Une semaine dans le Sud
A la mi-août, on fête les Châs !
Ces deux là, je vous jure, la fée de la Mi Août a dû se pencher sur leurs paniers le même jour il y a trois dizaines d'années !
Et elle devait avoir le décolleté sacrément plongeant pour nous les exciter comme ça !
Alors que la cigogne laissait tomber le premier paquet au pays de la mirabelle et des usines qui font la tronche, le second le suivait de près à quelques centaines de kms de là, toujours gracieux, jamais aimable, plongeant ses racines excitées au plus profond des terres occitanes.
L'un en a conservé un léger teint de bidet, un goût certain pour le Gris de Toul et les discussions tranchées quand il s'agit de montrer le chemin aux dames ainsi qu'un rire terrible à faire passer les gloussements d'un Claude Sérillon pour les vibratos virils d'un Barry White.
Le second, tout en réserve mesurée et en diplomatie délicate a construit sa légende autour d'une capacité inédite à vous ratiboiser un de vos apports chéris avec autant de précision et d'acharnement qu'il vous monte un mur en pierres sèches avec une truelle tordue et une main dans l'dos !
Ils sont La paire de Nicos, les VTNistes, nos punks à chien, nos z'affreux, nos Châs !
Autant vous dire qu'entamer une discussion pinard avec ces deux lascars, faut du courage et de la motivation !
Car non contents d'avoir été dotés de la même tronche en biais repérable à 50 bornes par sa cochophobie tenace, la nature les a équipés d'une langue claustrophobe qui ne demande qu'à voir la lumière et s'exprimer en litanies brevetées Père Emptoire© et autres débats interminables sur l'impact du granit sur la syrah de mi-coteau, l'influence des fûts François Frères sur les senteurs d'anchois dans un vin de fermier paternaliste ou encore sur la nécessité de faire pisser les danseuses étoiles avant la pente au lieu d'accuser Virenque d'être assis sur un vélo sans selle pour le motiver à aller plus vite à l'insu de son plein pot !
Enfin bref, je pige souvent queutchi à ce qu'ils déblatèrent mais l'ambiance est rarement aux débats paisibles et au respect du temps de parole.
Bordel de djiou, c'est que souvent, à table, on s'entendrait presque plus liquider les assiettes si on les laissait croire qu'ils ont la direction des opérations, ces deux là !
C'est fini ce cirque, oui ! Y'en a qui voudrait bien manger ! X(
Donc tous les ans, pour respirer, on leur laisse les clés du camion et c'est toute l'Alami Compagnie qui débarque en Cévennes, mains dans les poches, sourires aux lèvres et estomacs dans les talons pour voir ce que notre Duo de Châs a à proposer comme vins, frichtis mimis et autres ambiances du feu de dieu, tout en modération, décibels et autres éclats de voix bien entendu ! -
D'ailleurs, cette année, en forme d'apéro, les loulous ont voulu se la jouer sportifs !
Et comme y'en a toujours un pour la ramener plus que l'autre, ça s'est fini en un-contre-un sur le terrain de basket et en concours de lancer franc du milieu du terrain !
Moi, j'avais prévenu que cette espèce de sport où ça dribble comme on moule un camembert et où le moindre petit chatouillis des entournures donne lieu à sanction arbitrale, je savais pas faire et qu'il allait pas falloir m'asticoter le ballon sous l'nez à coups de dougoudong dougoudong !
Bilan,
y'a eu des bleus, du sang et quelques larmes
...
Pierrot, tu confirmes, y'a pas faute, là, hein ?
Sinon, pour le défi lancer franc, les petits potes, laissez tomber, vous faites pas l'poids...
Le plus fort, comme toujours quand il s'agit de balancer loin et fort,
c'est Magic AirEnzo
!
Bon anniversaire, les z'affreux !
La douche est prise, les blessés sont passés à l'infirmerie, nos femmes sont belles et nos enfants charmants.
La cuisine exhale de délicieux parfums... je crois qu'il est temps de passer à table et découvrir ce que les z'affreux nous ont concocté !
Ça tombe bien, j'avais presque faim...
Champagne Jacquesson, Extra Brut, Cuvée 736
Gaspacho et mousse de chèvre frais
Enzo
Nez oxydatif de noix, noisette, fruits secs et épices.
La bouche est moyennement corsée avec une bulle contenue et plutôt fine mais avec une amertume sensible et une finale de longueur correcte sur la noisette. Pas mal sans plus.
Bien +.
Oliv
Robe claire.
Le nez est assez discret, sur des notes épicées et une pointe oxydative assez nette.
L'attaque est marquée par une bulle un peu envahissante. L'acidité est puissante et le vin me semble manquer un peu de corps pour la compenser.
