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Château Pontet-Canet, Pauillac

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Réponse de jallot christophe sur le sujet CR: Pontet-Canet (verticale)

Très belle soirée fort "instructive" hier soir ...avec quelques membres de LPV 33, "invités" par JM comme et M. Tesseron à déguster les 12 derniers millésimes du château et à partager un dîner très "convivial" qui prouve encore une fois que "certains" Bordelais SAVENT recevoir !!!:)

Avant de recopier mes quelques commentaires sur les vins dégustés, un grand MERCI à Vincent L (à l'initiative du projet), à Jean-Michel Comme (toujours aussi disponible et aux propos ô combien enrichissants!), et à Monsieur Tesseron, d'une simplicité , d'une compétence, et d'une convivialité exemplaires!...

Les bouteilles ont été ouvertes vers 18h et dégustées (non carafées, à une température d'environ 18°C) à partir de 20h dans cet ordre:
CR:
PONTET-CANET 1996: un des seuls millésimes que je ne connaissais pas du château depuis 1986 et qui a remarquablement ouvert la dégustation!: une robe soutenue, d'une jeunesse éclatante, nez dominé par de belles notes de cassis bien mûr, de réglisse, de menthol, avec un boisé fort bien intégré; bouche riche, ample, chaleureuse, avec des tanins fermes très élégants et une belle longueur...noté 16,50+

PC 1997: robe soutenue, plus évoluée; nez dominé par des notes de cuir, de champignons, d'épices; bouche plus "ronde", harmonieuse, manquant un peu de densité, avec une légère note végétale en finale; mais un vin qui reste très plaisant, même très bon à vrai dire...noté 15,50+: un millésime que je n'avais pas regouté depuis juin 2000, déjà noté 15,50 à cette époque...

PC 1998: robe soutenue, ayant conservé un bel éclat; nez surprenant, avec une petite note vanillée et un fruit un peu effacé, quelques touches de cuir et de réglisse; bouche harmonieuse,souple, semblant plus riche en merlot (?), sans creux, un peu trop "droite" dans sa structure, mais avec une belle acidité, des tanins encore fermes, une bonne longueur, le potentiel de garde me semblant encore important...noté 16-

PC 1999: robe assez sombre; nez marqué par quelques notes animales, avec une touche de cacao, de café, l'élevage ne m'étant jamais apparu comme parfaitement intégré dans ce millésime, bouche un peu monolithique, avec des tanins un peu durs, voire agressifs en finale...noté 15,50-, soit un peu "mieux" qu'en sept 2007, date de ma précédente dégustation de ce millésime (noté 15 à cette époque)...moyenne à ce jour: 15,25!

PC 2000: robe sombre, très jeune; premier nez torréfié, café brûlé, le boisé ne semblant pas encore totalement digéré, mais des notes de fruits noirs apparaissent très vite à l'agitation; la bouche est imposante, massive, puissante, mais malgré tout savoureuse, se terminant par des tanins très fermes mais d'une grande élégance, et quelle longueur!...noté 17, soit légèrement "au-dessus" de mes 4 dégustations précédentes de ce millésime (jusqu'alors toujours noté 16,50 !)...

PC 2001: robe d'un beau rouge rubis foncé, très jeune; bel éclat; premier nez assez torréfié, avec un fruit très mûr, l'élevage semblant moins marqué sur une seconde bouteille dégustée sur le repas et servie en carafe... superbe matière en bouche, gourmande, avec des tanins encore très serrés, et une belle acidité qui apporte beaucoup de fraicheur à la finale: noté 16,50+: des notes en constante progression pour ce millésime: 15,50+ en fev 05, puis 16 en juin 06, 16- puis 16,50 en mai et nov 08, 16,50+ hier soir!...16,10 de moyenne de notes à ce jour...

PC 2002: robe d'un beau rouge sombre, brillante, très jeune; nez fruité d'une belle pureté, le boisé semblant plus en retrait qu'en 2001: on retrouve ce beau fruit en bouche, avec des tanins fermes et une belle longueur, même si ce millésime me semble manquer un peu de complexité...noté 16+, dans la lignée de ma précédente dégustation fin 2005 (noté 16)...

PC 2003: robe rouge sombre, d'une belle jeunesse là aussi; nez typique du millésime, avec des notes de fruits rouges et noirs très mûrs, presque confiturés: bouche chaleureuse, avec des tanins très présents, et une petite sécheresse en finale...noté 16-...beaucoup moins "flatteur" qu'en juin 07, date de ma précédente dégustation (noté alors 17!); un passage en carafe lui aurait sans doute été très bénéfique!?...

PC 2004: robe sombre, très jeune; nez fruité, cassis dominant, le boisé semblant déjà assez bien fondu; la bouche est riche, dense, précise, avec une concentration et des tanins remarquables, belle longueur: une belle réussite, noté 16,50+, comme en avril 07, date de ma précédente dégustation (16,33 de moyenne à ce jour)...

PC 2005: robe noire, avec quelques reflets violacés; fruit bien mûr, d'une grande pureté et d'une élégance folle, le boisé semblant complétement fondu tant la matière est abondante en bouche, avec une richesse, une ampleur, une harmonie et une noblesse des tanins formidables; une longueur interminable vient confirmer l'immense potentiel et l'immense qualité de ce millésime à PONTET CANET (et ailleurs!)...noté 18...comme en mai dernier!:)

PC 2006: robe rouge violacée, très sombre; superbe fruité, avec une petite note vanillée, mais le boisé ne domine pas, la bouche est harmonieuse, simple, avec des tanins encore un peu agressifs, très marqués par le cabernet sauvignon...ne "souffre" que de passer après le 2005: noté 16+

FORMIDABLE SOIREE...et un magnifique PONTET CANET 1995 servi au cours du repas, avec une grande jeunesse et des tanins encore très marqués...noté 16,50...comme lors de mes dégustations précédentes de ce très beau millésime...au grand potentiel!!!(tu)

PS: le 1994, gouté en novembre dernier est également remarquable, noté 16,50: Quelle belle propriété que ce grand cru classé de PAUILLAC !!!
et bravo à Jean-Michel Comme et à Monsieur Tesseron pour leur "oeuvre" !!!...un seul mot pour conclure: RESPECT (tu)

CHRISTOPHE
" le vin doit rester un plaisir et non devenir un besoin ...même si parfois, on a besoin de se faire plaisir! "
11 Déc 2008 15:46 #271

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Pontet-Canet

Un grand merci à Jean-Michel Comme et à monsieur Tesseron pour l’accueil qu’ils nous ont offert.
Je tiens à relever le haut niveau qualitatif de l’ensemble de la gamme. Même dans les petits millésimes, le domaine parvient à tirer son aiguille du jeu et à produire un joli vin ; dans les grands millésimes, le domaine flirt avec les premiers Pauillac...

Si je voyais Pontet-Canet comme une valeur plutôt sûr du bordelais, désormais, j’en suis certain ! (tu)

Bravo.

