Eric Monné écrivait:
> Mais enfin l'explication de Franck est limpide.
> Que ce soit un peu complexe pour quelqu'un qui n'a
> jamais mis les pieds dans une vigne. Jamais goûté
> de l'acide tartrique pur (ou presque). Je peux
> comprendre. Quoique Philippe Barret n'est pas
> vigneron mais a parfaitement compris le ressenti
> de la chose.
>
> Franck nous dit qu'il n'y a pas qu'un acide dans
> le raisin, que le PH est une résultante de
> plusieurs acides, que le travail bio ou biod
> permet d'améliorer à la fois l'intensité, le PH et
> la qualité, complexité des acides. A ce titre
> l'exemple de la purée mousseline vs purée nature
> est tout a fait relevant. Il me semble que tous le
> monde peut comprendre qu'un kilo d'acide tartrique
> acheté dans le commerce n'a pas la même saveur que
> l'acidité naturelle et plus complexe qu'un raisin
> produit naturellement.
>
Non, non et encore non.
Le discours n'est pas complexe, il est nébuleux. On inonde de termes à connotation scientifique, on n'explique jamais à fond et surtout, on ne cite aucune source, aucun chiffre. Bref on s'assied sur les faits, l'expérimentation. Et voilà le problème. Si cette influence du mode de culture est tellement visible dès qu'on met les pieds dans les vignes où sont les chiffres ??? Ils sont secrets, cachés ? Il n'est pas question de ressenti mais de faits. Où sont-ils ? Sur le coup des acides, je trouve que vous prenez les gens pour des cons. Excusez-moi. Je n'ai pas besoin d'être vigneron pour savoir qu'il y a plusieurs acides dans les vins. La comparaison entre purée mousseline et purée nature, je m'excuse, mais c'est quand même symptomatique d'un certain état d'esprit. Et encore une fois, mais à quoi bon, de l'acide tartrique, c'est de l'acide tartrique point. Qu'en plus, on trouve de l'acide malique acerbe, de l'acide succinique très salé et amer, de l'acide citrique etc.... c'est d'un commun fini. Donc, plutôt que d'invoquer l'esprit de Parmentier : des chiffres. Idem pour la nébuleuse minéralité. Des chiffres. Le pire c'est que j'ai ouï-dire qu'il y en a. Des expériences, des tests. Où sont-ils. Mais évidemment le ressenti... On voit clairement dans ce débat que les convaincus ont tous ressenti ces notions. Les autres non. Forcément.
Mais en fait quelle importance a ce débat ?
Plusieurs à mes yeux. On parle de terroir. Pas de bio, bioD ou pas. Mais bon voilà, on se demande (hum) pour quoi on débat de bio/bioD tout d'un coup.
Les implications de ces joutes ?
1. Tendre vers une viticulture respectueuse de l'environnement est primordial tant du point de vue écologique que sanitaire.
2. Savoir si les vins bio sont meilleurs ou plus typiques que les conventionnels est un faux débat. Qu'ils soient aussi bon est suffisant.
3. Cette lutte doit être faite de façon raisonnée, se baser sur une démarche expérimentale (et scientifique) qui seule permet d'avancer, de corriger les erreurs.
4. Si les vignerons bio ont toute mon admiration, ceux en biodynamie m'inspirent le doute. La biodynamie est plus une affaire de croyance que de science. Elle repose sur des principes qui soit sont farfelus (influences de la lune p.e., aïe, je l'ai dit, ca va fuser), soit à démontrer. Cela m'ennuie quand les partisans de ces méthodes diabolisent les autres types de méthodes. Cela m'agace encore plus quand ils essaient de donner un air de vérité scientifique à leur discours. Il n'y a pas de Vérité avec un grand V en Sciences : il y a des théories, des doutes, des remises en question. Il y a l'observation, l'expérimentation, la reproductibilité des résultats. La biodynamie comme la géobiologie, l'homéopathie et même le créationnisme relèvent toutes de la même défiance quant à la science et la même démarche de nature religieuse : Croyez-en la Parole ! laissez-vous inonder par la lumière. Le même recours au "on sait depuis la nuit des temps" le "à en croire la parole des anciens". Ici c'est : si vous avez l'esprit ouvert, vous gouterez très bien que...
5. Le fait de balayer les détracteurs en mettant en doute leurs capacités intellectuelles, leur expérience, leurs connaissances est particulièrement bas mais très symptomatique d'un discours à caractère religieux.
6. Plus particulièrement pour Eric Monné : Aucun détracteur de Franck Pascal, moi le premier n'a jamais dit ce que tu résumes, pas de façon aussi caricaturale et simpliste en tout cas. Jamais. Il suffit de relire attentivement. Pour ma part, je trouve superflu d'en étaler des couches en disant que si, j'ai déjà goûté de l'acide tartrique mais aussi du malique, citrique, lactique, succinique etc. Que faisant des vins de fruits, j'ai déjà modifié en long en large des équilibres et des textures en acidifiant, désacidifiant, en rajoutant des tanins qu'ayant réalisé des vins de différents fruits, les divers acides végétaux je connais. Que je sais tout à fait qu'à ces vins construits il manque quelque chose : pas une âme ou une vibration, mais simplement un équilibre naturel, venant du fruit et reprenant un tas d'éléments que moi je ne peux pas ajouter, une matière.
7.Eric, tu écris : "A force de faire passer les vignerons biio(d) pour des demeurés il se pourrait bien que tu te retrouves tout seul sur ce forum à continuer de nous dire que tu ne comprends pas le mot minéralité, qu'un peu de potasse ne peut pas faire de mal, qu'un peu de désherbant dans les fossés autour des vignes c'est mieux que sans désherbant, que tu travaille presque en bio, etc. " Ah bon, il a écrit ca pile poil Hervé Bizeul ?
Bon après-midi.