L'équilibre est incisif mais le vin reste assez statique, refusant de se développer tant aromatiquement que tactilement.
La finale est à la limite de la sécheresse.
Pas convaincu.
Alors que les ingénieurs de la Maison Tronche en Biais décortiquent les qualités et défauts mécaniques potentiels de la bulle du Jacquesson façon "le Moonwalk de son homonyme avait plus d'élégance", moi, je profite dans mon coin de la fraicheur délectable de l'excellent gaspacho concocté par Dame Sylvie !
Domaine Laurent Tribut, Chablis Premier Cru, Côte de Léchet, 2005
Enzo
Nez d'agrumes, une pointe d'élevage légère, de beurre, de chèvrefeuille, de praliné et un aspect mielleux.
La bouche est très chablisienne, évoluée aromatiquement, une touche de malt mais aussi de pralin dans un ensemble riche et super gras mais bien équilibré. C'est dense et de gros volume et très long sur la finale sur le miel. J'ai vraiment pensé à un Dauvissat et forcément j'ai adoré.
Très Bien +.
Oliv
Robe fortement teintée, sur le vieil or.
Nez puissant, évolué, très chablisien par ses senteurs miellés, de praliné avec un côté floral. L'ensemble laisse une impression solaire.
La bouche confirme cette sensation en proposant un volume imposant, manquant un peu de nerf à mon goût.
L'acidité peine en effet à mobiliser une matière large qui tapisse le palais.
Les goûts sont nets quoiqu'évolués, sur le miel tirant sur la cire d'abeille.
La finale est longue mais un peu chaleureuse.
C'est bon mais un peu trop large à mon goût.
Domaine Rapet, Pernand Vergelesses Premier Cru, Sous Frétille, 2005
Enzo
Nez à l'élevage sensible et presque caricatural sur la vanille, la noix de coco, le malt. C'est dominant et cache le fruit.
Étonnamment la bouche est très peu marquée, riche et grasse aussi mais salivante grâce à une belle acidité dans un bon volume d'ensemble sur des notes d'agrumes. C'est équilibré. La finale est moins longue que le précédent pour ce vin encore jeune et à attendre qui a souffert du précédent à mon sens.
Bien +.
Oliv
Robe très claire.
Le nez est terne, sans fruit et assez marqué par un élevage insistant fort peu avenant.
La bouche est bizarre, sur une attaque marquée par une acidité âcre et brutale qui se dissocie totalement d'une matière qui semble statique.
Le vin se pose mais n'avance pas, laissant son acidité suivre seule son chemin et produire ainsi un effet de cisaillement qui confine au désagréable.
La finale est donc fort peu agréable et n'appelle pas du tout à se resservir.
Défaut de bouteille ?
Sardine Belle Iloise, caviar d'aubergine
Petite bouchée gourmande à l'équilibre délicat et très belle réponse aromatique du côté fumé de l'aubergine.
L'accord se fait plutôt bien avec le Chablis, son côté évolué répondant bien à la chair de l'aubergine.
Domaine Georges Viornery, Côte de Brouilly, 2009
Enzo
Nez de poivre doux, floral, bien mûr sur la pêche rôtie.
La bouche poivrée est encore très jeune, primaire, mentholée, gourmande et très fraiche. Belle persistance finale. C'est bien bon.
Bien ++/Très Bien.
Oliv
Robe très sombre, d'une jeunesse évidente.
Nez sérieux, assez concentré, un peu primaire sur les fruits noirs, l'écorce d'agrume et une chaude pointe épicée.
La bouche propose une matière large et ample, avec du fond, laissant une impression de jus sur le palais. L'acidité est en revanche un peu dissociée, provoquant un point de dureté.
Les tanins sont perceptibles sur la finale qui s'éteint assez vite.
Un bon vin.
Domaine du Prieuré St Christophe, Vin de Pays d'Allobrogie, Mondeuse Prestige, 2009
Enzo
Nez poivré, fumé, de violette, encore simple et jeune.
La bouche est pleine, juteuse, elle possède de superbes tannins policés et l'équilibre est majeur. C'est assez aérien même si la densité est là et qu'il a besoin d'encore un peu de temps pour se complexifier. L’élevage est vraiment parfaitement intégré. Longue finale crémeuse avec un fond de verre très pur.
Très Bien (+).
Oliv
Belle robe grenat bleutée.
Le nez est baroque avec des senteurs sur le poivre, les fleurs, le bonbon Florent, le bois de santal.
C'est d'une évidence redoutable et très puissant, sans aucun doute encore trop jeune.
La bouche est remarquablement bien construite, sur un équilibre réussi entre une matière charnue et solaire toute en douceur et une belle acidité qui lui donne de l'allonge. Les goûts sont d'une expressivité remarquable !