Cordialement
14 Déc 2008 19:25 #272

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Réponse de arnaudm sur le sujet CR: Pontet-Canet 1996

CR: PONTET CANET 96 :

Robe rouge sombre , très dense . Nez très expressif de tabac , de beurre , de chocolat , de graphite. Bouche serrée , minérale , corsée , tendue , avec une pointe d'amertume . Un beau fruit (noir) domine l'ensemble . La finale est un peu courte avec un manque d'élégance et des tannins un poil secs , mais je pense que c'est un problème de jeunesse . Plus sec que Ducru 96, moins d'ampleur que Margaux 96, mais j'ai adoré quand même . 17.5/20

"Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur ". O.Wilde
14 Déc 2008 22:36 #273

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Réponse de si le vin... sur le sujet Re: Visite Pontet-Canet

Le mimétisme était pourtant parfait…

Trois coups retentissent à la porte, j’ouvre et j’entrevois dans la pénombre la trogne enjouée de notre cher Ju. Oups, je suis en retard où plutôt c’est lui qui est en avance. Le temps de traditionnelles salutations : une poignée de main virile et deux bises amicales. Je lui autorise un petit crochet par le stand ma femme afin qu’il constate que son ventre pousse de jour en jour. Je lui glisse un petit : « Tu verras quand tu serras grand ta femme sera pareille, en attendant continu à t’entrainer ! ». Ca c’est fait !

Le temps d’un bisou à ma chère et tendre, j’enfile mon manteau en même temps et je file. Cela devient un rituel maintenant, le mercredi c’est dégustation. Dans l’allée, une voiture stationnée nous réserve un accueil thermique des plus sympathiques. A bord j’y retrouve Benoist, Loup et quoi une demoiselle ???? Deux choses :

- Va falloir que je m’y habitue, le QSCB en compte maintenant 3
- Pas de blague sexiste et graveleuse durant tout le trajet

Car ce soir nous partons en virée chez moi. Où çà? Dans le médoc, mon fief quoi. Pauillac pour être plus précis, ville proche de mon St Laurent d’enfance et dont je croyais tout connaitre jusqu’à ce soir. Le lieu est pourtant connu : le château Pontet Canet.

Nous arrivons les premiers et à peine stationné, une porte s’ouvre et une silhouette nous adresse un amical « C’est par ici !! ». Transis par le froid le pas se fait alors plus pressant. C’est Jean Michel Comme qui nous accueille. Le temps d’une poignée de mains dans l’entrée et nous sommes invités à prendre possession des lieux. J’avais remarqué cette pièce dès notre arrivée de part ses grandes verrières superbes. Le temps de suspendre nos manteaux, Jean Michel nous rejoint et très vite le sentiment que cette soirée risque d’être unique, s’installe.

L’ambiance est détendue et chacun peut facilement prendre la parole sans appréhension, les points de vues se confrontent et c’est tout à fait naturellement que le débat se concentre sur la biodynamie (je m’amuse de constater que ce mot n’est pas connu de mon correcteur d’orthographe, comme quoi).
Je m’aperçois avec grand plaisir, que Jean Michel se positionne comme une personne se remettant en cause y compris dans la biodynamie elle-même. En effet, j’ai l’impression d’avoir en face de moi un sage qui peut témoigner qu’au travers de ses questions expériences, ses doutes et désillusions, aucun dogme ne peut affirmer ce qu’il pense et aucune formule ne peut estampiller ce qu’il fait.

Les conversations s’enchainent et j’ai ce sentiment très particulier de me sentir en confiance. Jean Michel nous invite à une visite des lieux. Le temps de nous couvrir, nous traversons la cour et pénétrons dans un premier chai à barriques. L’ambiance est chaleureuse car les malos se font en ce moment même. Le lieu est comme souvent religieux avec un mariage bois, pierre et cuivre que j’adore.

La visite se poursuit par le superbe cuvier. D’imposants foudres nous dressent l’armada principale du château. Nous gravissons quelques marches pour nous rendre compte que le travail est organisé dans le plus grand « bon sens ». En effet, afin de respecter le remplissage par gravitation, les tables de tries sont positionnées directement au dessus des foudres. Logique me direz-vous. Mais pour avoir visité bon nombre de propriétés, c’est bien la plus simple et efficace gravité que j’ai pu voir. Les échanges se multiplient et Jean Michel nous rappelle que dans ce lieu l’homme est au service du vin et non le contraire. Les fermentations démarrent grâce à des levures indigènes et les prises de températures sont faites à la main afin de « sentir vivre la cuve ». Que j’aime cette expression.

Notre hôte nous apprend qu’il finit par connaitre la réaction de certaines cuves et que les caractéristiques de chaque parcelle tendent à être mieux connues. Ma fonction de pédagogue m’oblige à m’interroger sur la transmission de ce savoir acquis au chai et à la vigne. Jean Michel me rétorque qu’il lui est impossible d’apposer une note ou un commentaire sur les subtilités qu’il observe tous les jours. Il emploie également une métaphore que j’apprécie particulièrement en faisant le parallèle entre la vigne et une personne, en soulignant le fait qu’il est bien complexe de pouvoir noter que tel jour celle-ci est joyeuse, ce jour elle a mal réagit à tel propos sans doute car elle est fatiguée… Au fil des échanges, je demande s’il faut alors considérer la biodynamie comme la sociologie du pied de vigne (voire même du grin de raison). C’est semble t-il une définition qui puisse lui convenir. Nous redescendons jusqu’au cuvier béton qui est encore une fois une preuve de l’ouverture d’esprit des personnes qui travaillent en ces lieux pour associer deux matériaux aussi diamétralement opposés que le bois et le béton.

Nous évoquons l’engagement de Jean Michel et de Mr Tesseron dans cette démarche non sans risque. Notre guide nous répond alors avec toute la sagesse qui lui revient qu’en s’engageant sur cette voie qui n’était par ailleurs pas prédestinée mais s’est avérée évidente, il faut pouvoir en accepter deux principes fondamentaux :

- La possibilité qu’une vendange soit bannie totalement ou partiellement
- La capacité à faire ses bagages et renoncer à tout en cas de problème

Dans une société carriériste et dans un domaine comme le vin où tout doit s’inscrire dans la continuité et dans le plus grand contrôle, ces paroles sonnent comme un aveu d’humilité et de faiblesse consentie que la seule passion permet de sublimer pour créer à l’infini à travers une muse sans visage que le temps et les éléments façonnent. Le miroir de ce travail est dans le calice de chaque verre que chacun goutte, commente et apprécie des vins de Pontet Canet. Qu'ils sont rares les édifices de raisons où le bon sens paysan prend le pas sur la technique et les prévisisons hypothétiques.

S’en suit une dégustation sur laquelle je reviendrai plus tard mais dont je salue déjà le niveau très haut et la régularité. Pas vraiment de vin faible avec ceci étant quelques monstres (mon classement : 2005, 2004, 99 (pour la tenue sur l’instant) 2000 (pour l’énorme potentiel). Durant cet exercice Mr Tesseron nous rejoins et modestement déguste les vins en observant nos réactions d’un œil bien veillant.

La suite vous la connaissez, nous nous dirigeons vers le château où nous serons reçus comme des invités de marque (ce que je ne pense être par ailleurs). Et c’est avec la plus grande simplicité que nous abordons ce repas fait d’échanges, de partage et de rigolades.

Je suis entré sur la pointe des pieds dans ce lieu où mon éducation médocaine m’a toujours appris à considérer comme un autre monde. J’y ai découvert la passion de personnes qui vivent par, pour, à travers et ce n’est pas immérite, grâce à la vigne. Nous aurions pu n’être reçu autour d’aucun vin, dans aucune pièce du château, cela n’aurait rien était tant la rencontre avec Mme Comme, Jean Michel et Mr Tesseron fut des plus riches et des plus simple à la fois. Je me suis nourri de leur naturel, j’ai bu leurs paroles.

