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Mâchons l’mâchon : Saint-Vincent (un pur) abreuve nos gosillons

  • Philippipipourrah
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Sous ce titre énigmatique (et vaguement révolutionnaire) se dissimule l’une des étapes du critérium jurassien couru le week-end dernier sous l’étendard des bien-nommées et désormais célèbres LPViades du vin jaune : le soir du premier jour de cette course de fond (de gosier) qui en comptait trois, le peloton faisait halte aux Jardins de Saint-Vincent, à Arbois, pour une soirée-dégustation conclue par un mâchon, en l’occurrence un grand plateau composé principalement de charcuteries et de fromages : ça tombe bien, ce sont mes légumes préférés.

Nous sommes accueillis avec la bonne humeur et la gouaille dynamiques de Stéphane Planche, qui nous a préparé un petit tour d’horizon des vins du Jura genre update de nos connaissances du vignoble local doublée de surprises visant malicieusement à nous étonner.
Ce sera réussi.

Le maître des lieux commentera magistralement chaque vin, avec juste ce qu’il faut d’anecdotes croustillantes sur leur contexte et leur propriétaire… Une dégustation sympa et très décontractée, sans prise de tête (ni de notes vers la fin).

Arbois Pupillin Trousseau 2007 le Ginglet, Philippe Bornard
On démarre avec un premier vin pas très coloré (si mes souvenirs sont bons). Au début, le nez présente un léger renard qui se dissipera vite. Voilà un vin agréable et frais, plutôt léger, croquant, sur le fruit. Cépage ? Tout le monde a cru que c’était un poulsard, c’était un trousseau (et faites pas cette tête, vous êtes filmés).

Arbois Pupillin Ploussard 2005 la Chamade, Philippe Bornard
L’odeur qui me saute immédiatement au nez, et - ce qui n’est pas fréquent - sur laquelle j’arrive à mettre un nom, c’est… la chair de morbier. On évoque souvent la croûte de comté parmi les arômes, eh bien là c’est la chair de morbier ; et jeune en plus, le morbier. Légèrement gazeux au début, ce vin est moins expressif que le précédent : il est dense, tannique et puissant. À laisser vieillir pour qu’il s’assouplisse un peu.
Tout le monde a cru que c’était un trousseau, c’était un poulsard. Qu’est-ce qu’on s’amuse !

Trousseau Garde Corps 2005, Philippe Bornard
(Bon à partir de là, c’était peut-être la vexe :D, mais j’ai pris moins de notes)
Tiens, on change encore de registre : le troisième vin présente un côté viandé, avec un équilibre et un soyeux en bouche très gourmands. Un pinot noir peut-être, mmh ?... Eh non tout sot, c’est encore un trousseau ! Mais très ouvert, ce coup-ci.

Arbois Pupillin Melon à queue rouge 2007, Emmanuel Houillon
Hé, un vin blanc (ça on arrive encore à identifier...). Au nez, ça se bouscule : menthol, anis, amande, sans oublier une miette de massepain. C’est bon, c’est très frais, c’est un melon à queue rouge. Olé.

Savagnin 2005 La Combe - Jean-Marc Brignot
Ouch ! Incendie de la bouche avec ce cinquième vin : l’acidité volatile qu’il renferme encore le rend carrément brûlant. Pas beaucoup de parfum, pas beaucoup de plaisir avec ce savagnin. Et pourtant Dieu sait si j’adore ce cépage lorsqu’il est tchadorisé, je veux dire : sous voile. A revoir ? Oui mais quand ?

Arbois Chardonnay 1989 Cuvée St Paul, Camille Loye
Le voilà le vin révolutionnaire ! Né l’année du Bicentenaire, il conserve une superbe jeunesse de corps et d’esprit : une belle couleur, un nez confit où se mêlent l’orange, la mandarine et l’anis, une bouche ample, riche et grasse... Trouver une pareille fraîcheur dans un blanc de 20 ans, c’est assez fantastique, et ça montre un joli caractère rebelle à l’embourgeoisement des ans. Hop hop, coup de cœur de la soirée ! (Le 1987 goûté le lendemain se présentera malheureusement beaucoup moins jeune et alerte).