L'ensemble est encore un peu trop sur la concentration et l'élevage, par un côté juteux assez impressionnant en l'état.
La précision et la persistance de la finale ne laisse aucun doute sur le potentiel de cette superbe bouteille.
A attendre pour que ce bel ensemble se fonde.
Un futur grand vin sans aucun doute !
Lisette, tomate et citron
Le plat est absolument délicieux, le chair du maquereau impeccablement cuite à la fois croustillante et fondante et l'équilibre entre le juteux de la tomate et le zeste de citron apporte fraicheur et allant au gras du poisson !
Domaine Roagna, Barbaresco, Montefico, 2005
Enzo
Nez d'épices, de fruits noirs, de bois exotique dans un ensemble élégant et plein de fruits à l'aération et notamment la fraise.
La bouche est fraîche, sudiste aux tannins très fins dans un beau volume d'ensemble et déjà complexe. C'est gourmand, bien équilibré avec une finale de belle persistance sur les agrumes avec un fond de verre balsamique. Très bon.
Très Bien (+).
Oliv
Robe très claire, sur un beau rubis.
Nez superbe de précision et de finesse, compromis entre des notes de petits fruits rouges (framboise, fraise) et des senteurs épicées et boisées du plus bel effet.
La bouche est remarquable d’équilibre et de classe, sur une attaque douce et d'une grande suavité à laquelle une haute acidité donne beaucoup de tonus.
La finale se poursuit toute en précision et en déliés, parfaite de fraicheur et de volume contenu, d'une grande délicatesse.
Superbe !
Domaine G&D Vajra, Barolo, Bricco delle Viole, 2005
Enzo
Nez beaucoup plus élevé, balsamique, avec des notes d’acétate amylique, un côté vanillé, bref un élevage un peu vulgaire.
La bouche sudiste est également élevée et mal intégré, moins qu'au nez mais avec une note peu avenante de caramel et un vin pas bien en place qui finit épicé et un peu court. Une grosse déception.
Assez Bien +.
Oliv
Robe trouble un peu marron.
Le nez est brutal, sur un boisé peu élégant, des notes de volatile ou de vernis assez présentes qui masquent un ensemble très épicé.
La bouche est large, avec des chaleurs qui me sont perceptibles.
L'élevage sur le caramel semble très mal digéré et provoque un effet d’écœurement certain.
La finale peu amène, sur des tanins secs et une aromatique assez moche fait qu'on oublie vite son verre pour revenir sur le Barbaresco.
A revoir.
Filet de Fleur d'Aubrac & Piperade, premier service
Les deux zigs se chicorant le museau jusqu'au choix de la bidoche, chacun a prévu son fournisseur !!
Premier service, Le Châ : belle viande pleine de goût et d'une tendreté remarquable !
La piperade de la chef Pique Assiette est explosive de parfums !
Balles neuves !
Château de Pibarnon, Bandol, 1995
Enzo
Nez de figue fraiche, d'épices douces, de bois exotique et une pointe plus animale à l'aération. Ça sent bon, c'est complexe et très frais.
La bouche est ultra gourmande aux tannins superbement fondus sur des notes de fruit compoté. C'est très bien équilibré, fait encore jeune et la finale persistante est salivante et pleine de saveurs. Super bon. Un des vins de la soirée.
Très Bien +.
Oliv
Robe profonde sur des notes tuilées.
Superbe nez franc, très complexe, classieux, compromis de notes sudistes de fruits noirs, de senteurs tertiaires (feuilles mortes, épices douces) et d'une superbe trait vert qui lui donne de l'énergie. Superbe !
La bouche est brillante de volume et d'énergie, à la fois corpulente pour assumer ses origines méditerranéennes et d'une fraicheur remarquable.
L'ensemble produit est aussi puissant que d'une grande buvabilité.
La finale est longue et d'une absolue fraicheur.
Un vrai délice ! Grand vin !
Domaine André Brunel, Châteauneuf du Pape, 1995
Enzo
Passé des notes de réduction légumineuses, le nez fait vieux sur les sous-bois, les épices douces, l'orange amère.
La bouche fait moins évoluée, elle est encore riche, très fraiche, fondue bien sûr mais qui se tient bien et encore vivace malgré une évolution marquée. La gourmandise est au rendez-vous jusque dans la finale plus courte mais correcte. Un vin que j'ai déjà gouté plus jeune mais qui apporte du plaisir malgré cette bouteille qui a vieilli plus vite.
Très Bien.
Oliv
Robe évoluée, un peu tuilée.
Nez brouillon, un peu fatigué, sur le bouillon kub, le céleri, des notes sanguines manquant de fruit.