Il n’a finalement manqué qu’une rencontre à ce moment : la vigne. En effet, nous sommes arrivés à la nuit tombée et donc plus grand-chose à voir. Rare furent les moments où j’ai eu à loisir de disposer d’autant d’attention, de compréhension et d’écoute auprès d’un propriétaire et d’un régisseur. Voilà là des valeurs que je croyais obsolètes dans mon médoc natal depuis que l’élitisme s’écrit avec quatre chiffres et un rang. C’est promis messieurs je passerai bientôt en « voisin » rendre visite à votre vignoble et respirer le bon air Pauillacais en votre bonne compagnie.

Merci pour le don simple et généreux dont nous fumes les heureux bénéficiaires.

Quelques notes sur les vins dégustés sont disponibles sur le site du QSCB ici
17 Déc 2008 21:51 #274

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Les fermentations malolactiques viennent de se terminer. Pendant quelques jours, j’ai douté de les voir finies avant Noël.
En général, c’est le cas ; c'est-à-dire qu’elles finissent début décembre. Cette année, les vendanges étaient en retard, les vinifications aussi, donc il était logique de terminer les malos tard.

Il n’y a qu’en 2002, où un lot de vin n’avait pas terminé sa malo au moment des congés de fin d’année. Avec le recul, ce n’était pas la faute du vin mais une erreur de jeunesse de ma part dans la gestion du remplissage des cuves par gravité au moment des vendanges. Cette technique allonge fortement la durée de fermentation. Je ne le savais pas encore et je me débattais avec des fermentations poussives. Donc, un lot avait fini sa fermentation alcoolique très tard et donc, la malo avait elle-aussi été décalée dans le temps. Elle s’était faite en janvier.
Depuis, ce n’est plus arrivé. On a pris un peu plus de maîtrise sur les fermentations alcooliques « lentes » et les malos sont elles-aussi gérées avec sérieux ; dans la sérénité mais avec concentration.
La moitié de la récolte fait les malos en barriques neuves et l’autre moitié en cuves.
Le vin en cuve est maintenu à 20-22°C alors que pour les barriques, c’est tout le bâtiment qui est chauffé.
Grace à cela, les malos se font bien et naturellement.
Pour nous qui présentons nos vins en primeur au printemps, il est important d’avoir fini les malo assez tôt. En cas de retard, c’est le vin qui risque de ne pas être prêt pour le grand examen qui conditionnera en grande partie sa notoriété future.
On peut ne pas être d’accord avec le système de présentation précoce des vins, mais on n’a pas les moyens de repousser les choses. Donc, on fait pour le mieux en se disant comme tout le monde que c’est trop tôt.
Un vin « pas prêt » se dégustera mal, voire même sera gazeux.
Si les malo devaient se poursuivre pendant les vacances de Noël, il faudrait donc continuer à chauffer les vins et laisser une surveillance en place.
Heureusement, cela n’arrivera pas cette année. Le chauffage des locaux vient d’être coupé et on va ouvrir les fenêtres pour laisser le froid entrer dans les chais et exercer son action bien faisante et clarifiante sur le vin.
Actuellement, de plus en plus de malos sont enclenchées par des « levains » bactériens du commerce. Dans peu d’années, on n’aura pratiquement plus de malos spontanées comme les nôtres. La situation sera alors semblable à celle des levures actuellement.
Certains mélangent aussi levures et bactéries juste après les vendanges, sur le moût. Il me semble que l’on appelle cela de la « co-inoculation ». Il y a aussi des levures « intelligentes » et sélectionnées qui « mangent » l’acide malique à la place des bactéries. On n’arrête pas le progrès ! On n’arrête pas non-plus de repousser les limites de la peur que l’on cultive habilement chez les vinificateurs… Je ne suis pas un spécialiste de toutes ces choses et j'ai du mal à en parler avec pertinence.

Donc, à partir de la mi-janvier, nes vins clarifiés seront soutirés, assemblés et de nouveau laissés au repos au moins un mois avant les premières présentations en primeur.
Le vin, c’est de la poésie mais c’est aussi et surtout au quotidien, un métier avec ses contraintes et ses impératifs…
22 Déc 2008 08:34 #275

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Réponse de Damien G sur le sujet Re: Pontet-Canet

Merci de ces précisions, je pensais qu'il était important de "laisser" faire les malos naturellement même si cela les poussait jusqu'au printemps. Les vins gagneraient-ils en qualité à ne pas être trop chauffer pour prendre du temps?
J'ai compris que vous précipitiez les choses comme tous les châteaux pour les dégustations primeurs, est ce malheureusement au détriment de la qualité du vin comme le laisse imaginer votre dernière phrase?

Damien
22 Déc 2008 09:03 #276

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Je n'ai pas expérimenté les malos au printemps pour les raisons évoquées mais aussi pour ne pas prendre un risque trop important avec les barriques. Je n'ai pas l'impression de baisser la qualité des vins en précipitant les choses. On met le vin dans les meilleures conditions pour une malo naturelle. Précipiter les choses veut dire de mettre des bactéries à un moment donné, pour accélérer le processus.
En faisant les choses au bon moment, il n'y a pas de précipitation. Les choses se font naturellement, au bon rythme.

Mais le monde dans lequel nous vivons ne nous attend pas.

En plus, je ne suis pas sûr de gagner avec les malos au printemps. L'essentiel est fait avant surtout dans la vigne et un peu en vinificaition.
Je pense que la plupart de ceux qui font les malos au printemps subissent avant tout les choses et ne peuvent pas faire autrement pour des questions pratiques et pas pour des raisons "philosphiques".

Mais c'est un vaste débat...

Arriver aux primeurs avec des malos partiellement faites sur un chai, c'est déjà compliqué, mais avec des malo pas faites du tout, c'est suicidaire! Ou alors il faut être plus fort que le marché et dire au monde entier qui vient déguster les vins, qu'il revienne quand le moment sera venu et pas avant.

Je pense qu'il est intéressant pour un amateur de comprendre les grandes étapes de notre métier à un niveau très terre à terre, loin des discours théoriques et coupés des réalités. C'est une fois de plus le but de mon intervention. Je ne prétends pas dire que nous faisons les choses à la perfection ; on fait au mieux comme beaucoup d'autres.
22 Déc 2008 09:53 #277

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Réponse de vine.jo sur le sujet Re: Pontet-Canet

Bonjour Mr Comme,
Je lis avec beaucoup de plaisir votre interventions passionées. C' est vraiment un bonheur et un honeur pour un amateur de vin de suivre les choses comme ça.
J' ai une petite question, si vous voulez.
Les bactéries autochtones pour les malos, sont il présent dans le chais ou dans les vignes?
Et est ce que vous pensez que la plupart des domaines classés usent des levures préfabricés pour les FA et des préparats bactériologiques pour les fermentations malolactiques?
Et si c' est le cas, est ce que la raison est qu' ils tuent les levures dans les vignes avec des produits chimiques?

Avec mes excuses pour mon français, je suis flamand...

Merci beaucoup,

Jo
22 Déc 2008 11:43 #278

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

" Il est dommage de subir les lois commerciales, ça devrait être l'inverse. Pontet Canet s'est donné les moyens de réorienter sa façon de travailler, avec succès, mais s'attaquer aux requins du milieu semble une autre histoire."

