Une semaine à l'étang
Du bonheur simple des moments vrais,
Du vrai bonheur des moments simples
Alors que Paris, écrasée sous de flatulentes chaleurs estivales, se vide de ses habitants, c'est le cœur léger et le sourire aux lèvres que je prends la route de la cabane, accompagné de mon désaltèrego favori.
Au tourisme de masse et ses migrations saisonnières, nous substituons les chemins de traverse et une plongée goulue dans la France profonde pour profiter de ses charmes simples et de ses lenteurs apaisantes.
L'étang a été péché au début de l'hiver dernier et se met peu à peu en place la stratégie nécessaire au plein usage entendu par son propriétaire, c'est à dire, à des horizons que l'optimisme courageux qui le caractérise ouvrent avec lucidité, vous poser dans l'assiette dans quelques années de délectables pavés de sandre qui mériteront plus que tout autre le macaron du "fait maison".
A l'auberge de la cabane, on a la religion du bon produit, celui dont la fraicheur de cueillette ou de pêche se compte parfois plus en minutes qu'en heures et où les assiettes ont les saveurs oubliées de la campagne qui vous tend les bras pour peu qu'on sache en lire les signes avant coureurs comme les mérites cachés.
Alors que les kilomètres ont défilé à une vitesse que les conversations entre amis accélèrent irrésistiblement, les couleurs chaleureusement nordiques de la cabane se profilent au loin.
Al' affiche son air tendre et bonhomme sur le pas de la porte.
M'est avis que la semaine qui s'annonce devrait pas faire de malheureux...
On passe à table ?
Florilège de trois jours d'agapes entre amis... ()
Cabillaud, sauce américaine
Domaine Coche Dury, Meursault 1er Cru, Genevrières, 2008
Oliv
Robe très claire.
Nez très serré à l'ouverture, sur des notes de pierre humide et qui ne cessera de gagner en précision et en ampleur aromatique en se détendant dans le verre.
Apparaitront alors de forts jolies senteurs florales et anisés très pures. Ne pas hésiter à carafer !
La bouche est en revanche d'une totale immédiateté, sur une attaque laser dont la morsure acide est immédiatement compensée par une matière impressionnante de puissance et de précision.
L'ensemble est acérée, sur une trame fuselé et dont l'impact sur le palais est assez monumental. L'aromatique est élégante mais gagnera sans aucun doute en complexité avec l'âge.
La finale est géniale de fraicheur et de persistance, sur un équilibre fait de dentelle et de puissance contenue de très très haut niveau.
Un vin véritablement somptueux à l'avenir grand ouvert.
Grand !
Marc
Nez un peu comprimé avec quelques notes métalliques. Une agitation vigoureuse permet l'apparition de fleurs blanches.
La bouche est superbe : la matière est très dense et parfaitement mise en mouvement par une acidité élevée mais parfaitement intégrée.
Cet ensemble traçant déboule sur une finale d'une longueur impressionnante.
Domaine Jules Desjourneys, Moulin à Vent, 2008
Oliv
Robe sur un grenat plutôt sombre.
Le nez est peu avenant, des vapeurs presque acescentes chatouillant les narines et masquant un ensemble fruits rouges à l'élevage assez généreux.
La bouche confirme ces impressions avec une acidité limite vinaigrée qui cisaille la langue et empêche toute perception sereine d'un vin qui proposait pourtant une matière avec du fond.
L'aération ne changera rien à l'affaire, le fond de bouteille contrôlé le lendemain présentant les mêmes défauts.
ED.
Marc
Nez vinaigré, défaut qui ne fera que se renforcer à l'aération.
Bouche sympathique sans plus avec un élevage assez en avant.
Aucun plaisir en l'état mais le défaut de bouteille n'est pas à exclure.
Le lundi à Louhans, c'est marché ! Et tête de veau sur toutes les ardoises !
Maison Chapoutier, Châteauneuf du Pape, Barbe Rac, 1996
Oliv
Robe tuilée plutôt claire.
Nez délicat, agréable, sur des notes d'ovomaltine, d'épices douces et de petits fruits rouges. L'ensemble est fin et plutôt charmeur.
Bouche à l'avenant, sur une acidité haut perchée et une matière douce et fine, déroulant un équilibre très agréable, parfait pour mon pdf.
Les notes d'évolution savent éviter tout effet de sénilité en conservant du fruit autour de notes plus tertiaires (tabac, pot pourri, épices).
La finale est très agréable, d'une grande aisance, sur des saveurs franches et délicates.
Vraiment un très joli vin !
Marc
Joli nez complexe tabac blond, fruits rouges et épices.
Bouche fondue avec un joli touché soyeux. Le vin joue plus dans le registre de la finisse que de la puissance et cela lui réussit plutôt bien.
Finale très persistante sur l'aromatique du nez.
Bilan de la journée de pêche !
Domaine Pattes Loup, Chablis, Vent d'Ange, 2012
Oliv
Robe jaune paille.