Côtes Du Jura Vin Jaune 1998 de Philippe Butin
Arf, un jaune : oui, mais de cave fraîche, avec ce côté minéral et mentholé typique des Côtes-du-Jura de sa région d’origine (Lavigny, non loin d’Arlay et de L’Étoile). Pas trop mon style de prédilection, je n’en dirai donc pas plus, mais il semble avoir été apprécié par mes compagnons d’armes.

Coteaux de l’Aubance oxydatif 2008 "Foxy Lady", La Grange Aux Belles
Le vin de jardin, vin de pays - La Grange Aux Belles

Je mentionne ces deux vins hors-Jura servis en fin de dégustation, bien que je n’aie pris aucune note dessus. Peut-être que les petits copains de la virée pourront nous en dire plus ?…

:), Philippe
06 Jui 2010 17:34 #1

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Sympathique petite dégustation !

J'aurais simplement une question sur le vin d'Emmanuel Houillon : est-ce vraiment du melon à queue rouge, ou un chardonnay plus "commun" (je parle du cépage, pas du vin !). Je ne savais pas qu'ils avaient du melon à queue rouge dans leurs vignes.

Benny
06 Jui 2010 19:16 #2

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Beau compte rendu plein d'humour. Après la lecture des écrits de chrisdu74 et ceux de son helvète acolyte, je me demande si le jaune ne donne pas un pouvoir aux lettres de ses amateurs Quelle verve messieurs ! bravo pour le parcours, bien sûr, et bravo pour ces récits.
06 Jui 2010 20:16 #3

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Mon dieu mais quel titre! Mais où va-t-il chercher tout ça ?

Pour cette deuxième étape de notre périple, l'idée du jardinier de St Vincent était de nous faire découvrir quelques bouteilles sortant du parcours assez balisé que nous nous étions fixé pour le week-end. Les vins ont été dégustés à l'aveugle.

Un vin rouge très friand, très frais, très rond, avec une belle couleur pétante, presque fluo. Ce trousseau Le Ginglet 2007 de Philippe Bornard est très réussi, dans un registre croquant et gourmand. Très bon à boire maintenant, une sympathique bouteille pour les journées estivales qui approchent, espérons-le, à grand pas.

Une belle robe profonde et brillante, le nez est assez discret de prime abord, avec des notes lactiques. En bouche, une pointe de gaz , et des tannins qui accrochent un peu trop... Le ploussard la Chamade 2005 de Philippe Bornard est un peu difficile en l'état, mais présente un beau potentiel, à revoir dans quelques années.

Le trousseau Garde Corps 2005 du même Bornard a un nez fruité et fumé... Une attaque souple, un bel équilibre et un toucher de bouche très agréable. J'aime beaucoup, très beau trousseau avec là aussi un grand potentiel de garde.

On passe au blanc: un nez très parfumé de pâte d'amande, une impression sucrée... La bouche est pourtant très tendue, fraîche avec des notes végétales et une sacrée acidité en finale... Un melon de Pupillin: le chardonnay 2007 d'Emmanuel Houillon, issu du terroir de Viandrix.

Le cinquième vin présente un nez un peu piquant, un poil oxydatif, du citron, de la poire. Beaucoup de matière en bouche, c'est concentré et long, sur la peau de raisin, la pomme un peu oxydée, mais brûlant en finale. Ce savagnin 2005 la Combe de Jean Marc Brignot, malgré son caractère sec, contient un quart à un tiers de raison touchés par le botrytis, rammassés début novembre sur le Curoulet. Lors de la fermentation alcoolique qui a duré 2 ans, un voile s'est formé. Le résultat est assez étonnant, je ne suis pas convaincu en l'état, à cause de la finale alcooleuse et d'une certaine lourdeur, mais ça peut bien évoluer.

Une belle couleur dorée, un nez entêtant de fruit, la mandarine blette, du grillé, du champignon, un nez rond et complexe... la bouche est très aromatique, élégante, avec beaucoup de volume, de beaux amers et une belle acidité, une finale un peu saline. C'est long et classieux. Ce chardonnay St Paul 89 de Camille Loye, encore jeune, est ma bouteille préférée de la soirée...

Un nez tout en finesse, une bouche bien équilibrée, un oxydatif bien maîtrisé. C'est fin, épicé, un peu minéral, assez vif et frais mais avec tout de même de la rondeur. Joli vin jaune Côtes du Jura 1998 de Philippe Butin, élevé en cave fraîche.