On ne subit pas la loi d'un quelconque requin. Le marché mondial est organisé ainsi. Les journalistes ont besoin de faire leurs articles. Les acheteurs ont besoin de connaitre le vin avant les mises en marché primeur,...
C'est déjà magique de voir le monde du vin dans son entier venir une semaine à Bordeaux pour goûter nos vins.
Tous ceux qui profient aussi de l'occasion pour les dégustations "off" et qui viennent parfois de très loin, en sont aussi convaincus.

Le "programme" des malo que nous avons ici à Pontet-Canet est destiné à avoir les 4 pistons qui fonctionnent ensemble, au bon moment et avec une bonne synchronisation.
Je souhaite laisser le plus de liberté au vin tout en l'orientant dans le sens qui nous convient sans le brusquer. Il fait sa malo seul quand il le souhaite. On le met dans les meilleures conditions pour cela.
La France fait la même chose à Rome à la Villa Médicis, où elle héberge des artistes qui sont dans de bonnes conditions de création sans souci d'intendance.
On est un peu la Villa Médicis et l'artiste c'est le vin (ce n'est pas moi, loin de moi cette idée) qui crée quand il le souhaite.
22 Déc 2008 18:54 #279

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Réponse de pep sur le sujet Re: Pontet-Canet 1982

" Quelqu'un aurait-il eu une expérience de Pontet-Canet 1982 ?"

Je viens de boire une n-ième bouteille de ce vin. Il n'a absolument rien de remarquable, mais qui se boit tout seul à table, en semaine, autour d'un repas simple, lorsqu'il serait dommage d'ouvrir "quelque chose de mieux".
22 Déc 2008 22:02 #280

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Réponse de LaurentM sur le sujet Re: Pontet-Canet

Les intreventions de JM sont toujours une mine d'information et de transparence.
Mais si je devais faire du vin (rassurez vous, cela n'arrivera pas ;-), j'aurais décidément du mal avec ces contraintes artificielles.
Je trouve déjà limite que le Beaujolais nouveau doivent impérativement être prêt pour une date fixe, mais des GCC alors 8-)
Et quid si une FA traîne un peu, ou si on en a peur, on ajoute des "sels nutritifs" en prévention, et puis c'est parti, si on rajoute ça, pourquoi pas autre chose, l'attirail oenologique est vaste.?

bonne journée à tous

Laurent

Laurent - Caviste
Mes blogs Vinature et
BrutdeCrayon
23 Déc 2008 08:54 #281

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Cher Laurent,

Si tous les vinificateurs utilisaient aussi peu de produits oenologiques que moi, il n'y aurait plus de fabricants de produits oenologiques...

Est-ce moral ou pas de présenter ses vins en primeur, c'est un débat qui devrait être proposé dans une autre rubrique et qui n'est pas l'objet de mon propos.
J'explique seulement comment on travaille en s'adaptant à des règles "extérieures" et en respectant aussi le vin.

J'aime beaucoup les vignerons du Beaujolais nouveau, mais il y a de la distance entre finir les malos avant Noël sans "intervention commerciale" et mettre le vin sur le marché, en bouteille à la fin novembre!

Bon Noël à toi,

JM
23 Déc 2008 13:59 #282

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Réponse de tof62 sur le sujet CR: Pontet-Canet 2002

CR: Pontet-Canet 2002

Petit à petit, il s'est ouvert sur des aromes de cassis, de groseille, de terre (léger et éphémére) et de cerise à la créme. En bouche, la matiére était présente mais l'élevage digéré, un trés beau vin au superbe équilibre, déjà plaisant mais à garder encore sans souci, le temps lui sera bénéfique.

Au final, aprés 5 heures de carafe, le vin était "à point";), et il ne fut dégusté que 2 heures plus tard, sur un délicieux gigot d'agneau dont belle maman a le secret. L'accord fut idéal.

Il en restait encore un peu pour accompagner un plateau de fromages de la région (hé oui,on ne fait pas que de la biére et des bétises dans le Nord!:D;)). La puissance des fromages était un peu excessive, le vin s'en sort pourtant avec les honneurs!

Opération réussie: tous les convives ont beaucoup apprécié ce vin!

Seul regret, la bouteille est désormais vide et je ne pourrai la finir demain...

Amitiés,

Christophe Lefebvre
25 Déc 2008 20:30 #283

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Réponse de jean sur le sujet CR: Pontet-Canet 1994

Le 25 au soir avec un gigot d'agneau piqué à l'ail nous avons bu CR: PONTET CANET 1994, carafé 2 heures, vin remarquable à tout point de vue : nez sur les fruits noirs, le poivre, le cuir et des notes florales, les tannins sont soyeux à souhait, quelle finesse, très beau vin, à boire dès à présent mais qui se gardera encore volontiers quelques années, je lui mettrai 17/20
27 Déc 2008 17:53 #284

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Réponse de doudou82 sur le sujet CR: Pontet-Canet 2001

CR: Pontet Canet 2001

Bu le 28 décembre, en accompagnement d'une fondue bourguignonne.

Ma première rencontre avec ce château (bah oui c'est bien d'acheter mais il faut déguster de temps en temps).

Le vin a été épaulé trois heures avant faute d'avoir eu plus de temps.
Pour le nez je ne peux en juger j'avais un rhume tout le week-end et donc aucun odorat.
D'après les autres invités, ça sent les fruits des bois. Je goute rapidement ne pouvant humer tous les bons arômes qui se dégage de mon verre.
C'est sur c'est un pauillac, je remarque les fruits (c'est léger mais bien), des notes que je qualifirais d'animal, des tannins agréables.
Le vin n'en fini pas en bouche, on sent qu'il est bien structuré, c'est massif mais tellement bien fait, que dire de plus? Que je l'ai trouvé géant? Et bien oui! En même temps je découvre cette gamme de vin et n'ai pas trop de repère pour en juger correctement.

Antoine B.
30 Déc 2008 19:42 #285

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Réponse de doudou82 sur le sujet Re: Pontet-Canet 2001

... de l'aspect léger des notes de fruits rouges je modifie mon avis, j'ai fini la bouteille hier soir / ainsi que mon nez qui va beaucoup mieux, résultat, un nez toujours plein de notes de fruits, essentiellemet le cassis et en bouche c'est tout sauf léger (désolé pour cet erreur initial). Pour la typicité pauillac je pense (et cela n'engage que moi) au tannins qui commence à s'arrondir mais qui demanderait encore quelques années, il y a la "structure" du vin qui est droite, de part sa puissance, la longeur du vin en bouche. Ensuite je ne dis pas que ce n'est pas valable avec un st julien/ st estèphe et que je ne me tromperais jamais ou que cette bouteille était l'exemple parfait qui caractérise cette appellation. En espérant que j'ai pu te paraitre plus clair.

Antoine B.
31 Déc 2008 23:10 #286

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Réponse de JAD sur le sujet CR: Pontet-Canet 2002

CR: Pontet-Canet 2002 a 7 ans et se porte merveilleusement bien comme nous en avons fait l'expérience ce dîner d'hier soir pour fêter le jours de l'an.
Pontet ouvert hier en fin de mâtinée et carafé 3 heures avant le service à clôt la soirée de la plus belle des façons.
Je me demande bien jusqu'où il ira, car par rapport à me précédente dégustation sur ce millésime lors d'un dîner de gala en juin dernier je l'avais trouver très beau, l'ensemble des critiques masculin aussi.
Hier soir, sur le coq de bruyère que j'avais préparé à cette fin, il s'est révélé d'une puissance assez impressionnante qui n'était pas aussi marqué il y a 6 mois(quoique déjà assez massif), et surtout il est paré d'une finale d'une longueur absolument remarquable, interminable est le meilleur qualificatif.
Incontestablement un des plus beaux Médocs que j'ai pu boire dans ce millésime. Aujourd'hui il est je penses très supérieur au 2001 qui quoique déjà superbe ne m'a jamais laissé l'impression d'un vin qui allait encore beaucoup progresser.
Le 2002 me laisses à penser que d'ici 5 à 10 ans il devrait nous surprendre encore. Je ne sais pas pourquoi, mais ce millésime m'inspire, il était certainement inspiré...