Très joli nez compromis de notes minérales et grillées très légères et de belles senteurs de fruits blancs (poire) et agrumes qui tireront sur l'exotique à l'aération.
L'attaque est marquée par une très belle acidité qui lance bien le vin mais survient alors et à mon plus grand désappointement une sucrosité nette dont je me demande bien ce qu'elle vient foutre au milieu de mon Chablis !
Fort curieusement, l'équilibre en devient totalement bancale, avec un côté suret et malgré une aromatique agréable, sur les fleurs blanches, le fenouil et toujours cette touche légèrement exotique, la finale totalement sucraillonne me déplait beaucoup.
Vin instable totalement illisible pour moi sur cette bouteille alors que j'avais adoré cette cuvée lors de notre passage au domaine.
A revoir pour trancher.
Marc
Le nez propose un mélange de fruits exotiques et de notes plus chablisiennes.
La bouche est un poil violente assez riche. L'ensemble fait un peu éparpillé mais on sent un potentiel certain. Des notes anisées se font également sentir en milieu de bouche.
Finale correcte.
J'ai plus apprécié que mes camarades bien que le vin se soit un peu présenté façon "saut du lit".
Maison Chapoutier, Ermitage, Les Greffieux, 2005
Oliv
Robe sombre sans trace d'évolution.
Nez classieux, dense et profond, sur les fruits noirs frais, un enrobage épicé du plus bel effet, avec un petit côté sérieux.
La bouche est à l'avenant, puissante, sur une matière noble et énergique, d'une grande présence tactile dont on sent qu'elle doit encore se fondre et s'apaiser pour gagner en ampleur et en évidence. L'acidité est remarquablement bien intégrée et la maturité parfaite, sans aucun excès autre qu'une forme de jeunesse encore un peu tonitruante à mon goût.
La finale sur les fruits noirs et les épices reste marquée par une présence tannique qui mérite la garde pour mieux s'intégrer.
Une belle bouteille plein de fond, à attendre encore à mon goût.
Marc
Nez ouvert sur un mélange de fruits rouges et noirs, léger élevage.
Bouche puissante, volumineuse avec une attaque de velours. Le vin, fougueux, a une présence qui ne passe pas inaperçue. La finale est plus serrée mais d'une longueur remarquable.
Encore un peu brut de décoffrage mais déjà une très belle bouteille pour ceux équipés d'un PDF pas trop sensible!
Domaine Albert Boxler, Alsace Grand Cru Sommerberg "D", Riesling, 2008
Oliv
Robe très claire.
Nez ouvert, très agréable, sur des notes de fruits exotiques, de miel, de citron confit et sur un fin pétrole.
La bouche est magnifique, parfait compromis entre un corps concentré et une acidité vertébrale splendide. L'ensemble produit est brillant de puissance et de parfaite maitrise, le volume large du vin ne versant jamais dans le déséquilibre grâce à son énorme tension.
Le vin est précis, dense, irrésistible de volume et de persistance aromatique, sur les agrumes et des notes terpéniques et minérales très élégantes.
Finale grandiose d'impact et qui se prolonge longtemps.
L'évidence incarnée du grand vin !
Marc
Nez très intense sur des notes terpéniques et d'agrumes
Bouche fuselée, dense. C'est d'une incroyable énergie et d'une précision redoutable.
Finale explosive, salivante, d'une longueur remarquable.
Pfiou quel vin !
Domaine Armand Rousseau, Chambertin Clos de Bèze Grand Cru, 2003
Oliv
Robe sombre.
Nez sérieux et manquant un peu de charme, sur les fruits noirs (coulis de mûre) et un boisé épicé assez net. L'aération dans le verre révèle des notes bizarres de terre humide, presque de champignons.
La bouche est charnue et concentrée, avec une puissance et une suavité certaine. Les tanins sont gras et bien intégrés mais l'aromatique reste assez austère, comme statique et sans grande complexité.
La finale est presque ferme, sur sa concentration structurelle.
Le chef, qui connait parfaitement la maison, pince du nez et n'est pas satisfait du niveau de cette bouteille, envisageant un défaut..
Force est de constater qu'on est loin du charme du
Clos St Jacques
du même millésime...
A revoir pour trancher !
Marc
Nez de pinot encore jeune sur les fruits noirs. Une note de vieux bois légèrement présente à l'ouverture se renforcera avec l'aération.
L'attaque est souple et ample avec une très belle texture. Le vin paraît manquer d'un peu de ressort pour se relancer à partir du milieu de bouche grévant la profondeur de l'ensemble.
Belle finale.
Au final un beau vin mais à la vue de l'étiquette on reste un peu sur sa faim. Possible défaut ?
Alors que je dépose Marc à la bucolique gare de Tournus afin de le rendre à un tortillard qui le ramènera vers Paris, sa petite famille et des vacances estivales bien méritées, je ne peux m'empêcher de constater combien les beaux moments filent à la lumineuse vitesse de l'amitié, celle que les physiciens n'ont pas encore réussi à mettre en équation.
La semaine va passer vite, je le sens...
Oliv