Cette fois nous commencerons par la fin, puisque le domaine Langoureau aura été la dernière dégustation du désormais traditionnel périple bourguignon automnal de LPV75. C’est toujours un grand plaisir de retrouver Nathalie et Sylvain Langoureau qui nous accueillent dans une cave très très bien remplie. Si le millésime 2017 avait déjà été satisfaisant en volume (pour la qualité, nous verrons qu'il n'y a pas non plus à se plaindre....), après de nombreuses années de vaches maigres (notamment 2016), le millésime 2018 l’a été encore un peu plus, notamment pour les vignes sur Chassagne. Je crois me souvenir d’un rendement aux alentours de 45 hl/ha sur Saint-Aubin, qui aurait pu être bien plus important sans un ébourgeonnage « sévère ». Malgré l’été très chaud et sec, la vigne n’a pas trop souffert grâce aux réserves d’eau liées aux fortes pluies du printemps (peut-être un peu plus sur les terroirs avec beaucoup de cailloux et de roche où les racines ont plus de mal à "plonger"). Le fait pour le Domaine d’avoir des vignes relativement âgées peut aussi d’expliquer cette bonne résistance à la chaleur et la sécheresse. Les vendanges ont commencé le 1er septembre en 2018 et le 2 septembre en 2017. C’est ce millésime 2017, mis en bouteille fin août, que nous allons déguster (que des blancs sauf les deux derniers). A noter que Nathalie et Sylvain Langoureau ont pour oenologue Sylvain Pataille.
Bourgogne Aligoté :
Nez sur la poire et les agrumes, touche saline ; en bouche, l’attaque est assez ronde, mais la vivacité arrive rapidement sur des notes citronnées, finale avec du peps.
Chassagne-Montrachet Les Perclos :
Nez sur des notes de citron un peu confit, avec une pointe fumée ; bouche ronde à l’attaque, avec d’abord des notes de poire ; davantage sur les notes citronnées en fin de bouche avec une finale salivante.
Chassagne-Montrachet Les Pierres :
Nez très fin et relativement discret, minéral, avec quelques notes de poire bien mûre ; en bouche, c’est tendu dès l’attaque, avec une belle fraîcheur ; on retrouve des notes de « cailloux », avec un fruit en retrait, finale traçante et salivante ; davantage de tension que sur Perclos ; tout à fait à mon goût….
Sur les derniers millésimes, j’ai trouvé que c’est sur 2017 que les deux Chassagne-Montrachet se goûtaient le mieux.
Saint-Aubin village (assemblage de parcelles ; élevage 2/3 fûts / 1/3 cuve) :
Nez floral, notes de fruits blancs ; attaque douce et fruitée ; il n’y a pas énormément de densité et de tension, mais une belle acidité qui apporte de la fraîcheur en finale.
Saint-Aubin 1er cru Sur le Sentier du Clou :
Nez bien ouvert, assez puissant, donnant une sensation de fruits à parfaite maturité ; la bouche est ample, avec une matière qui tapisse bien le palais, un petit peu de gras ; il y a ensuite une belle relance en fin de bouche, avec de la tension ; finale nette et fraîche ; c’est très bon.
Saint-Aubin 1er cru En Remilly :
Nez très présent et charmeur, des notes florales, un mix de fruits blancs et de citron bien mûr ; la bouche n’est pas en reste : c’est ample, avec beaucoup de fruit et des notes crayeuses qui « accrochent » un peu dans les joues ; de la tension et une longue finale citronnée et saline très persistante. Très très bon.
Saint-Aubin 1er cru Les Frionnes :
Nez très discret, en retrait, quelques toutes petites notes de fruits blancs ; bouche assez stricte, citronnée et très tendue ; pour l’instant, c’est fermé… contraste saisissant après Remilly !
Saint-Aubin 1er cru Le Champlot :
Nez très floral, quelques notes salines ; en bouche l’attaque est ronde puis le vin file… peut-être un peu trop vite ; c’est équilibré, mais avec un « petit » volume et une structure légère ; finale très salivante.
Saint-Aubin 1er cru Bas de Vermarain à l’Est :
Très joli nez fin et complexe, il y a de la poire, des notes citronnées et une touche florale ; en bouche, il y a du volume et de la structure, un peu de gras et de la tension ; c’est très équilibré et profond ; finale très persistante, légèrement épicée. Excellent et, une nouvelle fois, ma cuvée préférée, dans un registre peut-être un peu moins "froid" que sur certains millésimes précédents.
Saint-Aubin 1er cru Sur Gamay (nouvelle cuvée et c'est bien du chardonnay...) :
Nez « pointu », très citronné, avec une légère note fumée ; la bouche est fraîche et légère ; moins de volume que sur Remilly ou Bas de Vermarain ; finale citronnée et légèrement « crayeuse ».
Puligny-Montrachet 1er cru La Garenne :
Nez bien ouvert, séducteur, très fruité (fruits blancs et jaunes) ; la bouche est ronde, avec du volume et un fruit bien mûr et persistant ; de la fraîcheur en finale ; si l’ensemble est charmeur et déjà très accessible, cela manque peut-être un peu de profondeur et de complexité (mais c’est très jeune…).
Puligny-Montrachet 1er cru Les Chalumaux :
Nez ouvert et fruité mais que j’ai trouvé un peu « mou » ; en bouche, en revanche, il y a du peps, du volume et de la fraîcheur ; finale très fruitée et salivante, avec une note d’amande (plutôt pâte que verte).
Meursault-Blagny 1er cru La Pièce sous le Bois :
Nez fin et profond, belles notes de poire, un peu d’agrumes et une touche florale ; belle texture en bouche, c’est délicat, avec des notes crayeuses « sous » le fruit et une acidité qui « porte » bien le vin ; un registre plus frais et élancé que les Puligny, davantage à mon goût.
Bourgogne rouge Hautes-Côtes de Beaune :
Panier de fruits rouges frais au nez (groseille, framboise), petit côté bonbon acidulé ; bouche légère, sans accroche, c’est friand, gourmand et très digeste ; un joli petit canon.
Chassagne-Montrachet village (rouge) :
Là encore, beaucoup de fruit au nez, encore plus éclatant que sur le Bourgogne, dans un registre un peu plus « noir » (sureau), avec une petite note de ronce ; bouche dense, qui déborde de fruits, avec de la structure et une très légère accroche juste comme il faut pour les PDF ; très haut degré de buvabilité : glouglouglou… pour 13,70 € !
Au final, un très beau millésime 2017 (à des prix qui restent très très doux : 18 € pour tous les premiers crus de Saint-Aubin, 31,80 € pour les premiers crus de Puligny et Meursault-Blagny) : pour les Saint-Aubin 1er crus, je place sur le podium Bas de Vermarain Est, En Remilly et Sur le Sentier du Clou (nous n’avons pas goûté Derrière chez Edouard, déjà épuisé….). Mention spéciale également au Chassagne rouge pour sa buvabilité assez irrésistible (je ne sais pas si la caisse aura le temps de descendre jusqu’à la cave !).
S’agissant des blancs, la dégustation confirme nos impressions des autres domaines visités (CR à suivre) : de très beaux équilibres, avec à la fois un fruit bien mûr (mais pas confit) et de belles acidités ; cela se traduit souvent par des attaques en bouche assez rondes, charmeuses, mais avec ensuite de la relance, de la densité et de la tension.
Un très grand merci à Nathalie et Sylvain pour leur accueil, leur gentillesse, leur passion et leur générosité. Fort heureusement, la démesure et la folie des prix n’ont pas encore atteint toute la Bourgogne….
Paul