Cordialement,

Jean-Aubert

PS: Les commentaires de dégustation avec les autres vins seront disponibles dans la rubrique dégustation éclectiques.

"En vin est vérité cachée." (Rabelais)
01 Jan 2009 17:21 #287

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Parmi les travaux de l’année, il y en a un qui a une importance majeure pour la vigne, sa production et son avenir. C’est la taille.

Mon but n’est pas ici d’expliquer ce qu’est la taille et à quoi elle sert. Si certains ont besoin de ces précisions, on peut néanmoins en reparler.
Je souhaite expliquer comme souvent, comment elle est organisée chez nous, concrètement.
Historiquement, la taille était réalisée par des vignerons payés au « prix-fait », c'est-à-dire à la tache. Tous les travaux de l’année étaient organisés avec ce mode de rémunération.
Je n’ai jamais aimé travailler comme cela. Certes les gens gagnent très bien leur vie pendant les périodes où ils sont au prix-fait, mais c’est au prix de journées souvent très longues et de cadences très « soutenues ».
C’est un système souple car les gens ne sont payés que lorsqu’ils travaillent et uniquement en fonction de la quantité de travail effectué. Donc, la surveillance du personnel est beaucoup plus simple quand les ouvriers sont à la tache. C’est pour cela que beaucoup de responsables de vignoble aiment le prix-fait ; leur travail est très allégé.
Par contre, on ne peut pas espérer obtenir une grande qualité de travail car les gens n’ont aucun intérêt à soigner leurs gestes, seule la quantité compte. De plus, le travail à la tache peut faire penser à un système d’un autre âge.
Ceux qui se gargarisent aujourd’hui du mot « social » devraient avant tout supprimer de leur quotidien les systèmes de rémunération basée sur la productivité.
Donc, après quelques années de cette organisation, j’ai souhaité faire évoluer Pontet-Canet vers des conditions plus modernes et capables de nous faire exiger des vignerons la qualité de travail souhaitée, quelque soit le temps nécessaire pour y parvenir.
Dans le milieu des années 90, Pontet-Canet (et Lafon-Rochet dont je m’occupais à l’époque) ont modifié leur système de travail pour ne plus avoir que des vignerons et vigneronnes mensualisés. A l’époque, rares étaient les grands domaines (moins de 5 en Médoc) ayant leur personnel totalement mensualisé. Depuis, la situation n’a pas vraiment évolué ; la plupart des domaines paient encore leurs vignerons à la tache.
Pour permettre de proposer des salaires mensualisés cohérents par rapport au système à la tache, il a fallu repenser tous les travaux pour les rendre économiquement et techniquement compatibles avant la réalité du terrain.
Il a fallu plusieurs années pour rôder le système. Maintenant, on peut dire que l’on est arrivé à un rythme de croisière depuis quelques années.
Travailler avec des salariés mensualisés nécessite d’avoir des relations proches avec eux. Je préfère des relations basées sur une présence permanente proche de l’accompagnement plutôt que des relations hiérarchiques strictes et des sanctions. Si le geste d’un vigneron nécessite d’être rectifié, je lui dit, tout simplement lors d’un de mes tours du vignoble une à deux fois par jour.
Je regarde avec circonspection et amusement les exemples de domaines qui notent le travail de vignerons grâce à des fiches d’évaluation consignée dans un ordinateur et qui font ensuite l’objet de « communication » de résultats à l’intéressé. On est entré dans l’ère des « qualiticiens ». Je pense être d’une époque révolue, celle du bon sens tout simple.
Je ne parle même pas du fait qu’il est impossible de juger correctement une taille lorsque les sarments ne sont plus présents sur le pied. Mais ce « détail » ne gêne pas les qualiticiens…
Il faut dire que la plupart de ces gens, n’ont jamais passé une journée avec un sécateur dans la main, et même bien souvent, n’ont jamais taillé un pied de vigne en conditions réelles. Fin de la parenthèse…
Pour éviter de prendre du retard sur les autres travaux au printemps suivant, le planning de taille est fixé pour la saison qui va de la mi-novembre à la mi-février. Chaque vigneron sait parcelle par parcelle combien de jours de travail sont nécessaires.
Tous les 10 jours (un vendredi soir après la débauche), je fais un point précis, personne par personne de l’avancement des chantiers. Chaque vigneron sait alors comment il se situe par rapport au rythme prévu.
Les tailleurs ont appris à travailler avec cet élément que je leur communique.
En cas de retard, il n’y a pas de sanction. Si la vitesse de travail est plus rapide que le rythme prévu, il n’y a pas de bonus.
Pour chaque parcelle, le travail à effectuer est spécifique. Parfois on gagne du temps, parfois on en perd. Je sais quelles sont les parcelles « points noirs », les vignerons aussi. Mais l’essentiel est de faire le mieux possible à tout moment. Si c’est plus difficile, c’est normal de perdre du temps. Si c’est plus simple, c’est logique d’aller un peu plus vite.
Depuis plusieurs années, les sécateurs électriques ont été pratiquement généralisés.
On ne peut pas dire que la qualité de travail soit la même qu’avec un sécateur manuel mais la majorité des tailleurs n’est plus capable de travailler sans l’outil électrique.

Les vignerons taillent et brûlent les sarments au fur et à mesure dans une brouette brûleuse.
Ils brûlent aussi les souches mortes et porteuses de spores des champignons qui les ont tuées.
A l’heure des bilans « carbone », il est de bon ton de remettre en question ce système de travail simple et pratique.
Je ne sais pas comment nous travaillerons dans l’avenir mais je me refuse à créditer des systèmes de pensée qui, sous prétexte d’éviter de dégager quelques grammes de gaz carbonique nécessitent des consommations importantes de carburant pour récupérer les sarments ou les transporter sur un lieu de compostage.
Je regarde avec intérêt autour de moi, les différents systèmes en cours pour « gérer » les sarments. J’essaie de rester objectif en pesant le pour et le contre dans chaque cas.
Je n’ai jamais pensé que d’envoyer dans la vigne un tracteur qui consomme 15 à 20 litres de fioul par heure pour récolter un ou deux hectare de sarments par jour avait une grande logique écologique.
Peut-être que l’utilisation de chevaux de trait pourra amener quelques éléments de réponse à mes interrogations et surtout une attitude cohérente sur toute la ligne. Mais pour cela, il faudra au préalable avoir régler les millions de problèmes qui se présentent à nous pour utiliser les chevaux dans la vigne et donc justifier leur pérennité dans le vignoble.
Enfin, avant de conclure, je souhaitais quand même dire que la taille est effectuée par des personnes mais ceux-ci ne décident que peu de choses. C’est chaque pied de vigne qui donne au tailleur l’information nécessaire pour lui laisser un nombre de bourgeons.
De plus en plus, on entend des cas de domaines où le nombre de bourgeons par cep est déterminé manu-militari par le responsable ou le directeur. C’est une façon de penser à la petite semaine. Il n’y a aucune logique viticole à cela. Le tailleur doit être au service du cep et pas le contraire.
Donc, ce n’est pas à la taille que l’on décide de la quantité de raisins à venir. Si on laisse trop de bourgeons par rapport à la vigueur des ceps, les rameaux ne se développeront pas bien, ne donneront pas beaucoup de raisins et le cep va s’affaiblir.
Si on laisse trop peu de bourgeons, le cep va prendre de la vigueur et des bourgeons que l’on appelle en fait des « yeux », vont chacun donner plusieurs rameaux au lieu d’un seul. Tous porteront des raisins et on aura ainsi une grosse production.
C’est le b-a ba de la taille mais il est utile de le garder en mémoire.
Voilà comment on taille à Pontet-Canet. Beaucoup de choses pourraient être améliorées mais au moins, dans nos actes, on est en phase avec la volonté de faire bien le travail.
05 Jan 2009 11:58 #288

