Bonjour Charles,
Ce que tu dis est très important je pense et il convient de le souligner. Je crois que l’environnement gustatif ainsi que le contexte de dégustation sont des paramètres majeurs à prendre en considération lorsque l’on apprécie un vin.
Certains crus souffrent d’être comparés, parfois parce que la comparaison est plus stylistique que qualitative.
Par exemple : comparer un Tertre Roteboeuf avec un Pavie-Macquin me semble logique pour dire si l’un est meilleur que l’autre ; ces deux vins appartiennent à la même appellation, ils sont tous les deux issus de sols plutôt calcaires et faits à partir de merlot. La comparaison « qualitative » semble alors judicieuse, surtout si le millésime est le même.
Par contre, comparer l’un de ces vins avec un Clos Mogador par exemple, est (il me semble) une toute autre démarche… La comparaison est alors stylistique et de ce fait très subjective car encore plus relative aux goûts de chacun !
Lors de cette soirée, Tertre-R a suivi la Clémence. Ces deux vins sont très différents d’une part en raison de leurs terroirs mais surtout en raison de leurs millésimes (1990 VS 2001). Incomparables !
Ceci étant, pour « analyser » ces vins je pense que le dégustateur doit faire fi de cet environnement trompeur, et se remémorer des vins bus comparables à celui apprécié au moment présent. C’est un exercice que je pense très difficile, où la mémoire gustative est mise à contribution et où malheureusement le dégustateur est mis en difficulté. La difficulté vient entre autres du fait que :
-1- Il faut déjà avoir bu ce genre de vins
-2- Il faut se souvenir des qualités ainsi que des lacunes relevées chez ces vins (au souvenir parfois embellis...)
-3- Il faut avoir envie de réfléchir au lieu d’apprécier tout simplement le nectar...
Dans le millésime 90 aujourd’hui à Bordeaux, mes meilleurs souvenirs datant de moins d’un an en vins rouges sont Angelus, Haut-Bailly et Latour, tous notés entre 17 et 18,5
Ces trois vins sont de styles différents certes, mais ils sont je pense assez comparables. Le Tertre-R vient s’ajouter à cette liste, et devance alors Giscours, Pichon Comtesse, les 3 Leoville etc.
Pour moi, en 90, Tertre-R est assez proche de Haut-Bailly, avec peut être une certaine mâche supplémentaire, mais ils ont tous les deux cette précision...
Il est clair que l’environnement du Tertre-R lors de votre dégustation n’a pas été un cadeau pour ce vin,
cependant, j’ose penser que votre flacon n’était pas vraiment représentatif car vous n’auriez pas si mal apprécier ce cru...
Cordialement,