Un OVNI pour finir: Foxy Lady 2008 de la Grange aux Belles, AOC Coteaux de l'Aubance, un chenin sous voile. "Hommage à Jimi Hendriix et Francis Poirel" nous précise l'étiquette. Un nez surmûri, un petit côté médicinal, une pointe d'oxydatif et un peu trop de sucre pour moi.

Pas de note sur le Vin de Jardin, VDP de la Grange aux Belles, un rouge sympa et sans prétention qui a bien tenu son rôle d'accompagnement du mâchon.

Merci à St Vernier pour son accueil chaleureux, ses commentaires éclairés et l'ambiance amicale qu'il sait créer dans son repaire arboisien.

Tophe
"Je préfère le vin d'ici à l'au-delà" (Francis Blanche)
07 Jui 2010 12:25 #4

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Je reconnais publiquement la supériorité de Frère l’Enthousiaste pour les titres de rubrique, je m’incline et dorénavant j’attendrai ses propositions. Je garde sous le coude les CRs des visites et pour patienter, voici ci-dessous le CR du gros de la troupe. J’ai déjà raconté l’ambiance et le contexte dans le résumé du périple, alors j’y vais bille en tête :

CR: Arbois Pupillin Trousseau 2007 le Ginglet, Philippe Bornard

Superbe robe rouge clair, un léger renard au nez qui laisse vite place aux fruits à profusion. La bouche est acidulée, fraîche mais ne manque pas de volume
EXCELLENT, multiGLOU diraient certains :)o:)o

Arbois Pupillin Ploussard 2005 la Chamade, Philippe Bornard

Robe rouge foncée (foncée façon pinot ;) ) , un nez de croûte de fromage masque quelques fruits. En bouche, un léger gaz, le vin est souple, acide, peu expressif finalement. Un peu « dissocié », à l’attaque c’était assez volumineux puis une petite sécheresse semble terminer mais ça repart sur une longue finale épicée.
BIEN

Trousseau Garde Corps 2005, Philippe Bornard

Belle robe rouge foncée (très léger tuilé), au nez du renard plus marqué et des fruits. L’attaque en bouche est franche, vin vif et rond, légère astringence. Vin équilibré, du potentiel, à voir à table.
BIEN+

Arbois Pupillin Melon à queue rouge 2007, Emmanuel Houillon (100% sans soufre)

Nez de massepain, mentholé, surmaturité (façon vins de C.Abbet dans mon référentiel). Bouche fraîche, légère acidité, de la rondeur, des fruits, salin.
-pas noté ?-

Savagnin 2005 La Combe - Jean-Marc Brignot

Robe dorée pâle, le nez est sur la pomme, l’alcool, la peau de raisin et on sent de la complexité derrière.. Attaque en bouche souple, l’acidité apparaît ensuite. Le caractère oxydatif s’efface et laisse place aux fruits dont le pruneau. On sent une matière énorme, de la puissance, l’alcool domine en finale.
( 0 soufre , 25-30% de raisin botrytisé, vinifié en cuve puis 2 ans de fût)
TRES BIEN+

Arbois Chardonnay 1989 Cuvée St Paul, Camille Loye

Belle robe dorée, tirant sur l’orange. Nez de fruits confits, massepain, agrumes confites. La bouche est d’abord discrète mais l’attaque est vive, acidulée virant à l’acide. De la puissance, du gras, alcool et pomme fraîche en finale. Equilibré et élégant.
TRES BIEN+ Quelle jeunesse !

Côtes Du Jura Vin Jaune 1998 de Philippe Butin

Robe jaune pâle, Nez sur la pomme. pruneau et agrumes. La bouche est super équilibrée, belle acidité, longueur et volume. Arômes de pomme fraîche, les notes oxydatives apparaissent au réchauffement.
(Vin Jaune « de cave fraîche »)
BIEN+

Coteaux de l’Aubance oxydatif 2008 "Foxy Lady", La Grange Aux Belles

Robe dorée orangée. Nez de « liquoreux », médicament, légèrement oxydatif. Bouche sucrée
-pas noté-

Le vin de jardin, vin de pays - La Grange Aux Belles
Très beau sur le mâchon, surtout les légumes préférés de Phil, bravo le sommelier

Oui, pour conclure, juste un mot, bravo Stéphane (tu)
08 Jui 2010 22:44 #5

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