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Réponse de Marc C sur le sujet Re: Pontet-Canet

M. Comme, je me joins aux autres remerciements pour vos interventions.

Pour ce qui concerne le bilan carbone de la taille, il doit être proche de 0 en terme d'émission nette puisque vous brûler de la biomasse : le carbone des sarments provenant du CO2 atmosphérique vous ne faites que "renvoyer" ce CO2 vers sa source de départ en les brulant.
Ce qui est à comptabiliser en émission nette sont les consommations de combustible fossile, d'électricité, etc. nécessaires à cette opération.

Bien cordialement

Marc
05 Jan 2009 16:23 #289

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Il y a le bilan carbone et il y a la réalité de terrain. Rien n’est simple, rien n’est tranché. Chaque technique possède ses avantages et ses inconvénients. Il faut les connaître, les juger et faire au mieux.
Je ne pense pas être capable de maintenir (ou d'améliorer) la qualité actuelle des vins de Pontet-Canet sans émission de CO2, même avec les chevaux dans les vignes. Le zéro émission, c'est un autre projet, une autre philosophie, une autre idéologie. Plus les gens en parlent moins ils en font, mais ce n'est pas notre sujet...

Avant, lorsque les gens vivaient plus « modestement » que maintenant, il semble que tous les sarments étaient récupérés pour être brûlés dans les maisons, pour faire du chauffage.
Lorsque je suis arrivé à Pontet-Canet, les vigneronnes les récupéraient dans les rangs au sol et les portaient dans les sentiers où ils étaient brûlés. Maintenant, on les brûle dans les rangs. On ne rend pas de biomasse mais des minéraux. Ce n’est pas satisfaisant mais pour les broyer dans les rangs (de vigne à 1m), il faut une quantité importante de carburant (comme je l’ai signalé plus haut). Pour les broyer et les faire composter sur une aire de compostage, c’est aussi très lourd en énergie.
De plus, je ne pense pas que le compost de sarments soit l’équivalent du fumier de ferme composté et « ensemencé » avec les préparats biodynamiques. Je préfère toujours ce dernier, qui est selon moi le plus noble des composts.
Quant à la remarque faite plus haut au sujet du travail à la tache par rapport au travail mensualisé. Les tailleurs ont un planning prévisionnel qui leur indique la vitesse souhaitée. Il n’y a pas d’incitation à aller vite, mais il faut aussi toujours garder en mémoire la notion de réalité économique. La vitesse (moyenne) qui est suggérée permet selon moi de tailler correctement le vignoble dans un délai acceptable. Evidemment, si on diminue le travail souhaité par deux, on peut penser que la qualité de taille sera meilleure. Mais il faudra deux fois plus de tailleurs. Tout est toujours une question d’équilibre.
Mais c’est un faux problème. On parle là de gens qui taillent ce qu’ils peuvent, sans dédier leur travail uniquement à la vitesse. Ils n’ont pas non plus à subir les conséquences d’un jour de mauvais temps sur leur fiche de salaire. Parfois, il fait tellement mauvais que les gens n’avancent plus ; même s’ils sont de bonne volonté. A la tache, ils ne gagnent qu’en fonction de ce qu’ils ont fait. Mensualisés, ils ont leur salaire. C’est plus moderne, ou normal, comme on veut.
De moins en moins de dirigeants savent que parfois il fait tellement froid que l’on ne peut plus travailler aussi efficacement ou que lorsqu’il pleut sans discontinuer n’importe quel imperméable va finir par laisser passer de l’eau et qu’à la fin de la journée on sera mouillé dessous, donc pas bien pour travailler.
Tant que l’on ne l’a pas subi au moins une fois, on ne le sait pas et on ne peut pas en parler.
La réalité est souvent moins poétique que les grandes théories mais c’est aussi la vraie vie !!
05 Jan 2009 17:54 #290

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Réponse de jbd340 sur le sujet CR: Pontet-Canet 2003

CR: Pontet-Canet 2003

Carafé trois heures,
Très bon vin mais encore sans doute un peu jeune.
Je m'attendais à beaucoup plus et j'ai préféré le 2002 bu une semaine plus tot.
Pour tout dire, j'ai préféré l'Issan 2004 ouvert juste après.
A attendre encore, sans doute.
JB
06 Jan 2009 13:48 #291

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Réponse de Millésime78 sur le sujet CR: Pontet-Canet 2001

Bonjour,

C'est mon premier CR, j'espere donc que vous me pardonnerez le ton hesitant et les imprecisions eventuelles ..... de plus je n'ai pas pris de notes car le vin a ete bu a table en famille, je donnerai seulement mes impressions.

CR: Pontet-Canet 2001

Le vin a ete ouvert 2h30 avant le debut du repas.
Le premier nez est deja renversant, c'est une explosion de fruits noirs murs envoutante. En faisant tourner un peu le verre commence a apparaitre des senteurs animales et de sous-bois qui donnent au vin une dimension supplementaire.
En bouche cela devient magique. Le vin est d'une puissance incroyable, l'equilibre est majestueux car dans le meme temps une fraicheur presque inattendue vient faire la balance. Quelle fraicheur ! Je n'en revient toujours pas ....
Que dire de la longueur ? Je crois bien que je viens de comprendre ce que veut dire l'expression "longueur interminable" ! C'est une premiere pour moi, et je suis heureux de l'avoir enfin rencontre.

Inutile de vous dire que je l'ai trouve grandiose, et je pense (en toute modestie, je crois meme enfoncer une porte ouverte) qu'il a encore de tres beaux jours devant lui.

Cordialement
Sebastien J
06 Jan 2009 13:54 #292

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Ce fut une dure journée.

Je souhaite simplement en quelques mots dire combien la journée a été éprouvante pour les vignerons, vigneronnes (et autres) qui sont restés dehors à travailler.
Cela peut paraitre ridicule de faire ce genre de remarque mais je souhaitais l'écire car sans ces gens qui travaillent dans leur coin, point de grands vins !

Aujourd'ui, il n'était pas question d'être trop regardant sur les quantités de pieds taillés par exemple car il était vraiment difficile d'avoir un sécateur à la main, même avec des gants.

Lorsque les conditions sont particulièrement difficiles, comme aujourdh'ui ou quand il pleut vraiment fort, je pense avoir le devoir moral d'être dehors moi aussi avec eux ; comme une sorte de solidarité. Je pense que c'est alors moins difficile à supporter pour eux si le "chef" est aussi là sous le mauvais temps alors qu'il pourrait être confortablement à l'abri.

