Bonjour à tous,
pour faire un petit point sur ce sujet, j'ai un avis en plein coeur de la campagne:
Avant tout consommateur, comme tous ici et passionné de ce qui se fait ailleurs, je suis aussi producteur. J'avais 2 métiers, le premier à la direction d'un propriété dans la même appellation et l'autre vigneron, et ce, les 2 ensembles pendant 3 ans et demi. J'ai pu donc voir plusieurs facettes des ventes en primeurs ainsi que les augmentations.
pour faire simple et ne pas dévier du sujet, je ne parlerai que de chez moi. Ayant démarré avec 2005, j'ai eu la chance de pratiquer les primeurs, entre autre à un prix paquerette (au ras quoi) car étant nouveau, il fallait avant tout prouver que je produisais de la qualité, faire un prix d'appel et respecter ma passion en vendant au prix que moi j'aurai voulu acheter.
depuis 3 ans, j'ai constaté certes que les prix sont parfois totalement fous. Mais pour certains c'est la rareté, ou plutôt la forte demande, qui fait monter les prix, on le sait tous. Pour ma part, au niveau de la place, je n'ai jamais monter les prix, toujours aussi bas. Je fais aussi du direct où je n'ai pratiqué que 20 centimes depuis 3 ans, alors que la qualité est tout de même plus qu'à la hauteur. Je ne vends pas à la hauteur de mon investissement, c'est moi qui le veut comme ça, passionné avant tout, je ne me vois pas faire autrement.
Quand vous dites qu'il faut bouder les primeurs, je peux, enfin j'y arrive, le comprendre mais j'ai l'impression que toute la région est mise dans le même panier. Les gros, et ceux qui se croient gros ou important, n'ont pas tous la même logique ni une qualité reconnue d'année en année. La seule vérité se retrouve dans la bouteille, après la mise.
pour exemple, je reviens de passer 2 samedi à livrer les primeurs de mon 2006, où j'ai fait découvrir le 2007. Exercice difficile pour ceux qui n'ont pas l'habitude, comme bien souvent pour ceux qui l'ont (ou croient l'avoir...). Les personnes me connaissant ont refait des primeurs, parce avant tout c'est par la confiance que les réservations se sont faites. Les autres (les nouveaux clients) préfèrent acheter les millésimes en bouteilles, sur le fond je préfère, j'y gagne un peu plus. Je vends parce que je me déplace, les gens me voient, m'écoutent, me posent des questions (souvent fort pertinentes pour des simples amateurs), je vais à leur devant, ils constatent que les frais de port sont à ma charge car je viens les voir, tout un tas de petites choses qui démontrent que je ne me fous pas d'eux. Par contre quasiment tous ont une appriori sur "Bordeaux" identique: y'en a marre, c'est trop cher et souvent pas bon (ou plutôt plus bon..).
Alors ma modeste analyse, depuis 2005, j'ai vu ma progression même avec 2007 (si si), je goutte beaucoup et voit que parfois les analyses ne tiennent pas comptes de la difficulté de déguster pendant un élevage. Tous ceux qui banalysent un millésime devraient attendre la mise en bouteille et là, et seulement là pourraient faire une analyse. L'exercice, même pour nous reste difficile, il faut être objectif et c'est pas toujours évident. Alors de grace, un peu d'humilité, un vin en élevage varie souvent, on ne peut s'arrêter sur une seule dégustation. C'est votre analyse que de nous dire les bons ou mauvais résultats de vos dégustations, mais un primeur reste un primeur. Certes, il est parfois difficile de trouver la confiance entre un producteur et un acheteur, mais ce point c'est le producteur qui doit tout faire pour la gagner.
Moi aussi j'ai été déçu par certaines belles maisons où on paye un joli prix, tout en confiance de la notoriété et après ouverture ayant compris qu'il n'y avait rien dans la bouteille. Mais tout Bordeaux n'est pas comme ça, merci pour ceux qui bossent dur et qui mettent toute leur énergie à produire le meilleur et que le meilleur sur un millésime donné. C'est justement sur une "petite année" que nous pouvons nous démarquer.
2007 n'est pas un millésime moyen, fallait justement bosser encore plus, il est juste différent, c'est ce qui fait le charme de notre passion, les vins ne se ressemblent pas d'une année sur l'autre.
A vous de voir qui a donné son maximum, on trouve plein d'analyse judicieuse et méritée, lisez bien, il y a des LPViens qui sillonnent constamment et qui fouinent pour chercher les petites perles.
Quand à 2008, pas la peine de recommencer une analyse comme j'ai pu le voir l'an dernier, je peux juste vous dire que pour le moment ça se passe relativement bien, mais attendons que l'été doit passé (fin le 21/09) nous devrions être à quelques jours, voir quelques heures du début des vendanges, là nous pourrons être logique dans l'analyse.
Au niveau mildiou, avec mon retard sur l'épamprage (pourtant j'y bosse dur...) je n'en suis qu'à 3 traitements de couvertures, le 4ème arrivent en ce début de semaine et je vois quelques taches, mais faut accepter d'en voir quelques unes pour bien suivre l'évolution et adapter son travail.
bon, j'espère avoir répondu à quelques unes de vos questions, mais maintenant faut que j'aille bosser, ça se fait pas tout seul....
Patrick