La bouche est bien mieux en place, offrant une très belle acidité qui mobilise une matière douce et suave.
Si les goûts se révèlent assez nettement tertiaires (épices douces, feuilles mortes), il reste suffisamment de fruit pour apporter allant et fraicheur.
La finale énergique confirme cette impression pour proposer un vin qu'on boit avec plaisir.
Une jolie bouteille qui semblait prête à boire.
Filet de Fleur d'Aubrac & Pipérade, second service
Retour fond de cour remarquable de Pélusse avec une viande au fondant remarquable, au goût peut être moins prononcé que le morceau précédent mais à la texture plus fine.
Mais c'est quoi cette mode de servir la bidoche en copeaux ? Et après, on s'étonne que je squatte la cuisine pour négocier du rabiot, moi ! ()
Domaine Vial Magnères, VDP des Côtes Vermeilles, Ranfio Cino
Robe sur un doré clair.
Joli nez, compromis de notes de fruits secs, de caramel, de boisé fin avec un côté épicé, d'une fine oxydation (plus curry doux que noix).
La bouche est charnue, ronde et solaire mais sans déficit d'acidité. L'ensemble produit est confortable, très agréable par son côté équilibré où l'alcool, l'acidité et les goûts oxydatifs se mêlent avec une jolie cohérence.
La finale n'est pas très longue mais possède un petit goût de reviens-y fort agréable.
Un joli vin.
Quand Nico se met à la sélection du caldos, c'est comme quand son sélectionneur à choucroute d'homonyme sortait du couloir à Geoffroy Guichard en 76 : y'a le chaudron qui bouillonne !
Mas Amiel, Maury, Vintage Réserve, 2009
Moelleux aux myrtilles, sorbet cassis
Enzo
Nez très pur et avenant de cerise confite, café, carbone, épicée et profonde.
La bouche encore serrée est dense au fruit croquant avec beaucoup de douceur et gourmandise. C'est jeune et l'équilibre est remarquable, le sucre absolument pas prégnant et l'alcool insensible. Longue finale sur la myrtille. Un délice de fin de repas.
Très Bien +.
Oliv
Robe noire bleutée impénétrable.
Beau nez capiteux, totalement sur les fruits noirs, la mûre, le cassis mâtiné de nobles senteurs épicées orientales.
La bouche est énergique, sur un volume charnu pétant de fruit, concentré et encore marqué par des tanins fermes qui font saliver.
L'ensemble produit est d'une belle fraicheur, totalement sur des goûts de fruits noirs et avec beaucoup de présence.
La finale est longue et d'une grande précision, sans sucrosité ni alcool qui pourraient créer un effet de fatigue.
Très beau vin !
***
Le lendemain midi, avant de partir...
La Bastide Blanche, Bandol blanc, 2010
Robe sur un doré clair.
Joli nez sur de belles senteurs de fruits jaunes (pêche) avec des notes florales et une pointe chaleureuse.
La bouche est grasse, marquée d'une fine pointe sucrée un peu lourde à mon palais.
L'ensemble est agréable, assez gourmand même si un peu marqué par l'alcool à mon goût.
Joli vin, un peu large toutefois.
Salade de tomates, caillettes, charcuteries et gnama gnama
Domaine Chignard, Fleurie, Les Moriers, 2011
Robe jeune sur de beaux reflets brillants
Nez ouvert, bien mûr sur des notes de fruits noirs, d'abricot et une pointe végétale.
La bouche est ultra suave, bien mûre, sur une jolie matière ronde plein d'allant et de gourmandise.
La finale est facile, simple et évidente, sur un équilibre gracile très agréable.
Mince, c'est le même vin que j'ai bu avant hier chez l'Enzo ?!
Quinze jours, déjà...
Deux semaines que j'ai quitté Paris pour la tournée des amis !
L'étang et la cabane, Monique &Al' et la pêche chez Roland, le Jura, la Bresse...
Les générosités simples et l'accueil toujours tendre du Vaucluse.
La visite de mon Raph', toujours si bon et si gentil...
Corconne, chez Sylvie & Pélusse, où l'on est comme chez soi en mieux...
Nîmes, chez Fio & l'Enzo, quand la chaleur humaine est un foyer qui vous réchauffe l'âme...
Et mon Châ et les siens, sans doute celui sans qui rien ne serait...
On n'est pas rien quand on a des amis comme eux...
Les heures ont passé vite et ma mémoire a fait le plein de bonheur comme mon tour de taille pris deux crans de ceinture...
Il est temps de rentrer.
Vite, sans trop se retourner... y'a le Triloulou qui pointe...
A tous et toutes : merci.
Les amis, c'est la vie !
Oliv