Bien sûr, l'âme de Pontet-Canet est dans les bâtiments, les chais,...

Mais le coeur du domaine bat à l'embauche du personnel, grace aux gens qui font vivre le domaine.

J'espère néanmoins ne pas avoir une demande d'autographe de Bernard Thibaud pour mes propos !!!
07 Jan 2009 18:30 #293

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Pontet-Canet

Jean-Michel, lorsque les conditions météorologiques sont dures comme cette semaine, le travail en extérieur ne peut-il pas être repoussé d’une semaine par exemple, et employer les courageux dans des tâches d’intérieurs ? Un froid comme celui que nous connaissons à Bordeaux cette semaine ne dure en général pas bien longtemps...

Cordialement
09 Jan 2009 13:25 #294

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Les choses ne sont jamais aussi simples que cela.
Certes de journées comme hier et avant-hier sont rares, heureusement. Mais il y a aussi les journées de pluie, nombreuses et autres caprices météorologiques.
Techniquement, les gens peuvent travailler quand il fait froid, mais c’est plus difficile.
Hier, c’était surtout le vent glacial du nord qui était insupportable.
Nous n’avons pas de travail à l’intérieur pour tout le monde. Quand il neige, on trouve une solution. Certains ne peuvent pas venir donc, pour eux c’est facile. Pour les autres, on improvise. Mais, mis à part des demi-journées certaines années, la dernière neige conséquente remonte à 1991. Donc, ce n’est pas fréquent.
En général, on n’atteint jamais ou presque les conditions où on fait du mal à la vigne en travaillant.
Mais, il faut voir qu’il n’y a pas d’un côté les jours agréables et de l’autre les jours insupportables. Dans la réalité, il y a toute la palette de difficultés, de caprices climatiques.
Parfois, le temps devient abominable en cours de journée alors qu’il était acceptable avant. Le contraire arrive aussi.
Il est très difficile de dire à quel moment on passe le seuil de l’insupportable.
Les salariés savent que le travail à l’extérieur est soumis au temps qu’il fait. C’est la même chose dans le bâtiment et les travaux publics.
En étant avec eux le plus souvent possible dans ces moments là, j’ai l’impression de leur rendre la difficulté moins grande.
En ce qui me concerne, je suis toujours heureux lorsque je suis au milieu des pieds de vigne. Quand il fait beau c’est plus agréable. Et s’il fait mauvais, le plaisir est toujours là, même s’il est caché sous des imperméables ou une casquette « avec des côtés pour protéger les oreilles »…
C’est ça d’aimer la vigne. Je vous l’ai déjà dit : sève et sang liés !
09 Jan 2009 18:26 #295

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Réponse de Eric B sur le sujet CR: Pontet-Canet 2001

Bu hier soir le CR: Pontet Canet 2001 : il est dans une bonne période. Je ne serais pas du tout parti pour un Pauillac, car l'on a affaire à un vin fin, élégant, encore sur le fruit, avec des tannins très bien fondus. Vraiment sympa (tu)

