric???
Puis la fameuse poire à papy qui éteint toutes les lumières que nous avions allumées et par la même quelques âmes en peine tels Nounours versant le sable sur Panprenelle et Eric.
Enfin merci à vous pour votre bonne humeur et votre c......rie naturelle qui fait de vous la meilleure école du savoir vivre à la médocaine.
Bien à vous tous.
Syl20

Un grand merci a Sylvain ainsi qu'a Stéphanie pour leur accueil lors de cette soirée qui, une fois de plus respirait le partage, la joie et la passion œnophile.

Bon, ok j'arrête l'hypocrisie: une grosse session hyper prétentieuse ou nul ne savait reconnaitre quoi que ce soit et qui en devenait limite endormante Seuls les vins tenaient la route! Malgre les efforts d'Eric, la poesie a parfois été bien malmenée en l'absence de nos censeurs habituels.

Voici mes commentaires sur les vins dégustés. Contrairement a certains, je n'ai pas dormi mais n'ai pas non plus craché: certains commentaires sont sommaires et je suis même parvenu à écrire 2 commentaires distincts (heureusement cohérents) sur Haut-Marbuzet!

Larmandier-Bernier Blanc de Blanc Grand cru: nerveux et vif, une bouche explosive et sèche qui ne manque pas de longueur. J'apprécie la légèreté du dosage mais j'aimerais que la vivacité soit un peu plus domptée. Bien

Larmandier Bernier Terre de vertus. Le nez est plus riche, mais c'est en bouche que l'expression m'intéresse plus, avec un aspect pierreux de grand caractère. Bien+

Krug GC. Un très, tres beau champagne. Qui l'eut Krug ? C'est Eric. Voir ici...

Ostertag Muenchberg PG 1999. Le nez charme avec des fruits murs sans excès. Un peu mollasson en bouche, c'est dommage. Bien –

Haut-Marbuzet 1982. Nez immanquablement sur la force de l'âge, beau encore, la bouche se tient encore mais a entamé sa lente descente en retraite, un début d'évanescence, si ca existe. Bien, à boire sans trop tarder.

Le Merle aux alouettes de Foncaude 2001. Charmeur, bon. Bien. (accord particulièrement juste avec le pâté)

CdP Guigal 1990. Rouge évolué et charmeur sur le sureau, le pruneau, la poire et la cannelle. La bouche d'ampleur moyenne est soutenue par son acidité. Bien+

Domaine des Relagnes CdP 2004. Très généreux et incontestablement grenache, l'expression au nez lui fait sembler plus que son âge. Bien+

Hermitage Chave 1998. Une robe sombre mais qui commence à évoluer. Un beau nez (noix, poivre, noyau de prune, fumée). Gros cote sapide et fraicheur. Un très beau vin, néanmoins encore un peu timide dans son expression en comparaison du suivant. TB!

Pichon Baron 2000. Grande rondeur, moelleux caractérisent ce vin dans lequel le Merlot s'exprime a plein, on sent qu'il a commence son évolution. Beaucoup de fraicheur et grande élégance. TB+

Barsac 1939. Pas pris de notes

Vouvray Le Mont 1989. Idem. Mais c'était bon!

Tirecul La Gravière 2005. Ce dernier liquoreux est l'apothéose, il enfonce tout par sa puissance et sa richesse. TB.

Benji