C’est avec ce thème alléchant que l’ami Claude nous a invités à la dégustation de septembre du club Amphores de Bourges.
Deux appellations voisines et moins prestigieuses que d’autres, mais qui peuvent nous réserver de belles surprises, avec un très bon rapport prix / plaisir.
Les deux appellations produisent plus de rouges que de blancs, avec même un rapport de un à six pour Monthélie, et nous dégusterons donc un blanc et trois rouges de chaque appellation, en très grande majorité sur 2019.
Mais avant de commencer, comme toujours, un vin mystère hors thème, à l’aveugle.
Les Chemins de l’Arkose – Côtes d’Auvergne – Au pied du mur – 2021
La robe est bien dorée pour un chardonnay jeune : influence de la variété de chardonnay muscaté ?
Peu intense, le nez montre cependant une aromatique assez prononcée, très axée sur les fruits exotiques, avec une nuance mentholée. J’y décèle un peu de muscat, mais seulement une fois l’étiquette découverte.
D’une constitution svelte et dotée d’une chair peu aromatique, nettement moins qu’au nez, la bouche semble manquer d’acidité, sauf en finale où elle se montre plus juteuse et salivante.
Assez Bien + pour ce vin sans défaut mais sans caractère. D'autres dégustateurs ont plus apprécié semble-t-il.
Domaine Eric Bonnetain – Auxey-Duresses blanc – 2019
La robe est d’un or moyen.
Le nez dispose d’une belle intensité et d’une aromatique équilibrée entre arômes primaires (fruits blancs, noisette), secondaires (brioche) et tertiaires (grillé, vanille).
La bouche, relativement ample et habillée d’un voile de gras, est encore marquée par l’élevage, sur une aromatique vanillée et boisée. L’acidité ressort bien en finale, se montrant ainsi prometteuse, d’autant que l’allonge est tout à fait correcte.
Bien ++ mais à attendre.
Domaine Piguet-Chouet et Fils – Auxey-Duresses rouge 1er cru – Le Val – Cuvée Stéphane – 2019
La robe n’est pas si claire pour un pinot noir, et très violacée sur la frange.
D’intensité moyenne, le fruité passe d’abord au second plan derrière des notes désagréables de type sueur, qui vont heureusement s’effacer à l’aération dans le verre. La cerise et la mûre apparaissent alors, accompagnées de notes fumées.
La constitution charpentée de la bouche est renforcée par des tanins solides et accrocheurs, ainsi que par un fruité certes beau mais sombre. La finale de longueur honnête est plus précise.
Bien + et à attendre pour que tout se mette en place et s’affine.
Domaine Pascal Prunier-Bonheur – Auxey-Duresses rouge 1er cru – Les Duresses – 2019
La robe est assez claire, dotée de reflets violine peu marqués.
Intense et net, le fruité du nez s’axe sur la cerise, juste teinté de framboise et d’une touche boisée élégante.
La bouche allie, avec un bel équilibre, une gourmandise de fruit, un boisé intégré (20 % de fûts neufs), de la fraîcheur et de la rondeur. Les tanins sont déjà apaisés et la persistance toute en finesse.
Très Bien (+) pour ce beau vin qui peut déjà être fort apprécié et peut également attendre quelques années.
Domaine Taupenot-Merme – Auxey-Duresses rouge 1er cru – 2019
Il s’agit d’un assemblage des premiers crus Duresses et Grands Champs.
La robe assez sombre paraît bien jeune.
Le nez d’une bonne intensité et profond, nous envahit de fruits très noirs, de mûre et de cassis.
La chair très mûre et consistante offre de la mâche, avec des tanins généreux et arrondis. L’acidité est calibrée au niveau minimum requis et la finale dure grâce à l’élan en force de la matière.
Bien ++ mais avec un profil qui évoque la syrah, à attendre impérativement
Domaine de Montille – Monthélie blanc 1er cru – Les Duresses – 2018
La robe est paille bien claire, quasiment translucide.
Le nez intense associe fruits blancs, avec de la poire de plus en plus prégnante à l’aération, et brioche beurrée, ainsi qu’une infime note grillée.
Malheureusement la bouche n’est pas du tout au même niveau, plate et manquant cruellement d’acidité. Il y a certes une bonne rondeur mais sans volume. Le boisé reste relativement léger et la finale est correcte mais ce vin n’a pas su éviter les pièges du millésime.
Bien (+)
Domaine Pierre Morey – Monthélie rouge – 2019
La robe plutôt sombre affiche de beaux reflets violets.
Intense, le nez exhale un fruité noir et légèrement confituré sur le cassis. Des arômes floraux et une petite acidité volatile sont bienvenus pour l’équilibrer avec une belle fraîcheur.
Le premier acte en bouche prend un caractère confortable et flatteur, grâce à un beau fruit, une sensation chaleureuse voire capiteuse, et un toucher soyeux. Mais ce n’est que dans le deuxième acte que l’acidité arrive, devenant même pointue dans la finale de bonne allonge. L’ensemble dispose donc de qualités, mais assez dissociées et demandant à se fondre.
Bien ++ / Très Bien pour ce vin typé grenache qui doit être attendu
Domaine Pascal Prunier-Bonheur – Monthélie rouge – Les Crays – 2019
La robe est assez sombre et jeune.
Le nez intense présente un fruité chaleureux, mais dans le bon sens du terme, avec des fruits rouges bien mûrs de cerise, fraise et framboise, agrémenté d’une touche de ronce appréciable.
L’harmonie de la bouche est complète car le fruité charnu est bien mobilisé par une bonne vivacité et soutenu par des tanins fondus. La grande persistance de la finale est magnifiée par sa délicatesse et la belle salivation induite.
Très Bien + pour ce très beau représentant de l’appellation, qui peut au choix être bu ou attendu pour un supplément potentiel de complexité.
Domaine Faiveley – Monthélie rouge 1er cru – Les Champs Fulliot – 2019
La robe est entre deux en termes de densité, mais bien jeune par la teinte violacée de ses reflets.
D’une bonne intensité, le nez se révèle sur un fruité net et pur, mêlant cerise et framboise, juste rehaussé d’une touche fumée complexifiante.
La bouche est d’un équilibre d’école, conjuguant finesse et densité, s’appuyant sur de solides atouts comme une matière mûre, une acidité qui apporte de la relance, un boisé à peine perceptible et un toucher de velours au grain fin. La finale effilée permet de l’apprécier longuement.
Très Bien + pour ce vin de belle maison de négoce qui applique tout son savoir faire à des appellations moins prestigieuses.
Nous terminons donc en beauté cette dégustation riche d’enseignement, à l’heure où les prix des Bourgogne flambe.
Monthélie semble se distinguer en rouge, mais ce n’est pas significatif avec des échantillons aussi faibles.
Je retiendrai surtout pour ma part le très beau doublé du domaine Pascal Prunier-Bonheur.
Un grand merci à l’ami Claude et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Jean-Loup