Eric
Mon blog
10 Jan 2009 14:25 #296

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

La complantation
L’hiver, avec la taille il y a aussi le long et fastidieux chantier de complantation. Quand je dis complantation, je devrais dire préparation de la complantation, car à ce stade, on ne fait que préparer la terre à recevoir un nouveau plant de vigne au printemps prochain.
Pour ceux qui ne le sauraient pas la complantation c’est le remplacement de pieds manquants dans une parcelle existante.
Dans les vignobles, il y a une mortalité annuelle constante. En remplaçant les pieds manquants, on permet à la parcelle de rester en pleine production et donc aux vieux pieds de pouvoir continuer d’exister pour produire les grands vins. La mortalité annuelle varie en fonction de plusieurs critères. Tout d’abord, il y a l’âge de la parcelle. Plus la parcelle est âgée, plus le nombre de ceps qui meurent est important. C’est la même chose chez le gens. Plus la population est âgée, plus le taux de mortalité est élevé.
Il y a ensuite l’écartement entre les rangs. Plus l’espace entre les rangs est étroit, plus les risques « d’accidents » avec le matériel sont élevés.
Il y a aussi l’entretien du sol. Si le sol est labouré, les risques de « collision » sont plus importants que lorsqu’on pulvérise un désherbant chimique sous le rang sans s’en approcher.
Il ne faut pas oublier non plus les maladies du bois qui tuent bon nombre de ceps tous les ans. Là aussi, c’est un peu comme chez les gens, certains « s’arrêtent » avant les autres. Le but de ce petit texte n’est pas de refaire le monde mais simplement d’expliquer la réalité quotidienne d’un vignoble. Je peux seulement dire que lorsque dans son blog, Corinne (ma femme) affirmait que nous générons les maladies de la vigne, je ne peux qu’être d’accord avec elle.
Notre façon de faire est à la base de nombreux problèmes que nous subissons. Il faut se donner une ligne de conduite sur le long terme, voire même le très long terme. Mais c’est un autre sujet…
En général, on n’arrache totalement une parcelle que dans les cas extrêmes, c'est-à-dire quand le taux de remplacement annuel des pieds morts est objectivement trop important ou que la parcelle avait une « tare génétique », c'est-à-dire quelque chose qui n’allait pas et qui était rédhibitoire. Cela peut être un problème de végétal inapproprié au lieu, un problème d’eau insurmontable,…
Le cas le plus général est de remplacer les pieds morts chaque année dans chaque parcelle.
Le taux de mortalité est d’environ 1,5% par an pour un vignoble comme le nôtre. Mais après les années de sècheresse et notamment 2003, le taux de mortalité a beaucoup augmenté. Il n’y a donc pas que dans les maisons de retraite que la canicule s’est faite ressentir !
Pour cela, il faut préparer le trou au préalable. Cela veut dire qu’il faut faire un trou avec une tarière installée sur un tracteur. Le trou doit être fait suffisamment à l’avance pour que la terre ait le temps de se re-tasser avec la pluie avant la mise en place du jeune plant.
L’idéal est de le faire à l’automne si les conditions sont sèches. Malheureusement pour nous, nous n’avons pas le temps à ce moment là. D’une part, il y a les vendanges puis l’épandage de compost et enfin les labours. On ne peut pas vraiment commencer la campagne de tarière avant la mi-novembre.
En plus de la tarière, nous utilisons un ensemble d’équipements destinés à rendre le travail le plus efficace possible. Il y a principalement un bac (pour y mettre vieilles souches, racines,…) et un plateau de transport de piquets neufs et de compost, un bac d’alimentation en compost et des distributeurs de piquets. Le bac à compost et les distributeurs de piquets sont simplement destinés à fournir à la personne présente les fournitures avec la meilleure ergonomie et le moindre effort. Je n’ai jamais cherché à rendre les choses plus automatiques car la présence humaine reste indispensable. Aussi, pourquoi rendre les choses encore plus complexes alors qu’il y a une personne disponible pour le faire ?
J’avais conçu le matériel pendant mes premières années à Pontet-Canet. Nous n’avions pas encore de mécanicien sur place donc j’avais fourni mes plans au forgeron local. A l’époque, il y avait un nombre impressionnant de pieds manquants à remplacer. Les moyens étaient limités et je voulais que le travail puisse être fait avec la meilleure chance possible de reprise pour le plant tout en ayant une productivité très élevée.
C’est toujours comme ça, pour combler son retard par rapport aux autres, il faut être plus efficace qu’eux mais avec moins de moyens.
A cette époque, les tracteurs avaient un emploi du temps minuté tellement il y avait de trous à faire. Lorsque la pointe de la tarière devait être changée, je récupérais l’hélice en bout de rang. Puis, j’allais chez le forgeron qui installait une nouvelle pointe. Je revenais au Château et tout était remonté avant l’embauche suivante. Les vidanges étaient faites en dehors des 8 heures de travail effectif dans les vignes. Depuis, le rythme a bien changé et heureusement.
Le choix du compost avait lui-aussi fait l’objet de réflexions approfondies de ma part. Je voulais quelque chose de « stimulant » pour le plant sans pour autant prendre le risque de brûler les racines. J’avais donc fait fabriquer un mélange que je pensais être plus adapté à nos sols de graves maigres et très chargées en cuivre par 100 ans de bouillie bordelaise sans raisonnement.
Mon mélange était-il meilleur ou pas ? Je ne le sais pas mais le supplément de coût était suffisamment faible pour ne pas avoir d’état d’âme.
Depuis, le mélange utilisé a changé mais c’est toujours une fabrication spéciale faite à ma demande.
Un jour, j’espère pouvoir employer le compost biodynamique à base de fumier de ferme, additionné de préparats biodynamique et que nous utilisons en fumure sur le vignoble. Mais pour le moment, je n’ai pas le temps de me pencher sur ce « détail ».
Donc pour le moment, nous utilisons un produit du commerce homologué « bio ». Il est fourni en sacs plastiques. J’ai quelques difficultés avec ces emballages car ils ne sont pas trop dans l’esprit qui est le nôtre. Pour le moment, les sacs finissent en déchetterie. Une filière de valorisation est prévue à l’instar de celle des emballages phytosanitaires.
Je n’arrive cependant pas à me faire au mot « recyclable » lorsque je sais que cela veut dire que les emballages sont brûlés pour faire de l’énergie. Pour moi, recycler c’est être re-utilisé pour autre chose, par exemple un sac d’engrais tout neuf. Je ne suis pas né sur la bonne planète, celle du paraitre, du superficiel et du bla-bla comme le disait Corinne, toujours sur son blog.
Pour en revenir à la complantation, la tarière est placée à la place de la souche disparue. On l’enfonce dans le sol pour faire un cratère. Les racines sont alors enlevées manuellement par une personne. On ne peut pas se passer de ce geste de récupération du maximum de racines ; donc il faut un salarié à cet endroit.
Puis la tarière fouille en profondeur pour décompacter le sous-sol. Mais elle ne doit pas remonter de terre des couches profondes. Elle doit donc remonter en marche arrière. Ce mouvement arrière permet aussi d’homogénéiser le compost qui a été jeté dans le trou.
Puis la personne bouche le trou pour éviter que de l’eau de pluie s’y engouffre au prochain orage. L’idéal est de laisser un petit monticule à l’endroit fouillé. La terre va se tasser lentement en fonction de la pluie.
Avant de partir, il faut placer un marquant, c'est-à-dire le petit piquet support. Depuis quelques années, nous plaçons aussi un deuxième marquant de moindre qualité. Il sera mis en protection du plant face aux charrues, pendant les premières années.
Ce n’est pas obligatoire de poser les marquants à ce stade, mais si on pose 10000 marquants de chaque type (sans retarder pour autant le chantier), cela fait toujours un travail de moins pour les vignerons au printemps.
Comme souvent, les conditions climatiques modifient notre programme de travail.
Pour certaines parcelles de merlot sur argilo-calcaire, il n’est pas question d’aller faire les trous n’importe quand. Il faut avant tout ne pas dégrader le sol. Certes, maintenant avec les gros engins puissants on peut pratiquement aller n’importe où, n’importe quand. Mais faut-il pour autant le faire ? Quand je regarde parfois aux alentours, j’ai l’impression que oui. Ce n’est plus ma façon de voir les choses.
Travailler le sol en hiver n’est jamais une chose facile ni sans conséquence. Heureusement, nos sols de graves sont assez conciliants mais il faut être prudent néanmoins.
Souvent, je dis que comme tout organisme vivant, le cep de vigne n’oublie rien (le corps humain non plus d’ailleurs).
Mais le sol non plus n’oublie pas les agressions qu’il peut subir de notre part.
Donc, si les conditions sont incompatibles avec le respect du sol, on change de parcelle, ou on arrête tout simplement le chantier.
Ce fût le cas la semaine dernière lorsque les sols étaient gelés. On risquait de casser le matériel en plus de faire du mal au sol.
Très souvent dans l’hiver, les sols sont humides même s’ils permettent le travail des tracteurs.
C’est une forme de dégradation des sols, sournoise mais réelle à mes yeux. Et maintenant, je ne regarde jamais les tracteurs avec leurs tarières dans les vignes sans avoir un sentiment de malaise. L’effet du compactage est d’autant plus fort que les sols sont humides et les tracteurs lourds.
Notre façon de faire devra évoluer vers plus de respect des sols. Nous envisageons de faire ce travail avec les chevaux pour ne plus avoir le tracteur dans ces conditions.
Mais, comme toujours, nous avons pris du retard dans notre programme de construction de matériel. Toutes les pièces nécessaires sont dans l’atelier depuis des mois, mais le temps manque. Pourtant, il y a urgence de fouiller d’autres voies.
Voilà donc comment nous préparons la vie des nouveaux plants de vigne. C’est fastidieux mais nécessaire.
Qui a dit qu’il n’y avait rien à faire dans la vigne en hiver ?
12 Jan 2009 13:18 #297

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Réponse de Leo17 sur le sujet Re: Pontet-Canet

Pourquoi enlève-t-on les racines de pieds de vignes morts ?
12 Jan 2009 13:30 #298

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Réponse de rzac23 sur le sujet Re: Pontet-Canet

Encore un récit des plus intéressant. Merci de nous ouvrir une fenêtre régulièrement sur la vie de votre domaine.
Les forte gelées ont t-elles eu une incidence plus ou moins fâcheuse sur les pieds ?


Franck L. "Patatement vôtre"
LPV Haute Normandie.
12 Jan 2009 13:35 #299

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Réponse de Jean-Michel Comme sur le sujet Re: Pontet-Canet

Les racines des pieds morts sont souvent porteuses de champignons et autres "nuisances" pour les nouveaux plants.
Chaque fois que l'on arrache une parcelle, il est nécessaire d'extraire le maximum de racines et de laisser la terre se reposer. Cela permet aussi à la pression des parasites du sol de diminuer. C'est le même principe que les vides sanitaires entre deux générations de poulets dans les élevages. On casse les cycles de ravageurs. Il y a bien longtemps que j'ai arrêté les désinfections chimiques des sols avant replantation. C'est une chose horrible qui est une aberation environnementale et aussi technique car on détruit tout sans discernement mais pas que la maladie, qui n'est d'ailleurs jamais totalement atteinte!
Comme le disait fort justement Mitterand, "il faut laisser le temps au temps".

Pour les complants, on ne peut pas être aussi performant dans la préparation du sol, mais on fait au mieux en enlevant à la main les racines de la souche morte.

Pour répondre à la question suivante sur l'effet du gel, il n'a pas fait assez froid pour que la vigne soit atteinte.
12 Jan 2009 14:06 #300

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